Btooom ! Vol.20 - Actualité manga
Btooom ! Vol.20 - Manga

Btooom ! Vol.20 : Critiques

Btooom!

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 21 Février 2017

Il y a, chez Jun'ya Inoue, un certain talent, à ce niveau-là presque magique, à tomber de mal en pis. N'ayant jamais brillé depuis ses débuts, Btooom! parvenait tout de même, dans ses meilleurs moments, à constituer un divertissement d'action honnête, car assurément dynamique dans son trait et exploitant convenablement son concept de bims de temps à autre. Mais au fil des volumes, la supercherie est apparue : ce concept de bims finissant trop souvent par se limiter à du gros boum boum à la Michael Bay de plus en plus facile et improbable, un scénario et des personnages n'évoluant pas vraiment, un tout dilué, une pauvre héroïne constamment cantonnée au rôle de potiche à gros seins (rappelons qu'elle a 15 ans, mais bon) qu'on essaie régulièrement de violer ou qui se promène à moitié à poil... Les limites de l'oeuvre sont encore plus évidentes depuis quelques tomes et l'échec de la fuite, Inoue étant alors reparti sur ses bases stériles sans rien renouveler et sans vraiment parvenir à refaire décoller les choses. Et en ajoutant, en vrac, une gamine en jupette (elle était même menottée sur la jaquette du tome 14, vive le bon goût), un autre vicelard neuneu, de nouveaux méchants sans intérêt et clichés comme pendant la partie au Sanctuaire, et depuis le tome précédent l'un des "ultimes ennemis" les plus ridicules qu'on ait pu voir, à se prendre pour un guitariste avec sa mitrailleuse en sortant des répliques toujours plus idiotes. Ça sentait bon le navet... mais on ne s'attendait quand même à ce que l'auteur tombe aussi bas avec le 20ème tome.

Commençons donc avec la suite de ce qui avait été entamé dans la fin du volume 19.
D'un côté, on avait envie de s'arracher les yeux en voyant la pauvre Himiko une énième fois cantonnée à son rôle habituel, ici liée à un panneau avec une bim posée sur les nichons. Ce qui est l'occasion pour Inoue, dans ce tome 20, d'offrir un faux suspense "tombera/tombera pas" où la pauvre fille désespérée tente de survivre tandis que son créateur s'amuse à exhiber son corps. Accessoirement, elle a beau être paumée depuis un bail sur une île meurtrière et sauvage, elle conserve un bien joli et sexy soutien-gorge tout propret. La vie est bien faite.
De l'autre côté, on avait envie de croire que le salut passerait par Heitaro Togo, personnage un peu moins crispant que les autres dans les convictions qu'il se forgeait.Hélas, la toute dernière page du tome 19 nous laissait craindre un nouveau plan ridicule de l'auteur, et ça ne manque pas : voici notre Togo redevenant un vaillant combattant grâce à la force de... euh... l'alcool. Bien bien... Euh... Bon... Soit... l'idée aurait pu être potentiellement intéressante si elle avait été développée précédemment, mais ce n'est pas le cas. Là, c'est juste ridicule. Un ridicule qui se confirme dans le combat du brave pépère hargneux contre Yoshioka, où le mangaka semble plus que jamais avoir décidé de proposer du n'importe quoi : Yoshioka qui a des munitions illimitées pile jusqu'au moment où houlala il faut que la situation change, des explosions énormes de bims l'encerclant, mais il n'a rien absolument rien, les combattants qui arrivent même à traverser les flammes sans dégâts... et, au bout, du compte, un personnage qui aurait pu être intéressant, mais qui se retrouve gâché. Un énième.

Reste que tout cela a un impact fort sur un autre personnage : Kira. Face à ce qui se passe, le "gentil" gamin nécrophile (vous n'avez pas pu oublier... et de toute façon, Inoue se fait un plaisir de rappeler ce grand moment) perd complètement pied... pour un résultat qui, une nouvelle fois, aurait pu être intéressant si bien développé, mais est pour l'instant à la ramasse. Premièrement, dur d'avaler les clichés sur ce gosse qui considère comme son père un homme qu'il a rencontré il y a à peine quelques jours. Deuxièmement, pour que cette séquence de "père de substitution" fonctionne, il aurait fallu qu'Inoue développe mieux que ça auparavant le rapport que Kosuke avait avec sa famille, chose qu'il a vaguement évoquée au fil des 20 tomes, mais qu'il n'a jamais approfondie. Troisièmement, il découvre ce que ça fait de vivre la mort d'un être cher et prend conscience des horreurs qu'il a commises, certes... mais pour l'heure ça ne sert à rien au vu de la suite. Bien que ce soit très mal fichu, il y a quand même un espoir qu'il évolue dans les volumes à venir (il faut bien se rattacher à quelque chose...)... et c'est bien le seul espoir qu'il y a dans ce tome.

Car il ne faudra pas compter sur la fin du volume pour redorer les choses, houla non. Déjà, parce que Kenya reste d'une crétinerie aberrante et que Yoshioka enchaine encore ses tronches et répliques complètement indigestes et ridicules. Mais surtout parce que le sort réservé à Himiko est plus vomitif que jamais. La pauvre fille n'ayant visiblement pas encore été assez humiliée tout au long des 19 tomes précédents selon Inoue, l'auteur s'est dit que ce serait bien de franchir encore un cap. L'auteur et son éditeur japonais ayant, hem, "bon goût", ils ont décidé d'offrir en 4ème de couverture un petit avant-goût de ce qui attend la demoiselle, et ce n'est vraiment qu'un avant-goût. Car grosso modo, pendant une quarantaine de pages, la jeune fille réduite à son simple corps sera plus bafouée que jamais, dans une longue séquence s'apparentant à un "viol interposé" (c'te concept...). S'il avait été bien travaillé au niveau de l'ambiance, ce passage aurait pu être un minimum "intéressant", mais le problème est bien la manière dont Jun'ya Inoue le présente, le met en scène : en n'approfondissant jamais réellement ses personnages, et en cherchant constamment à érotiser la scène, en s'appliquant à mettre en valeur les courbes de l'adolescente, tentant même quelques effets "stylisés" (tellement classe pour une fellation forcée)... alors qu'elle est en train de se faire sexuellement humilier, rappelons-le. À tel point que ça en devient gerbant, et qu'on imagine bien Glénat commencer à regretter d'avoir classé la série dans sa collection shônen... Tandis qu'arrive l'un des "climax de fin de tome" le plus pathétique qu'on ait pu voir, on sent déjà arriver dans le prochain volume une justification bidon sur cet étalage de chair qui permettra probablement à notre couple de héros d'évoluer (simple hypothèse), mais vu comment tout ça est présenté ici, on ne se laissera pas avoir. Quand on repense à tout ce que Himiko a déjà subi auparavant, aux traumatismes qu'elle s'est tapés, à son dégoût des hommes, on n'a plus simplement envie de s'arracher les yeux, mais de les faire fondre à l'acide.

Et donc, au final, oui, Jun'ya Inoue a décidément toujours un talent fou pour enfoncer toujours plus sa série, passant complètement à côté de la plaque dans ses développements (si tant est qu'il y en ait...), offrant de l'action répétitive et toujours plus facile et incohérente, proposant une scène finale ignoble de connerie... Désormais la série ne rame plus, elle est en plein naufrage. Peut-être sur une île déserte, sur le point de se faire bouffer par des varans...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
3 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs