Vent se lève (le) - Blu-Ray (Disney) - Actualité anime

Vent se lève (le) - Blu-Ray (Disney) : Critiques

Critique du dvd : Vent se lève (le) - Blu-Ray (Disney)

Publiée le Lundi, 12 Octobre 2015

Le Vent se Lève nous conte l'histoire de Jirô, un jeune garçon né au début du XXe siècle qui ne rêve que de voler dans les airs et de rencontrer son idole, l'ingénieur italien en aéronautique Giovanni Caproni. Ça tombe plutôt bien, puisque ce shônen semble avoir trait à beaucoup rêver et ce, presque sans crier gare ! Cependant, cette passion dont il voudrait faire son métier, elle pourrait bien rester dans le domaine des rêves, à cause d'une déficience à la fois minime dans le monde où il vit, et capitale dans celui qu'il vise : sa vue.

Et bien qu'il tente par tous les moyens de se passer de ses binocles -se convaincant notamment qu'en fixant les étoiles, sa vision ne pourrait que s'améliorer-, c'est l'un de ses voyages dans le pays de Morphée qui va trouver une solution à son problème : s'il ne peut voler, il concevra les moyens pour que d'autres puissent le faire à sa place, en créant des aéronefs.


Mais la route est longue et parsemée d'embûches, surtout dans ce Japon encore peu développé en comparaison d'autres pays comme l'Allemagne ou encore les États-Unis d'Amérique. Le jeune garçon deviendra bien vite un jeune homme, puis un homme tout court qui devra battre de ses propres ailes tout en ne perdant pas de vue ses rêves d'enfant. Une fresque dont seul Hayao Miyazaki a le secret, et qui pourrait bien être la dernière, puisque le Japonais a récemment annoncé que Kaze Tachinu serait son ultime long-métrage en tant que réalisateur.

Quand l'histoire se mêle à la fiction…

Le personnage de Jirô relève à la fois de la fiction, mais aussi de l'histoire du Japon, puisqu'il est en effet basé sur une partie de la vie de Jirô Horikoshi (1903-1982), un ancien ingénieur aéronautique connu pour avoir conçu le meilleur avion de chasse du début des années 40 : le Mitsubishi A6M "Zero". Cet avion de guerre, taillé pour le combat aérien de par son extrême maniabilité et sa précision, restera d'ailleurs tristement célèbre dans l'histoire pour avoir grandement contribué à l'attaque de Pearl Harbor en 1941, mais aussi en tant qu'appareil de choix pour les attaques kamikazes de la guerre du Pacifique.


Seulement, tout ce pan de l'histoire nippone n'est que suggéré dans le film, particulièrement dans les dernières répliques de Jirô, triste de n'avoir vu "aucun de ses avions revenir". Il ne s'agit ici pas d'une occultation ou d'une minimisation de la mémoire nationale à l'heure où les politiciens nippons cultivent un fort sentiment de nationalisme, mais bien d'un choix, intelligent, de ne pas prendre parti. De l'aveu même du réalisateur, Le Vent se Lève part d'une volonté de "dresser le portrait d'un individu passionné, qui poursuit son rêve coûte que coûte" et dont le désir peut "détruire" et "s'assortir d'un très lourd prix à payer".

C'est en ce sens que le développement du personnage de Jirô va aller de paire, tout au long du film, avec celui d'une jeune fille : Naoko (ou Nahoko selon le sous-titrage français).

La passion de l'obsession

Le personnage de Naoko, que l'on peut notamment voir sur l'affiche du film, provient d'une œuvre de fiction, un roman dont le film tire son titre Le Vent se Lève. Écrit par le romancier japonais Tatsuo Hori entre 1936 et 1937, le livre transpose une expérience vécue par son auteur, celle d'un écrivain cherchant à profiter du moindre instant de bonheur avec sa fiancée, atteinte de la tuberculose, alors qu'il l'accompagne dans un sanatorium à Nagano.

Cette idée de la recherche du plus petit moment en compagnie de l'être cher, on la retrouve ancrée dans la narration du long-métrage d'Hayao Miyazaki. Cela ne se fait certes pas de but en blanc, le rythme étant plutôt posé au cours des deux heures et six minutes que l'on passe en compagnie de Jirô, mais une fois que celui-ci a attrapé le virus, il ne peut tout logiquement s'en défaire.

La seconde moitié du film est ainsi consacrée à la relation entre les deux personnages, et comment Jirô essaye de concilier son travail, sa carrière, et la femme qu'il aime, Naoko, compatissante et bienveillante malgré la maladie.

Variations de tempo

Un film signé Miyazaki ne saurait être complet sans sa bande originale composée par Mamoru Fujisawa, alias Joe Hisaishi, et Le Vent se Lève n'y fait pas exception. Très belle, elle a été écrite dans sa grande majorité autour des deux protagonistes principaux du long-métrage. Ainsi, ce ne sont pas moins de 17 variations que l'on retrouve sur les 32 titres, scindés entre le thème du voyage de Jirô (Tabiji) et le personnage de Naoko (Nahoko), et qui viennent brillamment servir l'évolution des sentiments de chacun. Les oscillations Aitakute et Meguriai de Naoko sont particulièrement bouleversantes…

Le sound design n'est pas en reste, et l'on ne pourra que tendre l'oreille la première fois que l'on s'en rendra compte au cinéma : la plupart des sons de moteurs, qu'ils soient d'avions ou de voitures, ou encore de la vapeur d'un train au terrible tremblement de terre de Kanto, sont en fait le résultat d'un assemblage de voix humaines. Cela tend à personnifier une fois encore la colère de la Terre, et donc à contribuer au message écologiste si cher au réalisateur.

Notons, également, que le thème musical n'est autre que la chanson "Hikôki Gumo", enregistrée en 1973 par la chanteuse Yumi Matsutoya, quelques seize ans avant qu'elle ne travaille sur Kiki la petite sorcière donc !


Shinji…rô ?

Du côté des comédiens de doublage, la surprise de taille puisque l'interprète de Jirô à l'âge adulte n'est autre que… Hideaki Anno, le papa d'Evangelion, mais également l'animateur du fameux Soldat Géant de Nausicaä. Un premier choix de Toshio Suzuki, le producteur du film, mais également d'Hayao Miyazaki lui-même, ce qui n'offrit aucune chance de refus pour ce grand nom de l'animation nippone !

Mais au visionnage du film, on ne peut cependant pas s'empêcher de se demander si le choix était si judicieux que ça, au regard de la carrure mais aussi de l'âge de Jirô. On vous rassure, si les premiers instants sont pour le moins étranges, l'habitude prend très vite le dessus. Il est même quasiment assuré que la version française corrige ce "défaut" en adoptant une voix plus proche de la jeunesse de Jirô.

Pour ce qui est de Naoko, c'est la belle Miori Takimoto, vue dans le drama Hungry!, qui a été choisie pour l'interpréter. Elle délivre une performance tout à fait remarquable, qui excelle tout particulièrement dans les moments forts du film.


Il faut essayer de vivre…

L'histoire est un éternel recommencement et, plutôt que de sombrer aux sirènes du nationalisme, Hayao Miyazaki cherche à montrer qu'avant les grands desseins et autres discours des élites, ce qui pousse les individus à continuer d'essayer de vivre, ce sont leurs rêves, leurs passions et leurs désirs. Un très beau message face à une situation, un sentiment de stagnation, qui tend de plus de plus en plus à se généraliser, et pas seulement qu'au Japon.

Le Vent se Lève n'est cependant pas l'ultime chef d’œuvre d'un réalisateur au talent immense, comme certains aimeraient à le faire penser, mais plutôt un très beau film, quoiqu'un peu longuet. Et ça, c'est amplement suffisant pour que nous, à Manga-News, vous le recommandions chaudement !
Note de la rédaction
Note des lecteurs