Love stories Vol.1 - Actualité manga
Love stories Vol.1 - Manga

Love stories Vol.1 : Critiques

Koi monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 31 Août 2017

Critique 2


Hasegawa, lycéen, se rend compte assez rapidement qu’un de ses camarades de classe, Yoshinaga est gay. En effet, Yoshinaga regarde toujours en cachette Kyôsuke, son amour à sens unique. Pour réussir leurs futurs contrôles, un groupe de révision se crée parmi les élèves et Hasegawa ainsi que Yoshinaga vont en faire partie. C’est ainsi qu’ils vont devenir amis puis confidents.


Hasegawa est un lycéen bien intégré. Il a de bons amis et même une petite amie. Très vite, il se rend compte qu’un de ses camarades de classe, Yoshinaga est amoureux d’un de ses amis. La vie au lycée fera que Yoshinaga et Hasegawa les rapprochera et ils deviendront amis. Dans ce premier volume, Tagura Tohru décide de prendre son temps et de nous faire passer des messages sur les vécus d’adolescent ayant une sexualité différente de la normalité. A travers Hasegawa, l’auteur nous livre les questionnements que peut avoir un adolescent découvrant l’homosexualité de l’un de ses amis.  Hasegawa pourrait vite changer son comportement vis-à-vis de Yoshinaga du fait qu’il connait son secret. Mais finalement, ses réflexions le mènent à la conclusion que Yoshinaga est un jeune homme comme lui devant faire face à encore plus de difficultés en amour liées à son orientation sexuelle. A l’écoute, il devient un véritable confident pour Yoshinaga, qui se sentira un peu moins seul pour affronter ses obstacles. En effet, Yoshinaga est assez passif dans sa vie sentimentale. Même s’il a accepté qu’il ne tombe amoureux que des hommes, il n’ose pas le vivre au grand jour et même son meilleur ami n’est pas au courant. Le regard des autres et de la société le pèsent énormément ainsi que la peur d’être rejeté. L’auteur à travers ces deux adolescents pointe du doigt les difficultés auxquelles doivent faire face les personnes différentes de la majorité au niveau de leur sexualité. Même si certaines personnes sont tolérantes et compréhensives, vivre au grand jour son orientation sexuelle peut faire peur et entrainer une mise à l’écart dans un groupe. Avec tout cela, nous oublions presque que nous sommes dans une romance. En effet, l’auteur se concentre plus sur les réflexions psychologiques. Même si Yoshinaga et Hasegawa deviennent proches, nous sommes encore loin d’une histoire d’amour.


Concernant les graphismes, l’auteur nous dessine des personnages aux trait fins et harmonieux. Les visages sont agréables et dégagent de la douceur même si nous pouvons voir quelques défauts au niveau des proportions entre le cou et la tête. Les trames et les décors sont également bien utilisés permettant de mettre en valeur le récit. Quant à l’édition, elle est de bonne qualité.


Ce premier tome est plus axé sur la place de l’homosexualité dans la vie d’un adolescent de tous les jours ainsi que de réussir à trouver sa place avec ses amis. Difficile de faire un coming-out au risque de perdre les personnes qu’on aime et de se retrouver seul. Même si l’histoire sentimentale est peu présente, nous sommes quand même touchés par ce que ressent Yoshinaga et sa manière de faire pour éviter de blesser qui que ce soit.


Critique 1


Lycéen partageant son temps entre ses amis et sa petite amie Mayu, Yuiji Hasegawa est un adolescent comme il en existe tant d'autres. Un peu insouciant, encore immature, mais se posant pas mal de questions, et hétéro. Pourtant, son quotidien risque d'être un peu bouleversé quand il apprend accidentellement que  Yamato Yoshinaga, un camarade de classe qu'il ne connaît pas spécialement, est gay, et qu'il semble avoir des vues sur son meilleur ami Kyôsuke. Observant alors cet ado secrètement homo enfoncé dans un amour impossible, il va être amené à faire sa connaissance, car ils en arrivent à faire partie du même groupe de travail. Entre découverte de l'autre et soutien, une relation amicale se noue peu à peu.

Officiant en tant que mangaka professionnelle depuis 2008, Tohru Tagura fut jusque là surtout cantonnée à des histoires courtes, mais a pour intérêt de ne pas se limiter au boy's love (et plus spécifiquement au shonen-ai). En effet, cette artiste s'est également illustrée dès le début de sa carrière dans le registre du shôjo et témoigne alors d'une certaine ouverture. Cette ouverture, on la retrouve dans Love Stories (Koi Monogatari en Japonais), sa première série longue qui, de façon totalement soft, s'applique sur son premier tome à dépeindre avec beaucoup de réussite les tourments qui peuvent habiter un adolescent homosexuel en pleine période du lycée.

D'emblée, l'intelligence de la mangaka est de nous faire découvrir Yoshinaga par le biais de Hasegawa. Ainsi, tout le premier chapitre nous place du point de vue de ce lycéen hétéro et ayant une copine, qui ne sait pas trop comment réagir en apprenant l'homosexualité de son camarade. Une situation qui, même si les moeurs évoluent doucement, est encore très vraie de nos jours. Les premières pensées de Hasegawa sont très parlantes : il aimerait ne pas avoir à le fréquenter, il craint que ce garçon se rapproche trop de son meilleur ami Kyôsuke. Et sur le coup il aurait même peur, s'il était son ami, qu'il le regarde de façon amoureuse... Mais au-delà de ses tout premiers préjugés, Hasegawa a surtout une grande qualité qu'il va rapidement montrer : l'acceptation. A partir du moment où Yoshinaga se retrouve dans le même groupe de travail que lui, il va apprendre à le connaître, lui parler, communiquer tout simplement, et pouvoir cerner peu à peu ce garçon.

"C'est pas les filles qui font battre mon coeur. C'est comme ça."

Dès lors, la narration de Tagura, intelligente, pourra ensuite alterner les points de vue, nous faisant tour à tour suivre le ressenti de Hasegawa qui apprend à découvrir et comprendre Yoshinaga, et les pensées de Yoshinaga en tant qu'homosexuel qui se découvre encore et dont les tourments sont nombreux. Via cette narration bien construite, la mangaka place ses deux personnages principaux sur un pied d'égalité, et peut alors en profiter pour aborder son sujet en profondeur et sous des angles bien différents, le motif principal étant le regard des autres.
Dans une ambiance très quotidienne et assez posée, ponctuée d'événements scolaires comme le sport et les révisions, c'est au jour le jour que la mangaka dévoile ses personnages et leurs évolutions. En trouvant un garçon hétéro comme Hasegawa qui est à son écoute, qui se place comme un confident et qui se met à le soutenir en ne dévoilant rien de son secret, Yoshinaga se dévoile plus, montre plus ou moins ce qu'il ressent au fond de lui : la peur d'être rejeté et incompris (surtout dans un milieu aussi restreint que le lycée, où l'on peut être très vite fiché) ce qui fait qu'il garde ça pour lui (même à Seki, son meilleur ami, il n'a jamais osé dire la vérité), paradoxalement la crainte de paraître faux en ne se révélant pas aux autres, le sentiment de ne pas être normal et de faire partie d'une minorité, l'impression d'être perdu et hésitant sur ses désirs, les pensées contenues face à des petites remarques involontairement blessantes (comme quand il dit dans sa tête qu'il n'a pas choisi d'être homo, après une blague maladroite d'un autre garçon)... Heureusement, au-delà de Hasegawa, Yoshinaga a un autre soutien, son amie et confidente Natsumi Shibata, adolescente extrêmement bénéfique à qui il peut facilement tout confier. Puis il fera plus tard une autre rencontre importante en la personne de Sakura, un autre lycéen gay d'un autre lycée, qui a une tout autre manière que lui de gérer son homosexualité... Mais pour lui, Hasegawa a la particularité d'être un garçon hétéro qui l'accepte tel qu'il est.

"Il faut que j'arrête d'espérer être normal un jour."

Mais l'aspect bénéfique de leur amitié va dans les deux sens, et Hasegawa, en découvrant à la fois certains tourments profonds de Yoshinaga et le sérieux de ses réflexions sur ses sentiments, risque de changer lui aussi un peu. En effet, il a beau avoir une petite amie en la personne de Mayu, le jeune garçon reste très incertain, ne se présente pas comme le petit ami idéal, est tout simplement encore immature et pas assez sérieux, et risque d'en prendre un peu plus conscience.

Avec sa narration sobre et son application dans l'approfondissement de ses personnages, Tohru Tagura développe un style qui se veut mûr et réaliste, et cela se ressent jusque dans ses personnages secondaires, variés, crédibles, et où la présence féminine joue elle aussi un rôle important, comme elle le ferait dans la réalité. Il ne faut pas s'attendre ici à de grandes envolées sentimentales sou autres, mais bien à un récit posé qui chercher à dépeindre avec justesse et finesse la situation des personnages. A ce ton s'ajoute un style visuel d'orfèvre, avec des personnages fins et crédibles, une belle précision dans les encrages, et des décors soignés se basant sur des choses réelles (l'artiste avoue avoir mélangé des éléments de son ancienne école et de sa ville natale).

Servi dans une édition de très bonne facture (première page en couleur, papier assez épais et souple, excellente impression chez Aubin, traduction soignée de Margot Maillac), Love Stories s'offre un excellent démarrage, qui cherche à aborder avec beaucoup de justesse et de réalisme le ressenti et les tourments que peut avoir un adolescent homosexuel dans ses années lycée, notamment à travers les yeux de son ami hétéro. En cela, on a bien envie de ranger précieusement cette lecture aux côtés du Mari de mon frère, paru aux éditions Akata.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs