Ryoma Vol.1 - Actualité manga
Ryoma Vol.1 - Manga

Ryoma Vol.1 : Critiques

Bakumatsu Kyousoukyoku Ryoma

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Avril 2017

En 1853, alors que le Japon est enfermé dans sa politique d'isolement, la marine américaine approche des côtés avec les "bateaux noirs" du Commodore Perry. Alors jeune samouraï de 19 ans venu de Tosa jusqu'à la capitale Edo en tant que disciple de l'école de sabre Itto-Ryû, Ryôma Sakamoto assiste à l'arrivée de ces navires forçant le Japon à s'ouvrir à l'Occident. Pour lui, c'est le déclic : fasciné par ces bateaux, il imagine toutes les possibilités qui l'attendent pour créer un Japon moderne. Il participera alors à renverser le vieux Shogunat Tokugawa, au gré de nombreuses rencontres.

Masaya Hokazono est un auteur déjà connu en France pour bon nombre de titres : Inugami, Emerging, Girlfriend, Manga of the dead, Freak Island... mais aussi Insomnia et Hurlements déjà parus aux éditions Black Box. Surtout réputé pour ses récits à tendance horrifique, le mangaka ne s'arrête toutefois pas à cela, et propose avec Ryôma le tout premier titre historique de sa carrière. Parue au Japon en 2010 sous le nom Bakumatsu Kyousoukyoku Ryoma, cette courte série en trois tomes propose en effet de suivre le parcours d'un nom bien connu de l'Histoire du Japon : Ryôma Sakamoto, l'un des plus importants partisans du renversement du shogunat Tokugawa pendant la période Bakumatsu, et ayant donc contribué à faire entrer le Japon dans l'époque moderne après plus de deux siècles de politique isolationniste.

Véritable icône en son pays, Ryôma Sakamoto a déjà vu son parcours bien souvent adapté dans son pays : séries, films, mangas, romans... Face à tout ça, Hokazono semble donc avoir délibérément choisi d'aborder les choses sur un ton différent, et cela se ressent très vite à la lecture, qui ne se prive pas d'offrir une ambiance très vive, positive et humoristique.
Ainsi, le Ryôma de Hokazono se veut plutôt extravagant : il fonce toujours tête baissée et avec une certaine insouciance comme peuvent le faire bien des héros de shônen, n'hésite pas à dire les choses cash y compris devant des ennemis dont il se méfie à peine, se met régulièrement dans des situations délicates et maladroites... En réalité, on est pour l'instant loin d'avoir le personnage historique charismatique auquel on pouvait s'attendre, ce qui pourra plaire autant que déplaire selon ce que vous attendez de la série. En tout cas, le mangaka offre une vision du personnage qui, tout en restant assez fidèle aux grandes lignes historiques, a le mérite d'être un brin originale. Et il ne s'arrête pas à Ryôma, car d'autres personnages historiques pourront apparaître tout aussi décalés aux yeux de certains lecteurs, notamment Katsura Kogorô qui se travestit, ou Saigo de Satsuma qui semble avoir des éléments dépressifs (en plus d'avoir des yeux énormes).

Au fil de ces quelques petites fantaisies où l'auteur reprend un peu à sa sauce certains personnages, on a un récit qui a le mérite d'être entraînant et d'aller vite, la façon d'aller toujours de l'avant de Ryôma étant une bonne aide pour ça. On n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer tandis que notre personnage principal enchaîne diverses rencontres et croise plusieurs courants en quête d'ambitions... mais ce rythme, cette rapidité ont néanmoins un revers de la médaille : le contexte historique est en réalité relativement peu dépeint. Certaines situations sont peu expliquées, certains visages importants sont trop vite aperçus... Si vous connaissez déjà un peu le contexte de l'époque, cela ne devrait pas vous poser de problème. Par contre, si vous comptiez sur ce titre pour découvrir le personnage de Ryôma et cette période si importante de l'Histoire du Japon, sachez que le manga de Hokazono n'est pas l'idéal. On saluera tout de même le gros effort fourni par le traducteur Fabrice Renault et par l'équipe pour ponctuer la lecture de notes bien utiles afin de préciser certaines choses.

Tandis que Ryôma ne cesse d'affirmer ses rêves, ses désirs de modernité et ses objectifs (sauver le Chôshû, par exemple), on reste surtout intrigué par la toile de personnages qui se tisse autour de lui, bien que comme déjà dit ces personnages soient rarement vraiment approfondis. Hijikata, Shinsaku Takasugi, Ôkubo Ichizô, Nakamura Hanjirô... sans oublier Thomas Blake Glover, qui pourrait amener un angle de vue intéressant par la suite.

Sur le plan visuel, les habitués de Masaya Hokazono le savent déjà : l'auteur est loin d'être un dessinateur exceptionnel, et a toujours conservé un style assez old school jouant avant tout sur l'expressivité des personnages. De ce côté-là c'est efficace, par contre il ne faut pas s'attendre à des merveilles concernant les décors d'époque : quand ce ne sont pas des photos, c'est généralement assez vide, voire trop vide parfois (comme en début de tome, où les bateaux censés voguer sur la mer sont sur un fond blanc, donnant un peu l'impression qu'ils sont dans le ciel...). Néanmoins, un bel effort a été fait le le design des bateaux noirs.

Sans être le titre historique que l'on attendait forcément, ce premier volume est une lecture plutôt prenante et rythmée, à condition d'accepter les limites visuelles de l'auteur et de déjà connaître un peu le contexte.
Black Box livre une édition plutôt agréable. En dehors de la traduction déjà évoquée, on a un papier plaisant à prendre en main, souple et sans transparence. La qualité d'impression est honnête, les choix de police assez travaillés pour coller aux différences de tonalité.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction