RahXephon - Intégrale collector Blu-Ray A4 - Actualité anime
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RahXephon - Intégrale collector Blu-Ray A4 : Critiques

Critique du dvd : RahXephon - Intégrale collector Blu-Ray A4

Publiée le Vendredi, 11 Septembre 2020

RahXephon fait partie de ces séries animées des années 2000 qui ont eu droit à une jolie diffusion dans nos contrées. Proposée sur les petits écrans japonais entre janvier et septembre 2002, pour un total de 26 épisodes, elle fut d'abord éditée en DVD par Dybex avant d'être diffusée sur différentes chaines (dont AB1, Mangas, GameOne, NT1...), jusqu'au début des années 2010. A l'époque, pour peu qu'on s'intéressait à l'animation nippone à l'époque et qu'on cherchait à se mettre quelque chose sous la dent, il était assez difficile de passer à côté de cette série.

Mais avant toute chose, parlons de RahXephon, l’œuvre. Celle-ci est la création de Yutaka Izubuchi, un réalisateur et designer qui est passé par de grandes licences, dont Gundam (avec certains de ses plus grands chapitres comme le film Char contre-attaque), Evangelion, Space Battleship Yamato (dont il a réalisé le film 2199 : Ark of the Stars), Patlabor ou encore Eureka Seven. Des œuvres qui présentent d'ailleurs un point commun : Leurs attraits pour le mecha et les robots géants. Il n'était donc pas étonnant que Yutaka Izubuchi cherche à développer sa propre série, celle qu'il pourrait orchestrer de A à Z. Celle-ci vit le jour début 2002, sous le titre RahXephon. Et pour la mener à bien, Yutaka Izubuchi a su s'entourer de talents, dont Yoshinori Sayama au design des robots, Akihiro Yamada au design des personnages (un artiste qui restera discret ensuite), ainsi qu'Ichiko Hashimoto à la composition musicale (une musicienne qu'on retrouvera sur la bande originale des OVA Code Geass : Akito the Exiled, et qui se paie aussi le luxe d'incarner un personnage majeur de Rahxephon, Maya Kamina).


Fort de son succès lors de sa diffusion, RahXephon bénéficia de plusieurs dérivés : Une adaptation manga en trois tomes de Momose Takeaki narrant une version alternative de l'histoire (titre qui fut rendu disponible chez nous aux éditions Panini), une série de romans par Hiroshi Ônogi qui abordent certains éléments scénaristiques plus en détails, un court-métrage proposé en bonus d'un jeu-vidéo, deux épisodes spéciaux, et un long-métrage cinéma qui raconte l'histoire sous un autre angle. Un vaste programme, donc, si bien que l'ensemble des productions n'est malheureusement pas disponibles chez nous.

Concluons ce préambule par les éditions physiques de la série chez nous, puisque c'est ce qui nous intéresse en partie dans cette chronique. Dybex, l'éditeur de la licence, proposa d'abord les 26 épisodes de RahXephon sur 7 DVD unitaires entre juillet 2004 et septembre 2005, un format qui paraît improbable aujourd'hui. En août 2006, l'ensemble fut réuni dans un coffret collector rigide particulièrement beau et qui reprenait le visuel de la box intégrale japonaise. On compta ensuite pas moins de trois nouvelles éditions intégrales DVD : un coffret "slim" en avril 2008, l'édition Gold en février 2009, et une intégrale grand format en 2011, afin de célébrer les 15 ans de Dybex. La série animée ne bénéficia pas de nouvelle édition jusqu'à cet été 2020, où est parue l'édition la plus somptueuse à l'heure actuelle : Un coffret collector A4 regroupant la série dans ses formats DVD et (surtout) Blu-ray, le tout agrémenté de quelques suppléments. Nous ne reviendrons pas sur les éditions connues par le film, grand absent de ce coffret, puisqu'une chronique lui sera dédiée ultérieurement.


L'histoire de l'humanité contre un envahisseur

Dans un premier temps, parlons de l'histoire de RahXephon. Ayato Kamina est un adolescent vivant à Tokyo, seul point de rassemblement de l'humanité depuis que le reste du monde a été anéanti lors d'une guerre. A moins que cette vérité ne soit en fait qu'un mensonge ? C'est en tout cas ce qu'il découvrira lorsque sa ville sera attaquée par des engins extérieurs. Par un concours de circonstances, Ayato fera la rencontre de Haruka Shitô, une femme venue de « l'au-delà » de Tokyo, et se retrouvera aux commandes de RahXephon, un dieu mécanique qui lui permettra de s'échapper de la zone. Le jeune garçon apprendra alors la vérité : Le reste du monde n'a pas disparu, mais a autrefois été envahi par une forme de vie mystérieuse détentrice d'une technologie mystique à laquelle appartient RahXephon : Les muliens. Suite à cette guerre, Mu barricada Tokyo dans un gigantesque dôme coupé du cours du temps, là où Ayato a toujours vécu, un lieu aujourd'hui nommé Tokyo Jupiter. Contre son gré, il devra rejoindre Terra, armée de défense contre Mu, et lutter aux commandes de RahXephon. Ainsi débute une aventure complexe au cours de laquelle Ayato apprendra qui il est, et quelle est sa place dans le monde.


Série complexe, mais série passionnante

RahXephon fait partie de ces séries qui ne peuvent être appréciées, et même comprises, lors d'un visionnage abstrait. L’œuvre majeure de Yutaka Izubuchi nécessite une immersion toute particulière pour être appréhendée, et quiconque s’essaierait au visionnage comme bruit de fond ou activité secondaire se retrouverait automatiquement perdu. Car RahXephon est une histoire à la trame complexe, mais néanmoins intelligemment structurée. Il ne fait nuls doutes que le réalisateur et auteur, lors de l'écriture du scénario, ne s'est pas laissé porté par l'inconnu et l'improvisation, et a établi un plan des plus minutieux de ce que devait conter la série, et comment les différentes révélations et autres points culminants devaient être distillés tout le long de 26 épisodes.

RahXephon propose donc une histoire qui demande au spectateur une attention particulière. Pourtant, son amorce ne dépayse pas spécialement, puisque nous sommes aujourd'hui bien habitués à des récits opposant l'Homme à un envahisseur mystique, dont il ne sait quasiment rien. Parmi les séries du genre, citons un certains Evangelion, et bien plus récemment L'Attaque des Titans, qui peut totalement être considéré comme une œuvre mecha tant le manga de Hajime Isayama en respecte les codes.
Mais derrière cette amorce simple (qui s'appuie ni plus ni moins sur une opposition entre les humains et l'envahisseur mystérieux qu'est Mu, avec sous les projecteurs un héros adolescent contraint de lutter à bord d'un engin redoutable tout en vivant ses propres drames) se cache un scénario extrêmement riche dans sa construction comme dans sa représentation. Aussi, le spectateur est amené à découvrir le secret se cachant derrière Xephon, la véritable nature de bien des personnages aux relations parfois casse-tête, et toute une métaphore musicale faisant miroir à l'intrigue. Mais pour saisir cet ensemble, il faut prêter attention à la mise en scène ainsi qu'au moindre dialogue. Car une simple conversation peut cacher une information capitale qui s'imbriquera avec d'autres révélations. Alors, la série est de ces œuvres qui s'apparentent à un puzzle narratif, le spectateur cherchant à replacer chaque information dans son contexte pour mieux saisir la trame globale.

Loin de nous l'idée de rebuter à travers cette description de la construction de RahXephon. Si la série demande de l'attention, elle n'en reste pas moins passionnante à suivre, notamment parce qu'elle s'appuie sur des personnages dont on aime découvrir la profondeur, une ambiance assez unique qui dépayse comme elle fascine, et même une bien belle histoire d'amour, presque Shakespearienne.


Une histoire mystique, de drames humains, et d'amour


RahXephon a de multiples attraits, et son scénario ne constitue pas l'unique ingrédient savoureux de la série. A la manière d'une majeur partie des anime dits "mecha", elle se centre sur ses personnages, avant de cibler les robots géants. Preuve en sont les batailles, finalement mineures à l'échelle de la série, et qui interviennent surtout en tout fin d'épisode, ou alors pour narrer un chamboulement important du récit. On ne regarde pas l’œuvre de Yutaka Izubuchi pour ses séquences d'action... Ou du moins pas que. Car il ne faut pas omettre qu'il y a une certaine satisfaction à voir Xephon désintégrer, voire démembrer et charcuter les Dolem, ces entités muliennes à la fois mécaniques et bioniques, revêtues d'une couche qui les apparente à de l'argile (trait qui sera valoriser lors d'un épisode clé, le quinzième).

Au-delà de l'action, il y a les personnages. Le casting est assez dense dans la série, et chaque épisode de la première moitié est souvent une occasion de fouiller plus en profondeur un des portraits du titre. C'est presque un schéma routinier, aussi les 13 premiers épisodes vont mettre l'accent sur une figure qu'on découvrira plus en détail. Un cheminement simple mais séduisant, d'autant plus que nombre de personnages prennent de l'importance dans l'histoire, tandis que leurs relations deviennent un moteur de l'oeuvre. Car RahXephon conte des drames humains, et de multiples histoires d'amour. Chaque personnage a son propre arc, un objectif à accomplir vis à vis d'autrui, chose que le scénario mène particulièrement bien de A à Z, jusqu'à l'épisode final. L'équilibre dans l'écriture des protagonistes demeure bien entretenu, une prouesse qui rend alors certains des 10 derniers épisodes poignants, et même d'une puissance émotionnelle rarement atteinte à certains instants. L'épisode 19 est une claque en terme de drame, mais il n'est pas le seul puisque les deux derniers épargnent difficilement le spectateur.

Et si cette orientation du récit demeure efficace, c'est aussi grâce à la mise en scène globale. RahXephon entretient une ambiance mystique, une manière de déphaser le spectateur qui ne sait parfois pas comment appréhender les événements ou les mécaniques de la série. L'ambiance est soulevée par une réalisation globale maitrisée, souvent à part de reformatages du cadre qui vont correspondre à une dimension du scénario ou une introspection de personnage, quand la colorimétrie ne bascule pas vers un panel plus terne quand il s'agit de représenter visuellement l'aura mystérieuse de l'anime. Chaque élément technique est minutieusement dosé dans RahXephon, et cela inclut certains moments de mise en scène autour des personnages. Pour nous marquer, plusieurs réalisateurs comme Mitsuo Iso, Tomoki Kyoda et Yasuhiro Irie présentent leur pleine compréhension de la série de manière à chambouler notre expérience visuellement. Certains plans restent gravés dans notre mémoire, quand des segments entiers de mise en scène nous marquent inéluctablement. A la manière d'un chant, RahXephon retentit dans notre esprit par sa dimension artistique qui entre en résonance avec le scénario de l’œuvre... mais aussi ses messages.


Différentes interprétations ?

Car RahXephon n'est pas qu'une histoire mystique de robots géants et de drames humains. Tous ces éléments de l'oeuvre résident en premier plan, mais il est intéressant de voir que la série orchestrée par Yutaka Izubuchi est sujet à plusieurs lectures, dont certaines proviendront certainement de l'expérience du spectateur et de sa vision de la dimension humaine du récit. La série est particulièrement propice à de multiples lectures pour une simple raison : Les métaphores et doubles sens sont extrêmement nombreux.

Ainsi, on peut facilement voir dans la série une épopée du passage à l'âge adulte, une thématique classique dans ce type d’œuvre. Ayato Kamina est un adolescent égaré qui va chercher sa voie dans ce monde complexe qu'il ne comprend que rarement, un chemin qui le mènera à s'éloigner de sa famille, et se reprocher de l'amour. Son accomplissement personnel deviendra le climax de l’œuvre, symbole ultime de la conclusion de la série. Et à côté de ça, RahXephon parle sans mal de sexualité, du point de vue adolescent justement. La découverte amoureuse et de la libido sont très souvent référencés tout le long des 26 épisodes, aussi un sous-entendu ne saurait être jugé gratuit ou aguicheur, puisqu'il appuie un propos.

Et en terme de métaphore évidente, on appréciera la manière dont Yutaka Izubuchi a pensé son œuvre comme un immense concert. Les références à la Musique sont omniprésentes, si bien qu'on prend un certain plaisir à les relever au cours du visionnages. Des références qui marquent d'une part l'esthétique (ne serait-ce pour les entités qui s'expriment par des chants quasi divins, Quon et son parler poétique, les tenues théâtrales des muliens...), mais aussi le scénario. Assimiler la musique à l'histoire de la série, c'est la comprendre en partie, et saisir la manière dont elle est orchestrée. Un revisionnage sera donc propice pour avoir une deuxième vision de l'anime, en plus de le saisir davantage.

Mais nous ne listerons pas toutes les doubles lectures proposées dans RahXephon, ou l'impact des métaphores sur le sens global de l’œuvre. Un dossier sera prochainement publié, l'occasion pour nous d'analyser plus densément, et peut-être même avec du matériel précis comme appui, toutes les subtilités de l’œuvre.


Autour de l'édition collector

L'édition collector de RahXephon éditée par Dybex avait de quoi être attendue. L'enjeu était de proposer la série chez nous en haute définition d'une part, et un bel objet pour saluer le retour de la série dans un second temps. Un exercice bien difficile, puisque la première box collector proposée en 2006 avait fière allure, notamment parce qu'elle prenait appui sur le coffret intégrale japonais d'époque.

Fidèle à la formule des coffrets A4, l'éditeur propose une box aux grandes dimensions, à l'artbook des plus jolis, et bénéficiant de différents effets sur l'ensemble : un vernis sélectif sur le fameux robot principal, une dorure à chaud argentée sur le logo aussi bien sur le devant, le dos que l'arrière, ainsi que sur le logo de TERRA. En terme de fabrication, le rendu est efficace et suffit à donner un certain prestige au coffret.

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La boîte accueille un joli contenu : Deux digipacks et deux grands livrets. Le premier d'entre-eux est un ouvrage global qui recence essentiellement ce qu'on trouvait déjà dans les livrets des DVD unitaires, à savoir un guide des personnages et des engins mécaniques, le tout agrémentés de nombreux settei (entendez par là des modèles recensant les personnages sous différentes facettes, pour servir aux animateurs lors de la conception de la série). Rien de neuf, mais toujours bénéfique pour retrouver l'univers, d'autant plus que quelques notes sont toujours utiles pour éclaircir des zones scénaristiques ayant pu rester abstraites.

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Le second livret n'est ni plus ni moins qu'un artbook. Intitulé Illustration Chronicle Book, celui-ci recense de nombreux artworks de Yutaka Izubuchi et Akihiro Yamada. On y retrouve les visuels ayant servi aux jaquettes des DVD d'époque, mais aussi d'autres planches qui brillent de l'art du chara-designer. Un travail époustouflant, et qui mériterait d'être apprécié dans un artbook digne de ce nom. Néanmoins, pour compenser, le livret proposé par Dybex est largement appréciable.

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Enfin, l'intégralité des DVD et Blu-ray est réparti dans deux digipacks. Ces derniers bénéficient des artworks conçus pour l'édition Blu-ray japonaise, preuve que l'éditeur est au plus proche de ce qui s'est fait au Japon. Le premier digipack regroupe les 6 premiers DVD, tandis que le second accueille la septième galette ainsi que les 4 Blu-ray qui compilent les 26 épisodes. On se posera alors la question du partage de ces épisodes sur les disques : Pourquoi 9 épisodes sur deux disques, et seulement 4 sur les deux derniers ?

Néanmoins, cela ne signifie pas une compression abusive, puisque l'image de la haute définition récompense clairement nos attentes. Le travail est nette, et la série ne fait jamais vraiment ses presque 20 ans. Parce que RahXephon doit une partie de sa force à l'ambiance graphique, pouvoir apprécier la série dans les meilleures conditions techniques est un réel plus. Le seul reproche qu'on peut pointer, c'est l'absence de l'OVA initialement proposée dans le jeu Playstation 2, pourtant présente dans les coffrets Blu-ray japonais. Même chose pour le film, même si on peut éventuellement supposer une future édition physique en haute-définition chez nous, pour celui-ci.

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En conclusion


RahXephon est une œuvre souvent raillée pour être passée après Evangelion. La série semble en effet s'inspirer de certain code et de puiser dans un mysticisme pour l'adapter à sa sauce, ce qui n'est pas spécialement surprenant puisque Yutaka Izubuchi est un ami fidèle de Hideaki Anno. Mais son récit est loin d'être le plagiat que certains pointent du doigts, au point de prétendre que le moindre plan anodin soit une repompe d'Eva. RahXephon est une série qui brille pour ce qu'elle est : Une histoire complexe mais passionnante, qui ne pourra être véritablement comprise qu'au fil des revisionnages, portée par des personnages attachantes cibles de drames poignants, le tout appuyé par une ambiance tantôt hapante, tantôt dérangeante, sublimée par le travail de mise en scène d'Izubuchi et des réalisateur d'épisodes dont il a su s'entourer. RahXephon est une série qui a plu et qui mérite d'être appréciée pour ses qualité. Car quand on se laisse bercer par la mélodie, on se délecte de ce monde inondé de sons.

Et parce que ce superbe collector rend Justice à l’œuvre, on ne peut que croiser les doigts quant à un même traitement pour le film, avec l'espoir que Dybex reprenne la pléthore de bonus proposée dans la généreuse édition DVD d'époque. En attendant du nouveau à ce sujet, nous vous proposerons justement un retour sur cette édition, dans quelques temps...

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

18 20
Note de la rédaction