Ma vie dans les bois Vol.1 - Actualité manga
Ma vie dans les bois Vol.1 - Manga

Ma vie dans les bois Vol.1 : Critiques

Manga Shinshirakawa Genjin Upa!

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Août 2017

Le mangaka Shin Morimura a beau n'avoir jamais été publié en France avant cette année, il profite déjà d'une carrière très prolifique, avec déjà lus de 35 ans d'activité (il a débuté en 1981) et plus de 80 volumes reliés à son actif. Mais au bout de cette carrière riche, son plus ambitieux projet semble seulement avoir commencé il y a quelques années. Las d'être toujours assis derrière son bureau sans autre objectif que d'avoir de quoi survivre en société, l'artiste s'est lancé dans un nouveau projet de série on ne peut plus atypique : partir vivre dans la montagne, sans eau courante ni électricité, et raconter son nouveau quotidien en manga !


Si ma vie dans les bois a débuté sa publication chez Kodansha dans le magazine Morning en 2015, en réalité le projet est beaucoup plus vieux que ça. L'idée remonte à 2005, et la nouvelle vie de l'auteur a démarré à peine quelques mois plus tard. En 2014, alors qu'il avait 55 ans, cela faisait déjà 8 à 9 ans qu'il était parti se réfugier dans les montagnes près d'une petite ville de la préfecture de Fukushima avec sa chienne Hime, puis quelque temps plus tard rejoint par son épouse.


Le souhait de Morimura au départ de cette nouvelle orientation de vie est simple : renoncer à une vie basée sur trop de choses matérielles et sur l'argent, s'éloigner de la société de consommation pour bâtir sa vie en autarcie idéale, avec la satisfaction d'être réellement libre. Se créer une vie confortable et heureuse loin du monde capitaliste, en se suffisant à soi-même et en se contentant du strict nécessaire sans jamais être malheureux pour autant. Mais évidemment, arriver à tout ça demande de nombreux efforts, encore plus pour un homme d'âge mûr comme lui qui n'avait jamais vraiment rien fait de ses dix doigts avant. Et dans ce premier volume, au fil de 20 courts chapitres pour environ 140 pages de lecture, ce sont ses premiers pas vers cette nouvelle vie que l'auteur nous invite à suivre.


Trouver le bon endroit, découvrir l'endroit, mieux appréhender la géographie des lieux et de la végétation, niveler et aplanir le terrain avec patience, puis bâtir sa maison de ses propres mains étape par étape... sont autant d'épreuves que le mangaka nous raconte avec une certaine minutie, en entrant volontiers dans quelques détails, et il semble difficile de ne pas se prendre d'intérêt très vite par son récit.


Evidemment, son manque d'activité sportive et d'expérience se ressent, il se perd, se blesse, est obligé de dormir dehors. Il ne savait rien faire, n'avait aucune connaissance en exploitation de terrain ou en défrichage, n'avait aucun outil, et a également dû comprendre qu'au départ, vivre en complète autarcie et sans se reposer un peu sur les acquis de la civilisation étaient impossibles (il doit quand même acheter des outils, ainsi que des repas). Mais on le voit évoluer, faire des efforts constamment même quand les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu, et ne pas renoncer, ne serait-ce que pour ne pas se ridiculiser face à son épouse Miki, restée en ville mais venant le voir régulièrement pour observer l'évolution des choses. Mais à force, il apprend, expérimente, gagne en expérience (et en muscle !), découvre nombre de choses (utiliser l'armoise pour se désinfecter, profiter de lever du matin sous les chants des oiseaux, faire attention aux guêpes et autres dangers dans cette forêt qui a été préservée de toute activité humaine pendant 30 années...), revient à des fondamentaux (se fondre dans les lois de la nature, prier pour les arbres qu'il coupe...)... Si bien que peu à peu il parvient, par sa seule personne, à bâtir son petit monde à lui (et à sa femme qui viendra le rejoindre plus tard), aucunement façonné par les valeurs des autres.


L'auteur lui-même est surpris de sa témérité et de ce qu'il est capable de faire, et tandis qu'il ne peut que nous impressionner, c'est avec beaucoup d'intérêt qu'on le voit "revivre", d'autant qu'il adopte un style très accessible et positif : dessin assez simple (mais avec des décors naturels parfois très riches) pouvant plaire à un large public, nombreuses notes d'humour pas toujours très fines (surtout quand ça parle de déféquer) mais communicatives car très franches et naturelles, notes d'humanisation de la chienne Hime qui sont plutôt amusantes...


On se laisse facilement emballer par cette expérience de vie remarquable et ayant beaucoup de leçons à véhiculer sur une vie plus saine et éloignée de nombre d'errances actuelles, d'autant que le mangaka est également très bavard dans ses mots d'auteur où il se livre et où il offre de nombreuses photos de l'avancée de ses travaux... Les images où l'on voit la construction de sa maison progresser peuvent laisser sans voix, quand on a conscience qu'il l'a faite tout seul.


L'édition livrée par Akata est impeccable. Le titre français est aussi simple que pertinent quant au contenu, le logo est bien travaillé, et à l'intérieur on a droit à un papier et une impression très honnêtes, à une traduction très limpide et bien dans le ton de Tetsuya Yano, et à un travail d'adaptation et de lettrage très soigné de Nathalie Bougon et Florent Faguet.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs