Innocent - Rouge Vol.1 - Actualité manga
Innocent - Rouge Vol.1 - Manga

Innocent - Rouge Vol.1 : Critiques

Innocent Rouge

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 16 Mai 2017

Alors que la première saison « Innocent » s’achevait fin deux-mille-seize dans l’hexagone, il y avait de cela d’ores et déjà une année que la seconde saison « Innocent Rouge » paraissait dans l’archipel. Aussi, après n’avoir craint que la suite ne parvienne jusqu’ici, là voici néanmoins fièrement portée parmi nos chers étalages. Et c’est non sans un certain émoi qu’il est repris des nouvelles de la plus imminente des familles de bourreaux de toute l’histoire de France.

Après s’être attelé, lors de la première saison, à l’émergence de ses deux fétiches protagonistes aux antipodes que sont Charles-Henri et sa petite sœur Marie-Josèphe, l’auteur semble vouloir désormais irriguer les graines de la révolution : ce théâtre au sein duquel Charles-Henri Sanson fera tomber le millier de têtes. Lui, cet exécuteur des hautes œuvre au service du roi.

Avant de débuter cette deuxième partie, Shin’Ichi Sakamoto s’était accordé une courte pose afin, notamment, de travailleur son trait ainsi que de faire quelques recherches historiques. Certes, les planches sont toujours autant belles voire saisissantes mais, à moins d’avoir l’œil magistralement aiguisé, il pourra paraître prétentieux d’en déceler une amélioration criante. Peut-être est-ce la mise en scène qui aura un brin évolué davantage : plus fluide, plus évocatrice ; comme ces échanges de langues et de doigt repoussoir en pages quarante-huit et quarante-neuf. Les figures de style graphiques sont toujours aussi osées, mais moins présentes semble-t-il. Le travail de contraste dans les jeux de noir et de blanc demeure, qu’il s’agisse de faire ressortir une beauté particulière – lèvres d’abîmes sur peau maculée – ou de mettre en exergue une atmosphère sale et oppressante – le jeune enfant Henri recroquevillé dans l’ombre –. 

L’histoire avance à grands pas ; un brin trop vite ? Le personnage de Robespierre s’esquisse un zeste. Les foules galvanisées du tiers état n’en peuvent plus de voir ces nantis. La rupture entre ce peuple plein de pauvreté et une noblesse opulente semble plus que consommée. Charles-Henri Sanson apparaît tel le bras de la justice d’un monde à la renverse. Marie-Josèphe poursuit sa danse vengeresse. Un volume particulièrement axé autour du jeune garçon Henri Sanson et dont il demeure difficile jusqu’alors de ne point faire le parallèle avec la jeunesse de son propre père Charles-Henri. Beaucoup de faits ou anecdotes historiques repris de manière plus ou moins uchronique et parfois personnalisés à la destinée d’un protagoniste : la fameuse affaire du collier de diamants commandé par Louis XV aux joaillers Boehmer et Bassange. 

Quelle chose étrange que le mauvais goût. Les couvertures japonaises sont superbes ; les Françaises s’annoncent d’ores et déjà comme plus que contestables. Au revoir les fonds blancs maculés. Bonjour les arrières plans douteux qui s’en viennent alors que personne ne les appelait : piètre travail dispensable de petit graphiste actuel. Même ne serait-ce que par hasard, il apparaît impossible de pouvoir confectionner telle horreur. Cette atrocité ne peut être que le fruit d’un boulot acharné, réfléchi et déterminé dont l’unilatéral objectif demeure l’enlaidissement. Puisse Delcourt entendre les cris des sirènes de l’infamie : cessez cela tout de suite ! Que plus jamais les prochains tomes d’ « Innocent Rouge » ne subissent cette honteuse nuisance !

Pour le reste, l’édition demeure d’une facture semblable à celle de la première saison. Le plaisir de lecture est présent. Papier souple. Livre léger en main. Ancrage bon. La traduction est bonne. Les gros textes dégoulinants en noir auraient pu être évités ; les petits carrés blancs pédagogiques sont bienvenus. Les premières pages couleur sont bel et bien là.

Porté par ses planches ultra-léchées et son uchronie désinvolte, l’épopée de Charles-Henri Sanson et de sa sœur Marie-Josèphe reprend son cours avec vigueur. Si une évolution n’est point encore perceptible eu égard à la première saison, cette nouvelle partie n’en débute pas moindrement d’une agréable manière.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs