OYSTA Loren - Actualité manga

Interview de l'auteur

A l'occasion de la sortie de son livre Manga Girl: Le (presque) guide aux éditions Paquet / Bao, Loren Oysta nous a eu la gentillesse de nous accorder une interview. Portrait d'une jeune artiste en vogue!
   

  
 
Manga-news: Bonjour! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs de Manga-news?
Loren Oysta: J'ai 21 ans et je suis originaire de Lorraine. Je suis montée à Paris il y a deux ans pour étudier à l'école Eurasiam. Dans le même temps, je travaillais à la galerie Arludik où j'ai rencontré Jean Paul Moulin (directeur de la collection Bao pour les éditions Paquet, ndlr). Ce dernier m'a donné l'opportunité de faire un stage chez Paquet... et de fil en aiguille, nous en sommes venus à parler de ce projet.
Actuellement, j'ai arrêté mes études à Eurasiam pour suivre une licence de japonais à l'Université Paris 7.


Quel intérêt portes-tu au manga?
Je suis «tombée» dans le manga quand j'avais douze ans, avec Card Captor Sakura. Ça a été une révélation, car avant cette lecture, je ne regardais pas les dessins animés japonais qui étaient diffusés à la TV.
Je suis devenue accro aux shojo, et notamment aux séries de Clamp, Ai Yazawa. Cette dernière, avec Nana, était une référence pour moi lorsque j'étais au lycée.
Quand j'ai commencé mes études supérieures, j'ai eu malheureusement de moins en moins le temps de lire des mangas, sans compter que j'ai découvert d'autres aspects fascinants de la culture japonaise, et notamment sa littérature. Aujourd'hui, j'essaie de trouver d'autres références pour mes propres créations.
 
 


Des mangas qui t'ont particulièrement touchés?
Surtout les séries de Clamp et Ai Yazawa. Pour cette dernière, je peux bien évidemment citer Nana ou Gokinjo. Mon dernier coup de cœur reste Honey and Clover.
 
 
 
 
Tu parlais précédemment de ton goût pour la littérature japonaise. Peux-tu nous citer un auteur en particulier?
J'adore les œuvres d'Haruki Murakami. C'est un auteur de littérature contemporaine que j'ai découvert il y a quelques années. Il est devenu mon auteur préféré, mais j'ai du mal à expliquer pourquoi! (rires)
En fait, son style me parle énormément et je retrouve beaucoup de choses que j'aime dans ce qu'il écrit.


Comment est né le projet Manga Girl?
Le concept de « mini-guides » pour la gent féminine est né de l'imagination d'une graphiste qui se prénomme Rania. Ce concept a plu à Jean-Paul Moulin, qui a décidé de créer une collection autour du concept des mini-guides.
C'est ainsi qu'il ma proposé le projet de créer un guide sur les Manga Girls.


A qui s'adresse ce guide?
Cet ouvrage s'adresse à toutes les filles qui aiment les mangas et la mode japonaise, mais aussi à leurs petits copains, qui parviendront peut être à mieux les comprendre après l'avoir lu! (rires)
    

 
 
Tu penses que des jeunes peuvent se retrouver dans les héroïnes que tu croques?
J'espère! Quand je dessine Manga Girls, j'essaie de me remettre dans le même état d'esprit que j'avais à 14ans, à l'époque où j'étais fan de mangas. J'ai un peu peur que certains lecteurs prennent ce guide pour une caricature, voire même une critique de ce phénomène. Ça serait une erreur, car j'ai réalisé  Manga Girl très tendrement, en me basant sur mon ressenti..., j'espère que cela transparaîtra!


Il y a cinq personnages principaux dans Manga girl. Peux-tu nous les présenter?
En préambule, il faut savoir que chaque héroïne personnifie un style. Au fur et à mesure du récit, certaines vont prendre plus d'importance que d'autres.
Il y a tout d'abord Ichigo The Decora. C'est celle qui me ressemble le plus lorsque j'étais ado, donc  j'y suis très attachée! Elle est un peu la naïve du groupe. Elle aime superposer les fringues, les breloques et multiplier les couleurs!
On trouve ensuite Kinoko la Gothic Lolita. Je l'aime bien également. Elle porte toujours de grandes robes et est très mignonne, tant et si bien qu'elle finit par ressembler à une poupée. Avec du recul, j'aurai aimé qu'elle apparaisse plus souvent dans Manga Girl!
La suivante est un peu la leader... Il s'agit d'Ayumi, la fashion girl de service. Je voulais vraiment qu'elle soit habillée de la même manière que ce que l'on peut voir dans les magazines de mode japonais. C'est elle qui est la plus féminine, et son look est beaucoup plus ancré dans la réalité que celui des autres.
Continuons avec Ringo, la petite punkette. Son côté moignon et naïf fait qu'elle ressemble un peu à Ichigo. Sa référence est Nana, et elle aimerait bien rentrer dans un groupe de punk/rock... De plus, elle est complètement monomaniaque!
Enfin, il y a Kuruma. En fonction des jours, elle peut être Cyber Lolita ou Cyber Gothic et est passionnée par Tokyo Decadance.
   
Ci-dessous: Loren en pleine dédicace sur le stand Bao, lors du salon du livre 2010.

 
 
Et qu'est-ce qui arrive à ces cinq jeunes filles?
Chaque personnage, d'une façon différente, va progresser dans son look. On observe cette progression via divers strips, qui représentent des instantanés du quotidien.


Dans le livre, tu évoques souvent la notion de «classe à la japonaise». Peux-tu nous en dire plus?
Quand j'étais adolescente, cette notion voulait dire qu'il fallait se démarquer des autres le plus possible. Et cela passe par un look, une manière de s'habiller qui se remarque.


Plus jeune, tu ressentais le besoin de te démarquer des autres?
Oui! Pour moi, le collège et le lycée sont des moments charnière dans la vie, c'est à ce moment qu'on commence à se faire une vie sociale. Se démarquer des autres via son look peut parfois devenir un bon moyen pour attirer l'attention des autres, surtout lorsqu'on est pas très à l'aise pour parler.
    


La sortie imminente de ton livre te donne-t-elle beaucoup d'appréhension?
Oui! Si c'était possible, je ferai le livre d'une tout autre façon... Je pense que je me suis trop investie dans certaines choses, et pas assez dans d'autres. Comme Manga Girl est mon premier livre, j'ai un peu appris «sur le tas» pour tout ce qui concerne l'organisation, la gestion du temps et du plan... En fait, créer un livre, c'est vachement compliqué! (rires)
 
 
Peux-tu nous en dire plus sur la création du livre?
Au début, il y a eu la recherche des personnages et de leur look qui a pris pas mal de temps. Jean-Paul Moulin, très impliqué dans la création de l'ouvrage, m'a par ailleurs beaucoup aidée. Nous avons ensuite réfléchi aux sujets qui seront abordés dans les différents strips... Avec ces éléments, la base du livre était prête!
 
  
Combien de temps a nécessité la création du livre?
Environ un an. Ça a été très difficile de jongler entre mon travail sur le livre et les cours!


Comme tu le sais, nous avons eu la chance de prépublier sur notre site pendant près de sept mois différentes planches de Manga Girl, en laissant la possibilité aux membres de laisser des commentaires. Comment as-tu réagi face à ça?
J'ai été heureuse de lire les commentaires positifs, et certaines remarques ont été formulées de manière très constructive.
En fonction des trips, j'ai remarqué que les premiers commentaires postés avaient tendance à influencer les suivants... et c'était parfois dur pour moi lorsque ces derniers étaient très négatifs. Tout ceci m'a néanmoins appris à relativiser et à m'imposer un regard plus aiguisé sur mon propre travail. Et puis lorsque les commentaires étaient vraiment trop méchants, des amis venaient me soutenir en postant des avis gentils! (rires)
Je me souviens notamment de certains messages qui reprochaient les couleurs trop vives. Il faut préciser que cela est dû à un problème de calibrage d'ordinateurs qui n'apparaîtra pas sur le livre, où les couleurs seront plus pastel et jolies!
   

 
 
Quels sont tes projets?
Je souhaiterai me faire une place dans le domaine de l'illustration, j'ai également quelques projets plus personnels que je garderai pour moi! (rires)
Quoi qu'il en soit, je compte sur ma bonne étoile pour dénicher des projets aussi fascinants que Manga Girl!


Merci beaucoup! Bonne continuation pour la suite!
Merci!
 
 
Remerciements à Loren Oysta et Jean-Paul Moulin.