Japan Expo - Interview Shinichiro Watanabe- Actus manga
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Divers Japan Expo - Interview Shinichiro Watanabe

Mardi, 01 Septembre 2009 à 11h41

Voici une interview de Shinichiro Watanabe, célèbre réalisateur et scénariste japonais, considéré comme le père de Cowboy Bebop.

    

Manga-news: Comment êtes-vous devenu réalisateur ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Shinichiro Watanabe: On m'a posé cette question plus d'une centaine de fois (rires). Du temps où j'étais lycéen, je voulais réaliser des films, mais je ne savais pas comment faire. Bien entendu, à l'époque il y avait déjà deux sortes de films: des films d'animation et des films live (avec de vrais acteurs et actrices), et à mon avis, les films d'animation étaient plus intéressants que les films live japonais. J'ai donc abandonné l'idée d'entrer dans un studio de cinéma pour me tourner vers l'animation. Je suis alors rentré chez le studio Sunrise.
  
  
Depuis sa diffusion il y a une dizaine d'années, Cowboy Bebop s'est taillé une réputation internationale. Comment vous est venue l'idée de la série ? Qu'est-ce qui vous a inspiré ?
On me le demande souvent et c'est assez difficile de répondre (rires). Un jour, je me suis levé en ayant fait le rêve de l'histoire, et je me suis mis à l'écrire. A l'époque où j'ai commencé à construire l'histoire de Cowboy Bebop, je ne pensais qu'à ça, je me levais et me couchais en imaginant le développement de l'histoire. Et pour vous dire la vérité, il m'est arrivé plusieurs fois, en écrivant l'histoire de Cowboy Bebop pendant des heures, de m'endormir sur mon bureau et de rêver de nouvelles scènes, que j'écrivais ensuite en me réveillant. Quant à l'inspiration, elle m'est sans doute venue de nombreux vieux films que j'avais vus jusque là. Vers mes 18 ans, je voyais environ 500 films par an, et beaucoup sont maintenant considérés comme des classiques. A force de voir tous ces films, de nombreuses choses me sont restées en tête et m'ont inspiré. Les influences sont multiples, qu'il s'agisse de films américains, européens ou japonais.
     

 
          
Avez-vous eu un contrôle total sur le scénario de Samourai Champloo et de Cowboy Bebop lors de leur développement ? Des détails ont-ils été modifiés par d'autres personnes ?
En ce qui concerne la manière d'écrire l'histoire, j'écris d'abord les grandes lignes. Après cela, je discute avec les scénaristes, et c'est en conversant que l'on continue d'écrire l'histoire de manière plus détaillée. A partir de là, il y a de nombreuses discussions, et c'est toujours moi qui dit ce qu'il faut inclure ou changer. Il y avait au moins cinq versions différentes pour chaque épisode avant d'arriver à la version finale, que je vérifiais; S'il n'y avait aucun problème, je mettais un « ok » final, et s'il y avait encore un petit problème, je réécrivais par dessus. Cependant, il y a tout de même, bien sûr, un planning assez strict dont il fallait toujours tenir compte et qu'il fallait toujours tenir à jour. Il y a des réalisateurs d'animes qui laissent la main libre aux scénaristes. En ce qui me concerne, j'ai le dernier mot avant de commencer la mise en images. Mais il y a quand même eu des petits différends avec les scénaristes par moments.
          
          
Vous apportez un soin tout particulier aux bandes-son de vos œuvres, notamment lorsqu'elles sont en décalage avec le thème de la série, à l'instar de Samourai Champloo, qui comporte une BO hip hop alors qu'il s'agit d'une série de samourais. Quelle importance tient la musique dans vos œuvres ?
Quand je suis devenu réalisateur d'animes, il y a une chose à laquelle j'ai pensé: il y a de très bons réalisateurs d'animes au Japon et je ne suis pas capable de les battre sur leur terrain. Donc je pense que mon point fort, que je me devais de développer par rapport aux autres pour me tailler une place, c'est le fait d'accorder une place très importante à la musique, car j'adore la musique. Je pense que j'ai réussi à faire en sorte que la musique apporte quelque chose de différent à mon œuvre.
   

          
              
On en parlait au sujet de la musique: que ce soit dans Cowboy Bebop ou Samourai Champloo, il y a toujours un mélange de genres, voire des anachronismes comme dans Samourai Champloo. Qu'attendez-vous de ce mélange ? Est-ce une tentative de toucher un plus large public ?
Par analogie, vous avez, par exemple, John Lennon et Paul McCartney. John Lennon a fait des chansons d'un certain type, Paul McCartney a fait des chansons d'un autre type, chacun a son propre univers musical, allons-nous dire. Par contre, quand ils ont fait des chansons ensemble, ça a donné un résultat complètement différent, mais il y avait une symbiose, un résultat détonnant. Et donc, de mon côté, en mélangeant plusieurs choses ensemble, j'essaie d'atteindre le même résultat, qui est quelque chose d'unique, différent mais accepté. On va dire que je cherche à faire cette fusion des genres. Bien que je sois directeur, je me prends plutôt pour un chimiste, en mélangeant plusieurs choses pour en sortir un nouvel élément.
          
               
Toujours dans Cowboy Bebop et Samourai Champloo, nous avons parfois des épisodes très décalés par rapport au reste, avec une fin ambiguë, très ouverte. Quel est le but de ce genre d'épisode ?
Dans ma définition de divertissement, je trouve qu'il y a beaucoup de variété. Il y a différentes façons d'apprécier un divertissement: on regarde et l'on rit, ou alors on trouve ça formidable, on est content ou on pleure... Et parfois, on regarde des épisodes en se sentant embarrassé tout en les appréciant. C'est ce que je recherche parfois. Par exemple, il y a des épisodes que l'on va regarder en se demandant « mais qu'est-ce que c'est que ça ? Quel rapport avec le reste ? »... Le spectateur est obligé de réfléchir, et pour moi, cela fait également partie du divertissement. Mais il m'est également arrivé, de temps en temps, de faire des épisodes pour blaguer (rires).
   

          
                     
La diffusion de Samourai Champloo au Japon n'a pas été effectuée dans son intégralité. Pourquoi ?
En effet, seulement 17 épisodes ont été diffusés sur les chaînes générales, et le reste a été diffusé sur une chaîne satellite. Donc beaucoup de fans ont pensé que la série était terminée au bout de 17 épisodes, mais les fanatiques ou les otaku savent qu'il y en a bien eu 26.
                     
           
C'était une question de censure ?
C'est une histoire entre la chaîne de télévision et le sponsor. Je ne pense pas que ce soit à propos du contenu de la série. Egalement, bien que je ne pense pas que ça ait eu une incidence, Samourai Champloo était diffusé assez tard, et il y avait parfois, à cette heure là, des matches de la coupe du monde qui faisaient que la diffusion était annulée.
     
     
Selon vous, qu'ont apporté de nouveau à l'animation japonaise Cowboy Bebop et Samourai Champloo?
C'est profond comme question (rires). Je pense que, sans trop réfléchir à l'histoire de l'anime japonais en général, j'ai simplement fait ce que je voulais faire, et sincèrement, je sais pas quelle a été l'influence de mes deux séries sur le monde de l'anime en général. Mais en effet, j'entends certaines connaissances ou des amis dire « J'ai vu dans telle série un épisode qui ressemblait pas mal à Cowboy Bebop », et c'est la même chose pour Samourai Champloo. Et quand je demande si c'était bien, on me répond souvent que ce n'était pas terrible du tout (rires).
    

       
             
Vous avez également réalisé Cowboy Bebop le film et travaillé sur Animatrix. Selon vous, quelles sont les principales différences entre la réalisation d'une série et celle d'un long métrage ?
Je pense que par rapport à une série télévisée, un long métrage ou un court métrage, au niveau de l'histoire en elle-même, est plus intéressant à faire. Pour une série, c'est complètement différent. Pour une série, je pense que le plus intéressant, ce sont les personnages. Si au départ le personnage n'est pas intéressant, la série ne tiendra pas pendant 26 épisodes. Et personnellement, je préfère me focaliser sur les personnages, pour le rendre plus profond, plus vivant. Dans la vraie vie également, quand on rencontre une personne, si celle-ci est telle qu'on la voit au départ, elle n'est pas très intéressante à suivre car on la connaît tout de suite. Mais quand on rencontre une personne et qu'on reste assez longtemps avec elle, on aperçoit d'autres de ses facettes, on comprend mieux son passé... C'est la même chose pour un personnage de série. Par rapport à d'autres animes, mes personnages sont un peu plus profonds que la normale, du moins c'est comme ça que je les vois.
  

     
  
Manga-news: Merci pour cette interview.
  
  
Interview réalisée par Blacksheep et Koiwai. Remerciements à Shinichiro Watanabe Emmanuel Bochew et Fabrice Renault pour la traduction.

commentaires

Minkunette

De Minkunette [6811 Pts], le 02 Septembre 2009 à 12h35

Je connais samourai champlooo il le passaient sur canal+ en clair

Isandir

De Isandir [947 Pts], le 01 Septembre 2009 à 22h10

Je plussoie aussi, Cowboy bebop on en fera jamais deux des animé de ce genre.

Le meilleur animé qu'il m'ai jamais été donné de voir...

..et cette fin, mais quel fin !! Alalala <3 Toujorus emu de la voir

Kakunoshin

De Kakunoshin [551 Pts], le 01 Septembre 2009 à 12h53

+1 Tianjun ! Cowboy Bebop restera dans le Panthéon des series de Japanimation encore longtemps ! Samourai Champloo est une très bonne série aussi.Vivement une nouvelle oeuvre de Watanabe !

 

Tianjun

De Tianjun [5039 Pts], le 01 Septembre 2009 à 12h20

Un génie de l'animation japonaise, et c'est la seule dédicace que je regrette de ne pas avoir eu à la JE !  J'espère qu'il nous fera un nouveau chef d'oeuvre de la même trempe que les précédents dans les années à venir ! ^^

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