Critique du dvd : Mobile Suit Gundam - Film
Publiée le Lundi, 21 Juillet 2008

Critique 1
Nous voila aux origines de Gundam ou presque…en 1979 apparaît au Japon la série qui deviendra culte plus tard : Mobile Suit Gundam ! Les Japonais ne le savent pas encore mais ils viennent de créer une des sagas les plus denses et les plus prolifiques qui soient, et pourtant cette première série ne rencontrera pas le succès attendu et sera interrompue avant le nombre d’épisodes prévus au départ…cette série connaîtra plus d’une quarantaine d’adaptations jusqu’à aujourd’hui…qu’il s’agisse de films, de séries dérivés, suites ou univers parallèles, OAV…il faut s’accrocher pour se tenir à jour !
Cette première série qui lancera donc la saga comprendra 48 épisodes et sera ensuite condensée en trois films dont voici le premier : sorti en 1981, deux ans après la série, il est réalisé par Tomino Yoshiyuki, qui a travaillé notamment sur des adaptations de Go Nagai tels que Mazinger ou Ufo Robo Grendizer (Goldorak dans nos contrées), et cela se voit de suite, on reconnaît très rapidement le design, et tout le long du film on a presque l’impression de regarder un film de Goldorak (impression renforcée par les tenues de certains personnages).

Il faut être honnête, ce film a bien vieilli, on sent les presque 30 ans qui nous séparent de celui ci : l’animation est vieillotte, de même que le graphisme, qui n’est plus tellement au goût du jour, mais qui pourra peut être ravir les nostalgiques de l’époque du club Dorothée.
Mais l’intérêt se situe ailleurs : le scénario sans être révolutionnaire est des plus prenant et on ne s’ennuie pas pendant ce film qui dure tout de même 2h20 (et ce n’est que la première partie sur trois !)
Suite à la surpopulation, l’humanité va coloniser les quatre coins de l’espace, et au fil des années ces colonies en viennent à aspirer à l’indépendance ce qui provoque un conflit entre la Terre et la principauté de Zéon…suite à une attaque d’une de leurs bases, des Terriens se voient contraint de fuir à bord d’un vaisseau dernier modèle avec à son bord nombre de civils qui se doivent d’assumer les fonctions militaires pour survivre…commence ainsi un long périple pour retourner vers la Terre et échapper à leurs poursuivants, un jeune garçon, Amuro, se retrouve malgré lui aux commandes du Gundam, dernier type de Mobile Suit, possédant des capacités incroyables !
C’est bien simple, on retrouve ici tout les éléments de Gundam Seed, qui apparaît du coup comme un remake de la première série, la remettant au goût du jour ! On reconnaît d’ailleurs le design des Mobil Suits qui seront repris plus tard, le Gundam et les Zaku en tête !

Il ne faut donc pas s’arrêter à la réalisation de ce film qui a immanquablement vieilli, mais sur son scénario et sur ses personnages plutôt travaillés, Amuro en tête qui se voit contraint et forcé de piloter une machine qui prend des vies, ce qui va à l’encontre de ses principes, il est donc envahi par le doute et la culpabilité…On peut juste regretter une approche un peu trop manichéenne du conflit, que les séries Gundam plus récentes gomment pour approfondir encore plus le récit, mais il faut ressituer dans le contexte de l’époque où il était coutume de trouver les gentils d’un coté et les méchants de l’autre…bon heureusement ce n’est pas non plus aussi tranché.
Malgré l’âge du film, BEEZ a fait de son mieux pour nous proposer le meilleur rendu possible qu’il s’agisse de l’image ou du son, mais il ne faut pas s’attendre à des miracles non plus…ils font ce qu’ils peuvent avec le matériel dont ils disposent ! Par contre pas de doublage ni de bonus !
En bref, un vieux film, qu’il serait dommage de bouder sous prétexte qu’il ne correspond plus à la tendance visuelle d’aujourd’hui !
Critique 2
Sortie en 1979, la série animée Mobile Suit Gundam est une oeuvre charnière qui a redéfini complètement les règles du genre mécha par son univers de science-fiction d'une richesse et d'une profondeur incroyable et par son concept novateur du real-robot. Bien que la série ne rencontra pas immédiatement le succès, elle devint un objet de culte pour un noyau de fans jusqu'à en devenir une sorte de mythe. Si bien qu'avec la popularité grandissante de la série, Sunrise décida de l'adapter sur grand écran en une série de trois films composant en grande majorité un résumé de l'animé. Le premier film sortit ainsi en salle en 1981, un an après la diffusion initiale de la série, et remporta enfin le succès qui allait permettre d'installer la franchise sur la durée, devenant un monument incontournable de l'animation japonaise trop injustement méconnu chez nous.

Nous sommes en l'an 0079 de l'Universal Century (soit en l'an 2124 de l'ancien calendrier grégorien). La Terre étant désormais surpeuplée, l'humanité est partie habiter dans de gigantesques colonies spatiales conçues en orbite autour de la Terre. Dans ces gigantesques cylindres, les hommes naissent, vivent et meurent. Suite à un coup d'état mené par la famille Zabi, les relations entre la Fédération Terrestre et Side 3, la colonie la plus éloignée de la Terre, se dégradent. S'autoproclamant Duché de Zeon, Side 3 revendique son indépendance, entraînant le début d'une guerre fratricide contre la fédération. Pendant le seul premier mois de la guerre, la moitié de l'humanité fut annihilée et les hommes ont appris à craindre leurs propres faits. Huit mois se sont écoulés ainsi et le conflit s'est enlisé dans le statut-quo.
Sur la colonie Side 7, la Fédération Terrestre conçoit en secret le Projet V: la construction d'un tout nouveau genre de mobile suit, le Gundam, dont les capacités révolutionnaires pourraient marquer un tournant décisif de la guerre. Revenant de mission, le commandant Char Aznable de l'armée de Zeon, jeune héros de guerre connu sous le surnom de "Comète Rouge" pour ses hauts-faits durant la Bataille de Loum, découvre l'existence du Gundam et mène une attaque commando contre Side 7. Alors que les colons se font massacrer sous les échanges de tirs, le jeune Amuro Ray, un adolescent, prend place à bord du Gundam pour sauver sa peau et repousser l'envahisseur. Les survivants de Side 7 se réfugient à bord du White Base, vaisseau de la fédération amarré au port spatial mais, la quasi-totalité des militaires ayant péris au cours de l'attaque, le jeune lieutenant Bright Noah est forcé de prendre le commandement du vaisseau et d'embrigader de jeunes civils pour piloter l'appareil et le défendre en cas d'attaque. Alors que l'escadron de Char Aznable continue de traquer le White Base durant son odyssée vers la Terre, l'équipage a pour mission de rejoindre la base de Jaburo en Amérique du Sud, bastion de l'armée de la Fédération Terrestre. Enfant qui vivait sa vie sans se soucier de la guerre, Amuro devient ainsi un soldat, obligé de combattre aux commandes du Gundam pour protéger le vaisseau et son équipage des assauts de Char Aznable. Mais un équipage composé de civils novices de la guerre et de pilotes débutants qui font leurs premières armes est-il en mesure de résister à l'un des commandos les plus redoutés de l'armée de Zeon ?
Reprenant fidèlement l'histoire de la série, le film démarre ainsi dans la paix apparente d'une petite colonie pour la voir rapidement sombrer dans l'enfer de la guerre. Et la guerre, c'est loin d'être joli ! On fait rapidement la connaissance de nos nouveaux héros, les jeunes adolescents Amuro Ray et Frau Bow, pour les voir tout aussitôt devenir orphelins au cours de l'attaque, alors que des tirs perdus ne laissent derrière eux que le triste spectacle de voir des centaines de corps sans vie sur leur chemin et sous leurs yeux. Traumatisés par cette première expérience, nos jeunes héros découvrent les horreurs de la guerre dont ils deviennent les victimes, envahis par le désespoir. Embarquant à bord du vaisseau White Base de la Fédération Terrestre, ils sont embrigadés de force dans l'armée et Amuro devient ainsi un soldat contre son gré, devant combattre les forces de Zeon aux commandes du Gundam, une arme de guerre révolutionnaire. Le commandant du vaisseau ennemi, Char Aznable, héros de guerre, deviendra alors son rival et ennemi juré au cours des nombreuses batailles qui les opposeront.

Très vite, on retrouve certains stéréotypes propres au genre shonen. A commencer par le protagoniste, Amuro Ray, qui est un jeune garçon banal et inexpérimenté qui se trouve à faire ses premières armes avec la traditionnelle histoire du passage de l'enfance à l'âge adulte. Et dans un monde en guerre comme celui de Gundam où de jeunes gens sont embrigadés de force dans le conflit, cette évolution prend une tournure assez particulière: notre enfant, arraché à son foyer par la guerre, va devoir se muer en adulte responsable au gré des batailles en devenant un soldat. Le reflet d'une jeunesse traumatisée qui se trouve à devoir combattre sur les champs de bataille à l'heure où elle devrait profiter de la vie, voilà à quoi ressemble le monde de Gundam, la manière dont on perçoit le conflit à travers leurs jeunes yeux. Bien évidemment, tout le monde n'est pas prêt à accepter cette situation et Amuro le premier. Traumatisé par ses premières expériences et effrayé par le changement qui s'opère en lui, notre jeune héros a peur de devenir adulte et d'entrer dans ce monde cruel, ce qui va occasionner bien des soucis à l'équipage du White Base pour qui Amuro est leur première "arme" en cas d'attaque de l'ennemi.
Le reste de l'équipage n'est guère plus âgé ou expérimenté et tous vont se forger au fil de leurs expériences. Si la plupart de ces personnages restent très secondaires au cours du film, presque de l'ordre du décor, on retient tout particulièrement le personnage de Bright Noah, jeune militaire peu habitué à commander des hommes, qui va incarner cette figure d'autorité contre laquelle Amuro va déverser sa haine et sa frustration au cours de sa transition difficile du jeune garçon au soldat. Très maladroit lui-même dans les relations humaines, Bright Noah va devoir aussi faire ses preuves en tant que capitaine et trouver un juste équilibre entre ce rôle qu'il se donne beaucoup de mal à assumer et ses liens avec ses subordonnés qu'il traite initialement avec distance, par crainte de voir son autorité remise en cause, ce qui va occasionner de nombreux conflits avec Amuro et avec d'autres membres de l'équipage qui ressentent son attitude comme de l'indifférence ou du mépris.
Leur adversaire principal, Char Aznable, est un militaire de légende. Admiré de tous, il est un pilote émérite et un tacticien de génie dont le seul nom suffit à semer la terreur dans l'esprit de ses adversaires. C'est un ennemi redoutable, mais aussi un homme bien mystérieux qui semble dissimuler bien des secrets sous le masque qui lui recouvre le visage. Ami de longue date de Garma Zabi, le fils prodigue de la famille qui dirige le Duché de Zeon d'une main de fer, Char Aznable est une énigme à lui tout seul, un être avisé et manipulateur qui semble utiliser cette guerre pour poursuivre ses réels objectifs. Vise t-il simplement à gravir les échelons de l'armée comme de nombreux autres militaires ou ses véritables intentions sont-elles autrement plus pernicieuses ?

Ce premier film, qui reprend l'histoire de la série à peu près jusqu'à la fin de l'arc de Garma Zabi, est loin encore de dévoiler toutes les cartes de son histoire très riche, ne faisant que poser les bases de l'univers et introduire le casting de personnages qui vit là ses premières batailles. A mesure des conflits, nos héros commencent à acquérir de l'expérience et à progresser, devenant plus efficaces lors des batailles, mais leurs adversaires deviennent aussi plus redoutables. Si les adversaires principaux de ce premier opus sont ainsi Char Aznable et Garma Zabi, le film ira un peu plus loin pour nous introduire un nouvel adversaire plus coriace qui nous présente un bref avant-goût de la menace qu'il incarnera dans l'opus suivant.
L'histoire se focalise pour l'heure essentiellement sur la thématique du passage de l'enfance à l'âge adulte à travers le personnage d'Amuro. Très développé, nous assistons à sa transition difficile en militaire avec ses doutes et ses crises de nerfs, mais aussi avec la terreur que peut inspirer un tel changement et qui prend toute son importance dramatique lors de ses retrouvailles avec sa mère, restée vivre sur Terre et qu'il n'avait plus revu depuis des années. Une mère horrifiée de découvrir que l'enfant qu'elle a connu et élevé est devenu un soldat capable de tuer des gens par instinct sans penser aux victimes de ces atrocités: les familles, les proches... C'est là que l'on réalise le parcours qu'a suivi Amuro depuis le début du film et son caractère irréversible: son enfance est derrière lui désormais et le monde qui l'attend aujourd'hui est la réalité de la guerre, comme tous les jeunes qui sont pris comme lui dans le conflit. Mais c'est là aussi qu'il découvre ses premières attirances pour les femmes, bien qu'il ait indéniablement le chic pour choisir les romances impossibles ou vouées à s'achever de manière tragique, mais cela fait aussi partie de son parcours et de son évolution.
C'est finalement tout cet axe qui permet au film de trouver sa cohérence interne. Car le fait est que ce premier opus pâtit d'un problème récurrent dès lors qu'il est question d'un film conçu comme la première partie d'un ensemble: l'absence de véritable finalité. Conçu comme un road-movie (à l'image de la série), le film ne nous raconte que la première partie du voyage et nous laisse miroiter sur la fin les événements qui nous attendent dans le film suivant, à la manière d'un film du Seigneur des Anneaux ou du Hobbit. Le voyage (et la mission initiale du White Base) n'arrivera à sa fin qu'au cours du deuxième film. Ce premier opus ne fait qu'introduire l'univers et les éléments narratifs qui permettront plus tard à l'histoire de prendre vraiment son envol dans les films suivants. Pour l'heure, on n'a encore rien vu de la véritable richesse de cet univers et il est donc vraiment important de voir ce film dans le cadre de la trilogie et non comme un film à part entière. Il est vraiment symptomatique du syndrome du "film en trois parties": ce n'est que la première partie d'un tout et c'est en étant associé aux deux parties suivantes que l'oeuvre prendra véritablement son sens.

Cela étant dit, on profite néanmoins pleinement de ce que le film a à nous offrir. En premier lieu, on voyage à travers un univers de science-fiction très riche qui possède une vraie dimension contemplative avec de superbes décors spatiaux, riches en détails. Certains plans contemplatifs du film sont aussi de magnifiques "peintures animées" à eux seuls. C'est aussi une oeuvre qui, à travers son univers et sa tonalité futuriste, nous parle de la réalité de la guerre, de ses drames et de ses victimes. A aucun moment nos héros ne sont épargnés, devant se confronter à cette réalité en permanence au cours de leur voyage. Aussi, si l'ensemble du casting n'est pas encore vraiment développé, on découvre déjà avec plaisir quelques personnages très intéressants, certains d'un charisme fulgurant, d'autres marquant par leur humanité crédible, comme Amuro Ray, Bright Noah, Char Aznable ou même Garma Zabi qui, bien qu'antagoniste, nous apparait comme un personnage digne d'une tragédie shakespearienne, à mi-chemin entre l'amant maudit Roméo et Othello trahi par son fidèle Iago. Un premier aperçu d'une galerie de personnages qui parviendront à nous fasciner bien plus par la suite (certains n'ayant pas encore révélé leur véritable profondeur, et d'autres personnages magnifiques feront aussi leur entrée plus tard).
Et puis surtout, l'un des grands mérites de cette version cinéma, c'est qu'elle ne nous laisse jamais l'impression de voir un simple résumé de la série. A aucun moment on ne nous donne l'impression qu'il manque quelque chose à l'histoire, bien que certaines évolutions sont peut-être légèrement rapides, au contraire l'ensemble a été complètement retravaillé et soigné en fonction de son nouveau support afin de créer vraiment "un film" à partir de l'histoire de la série. Ainsi de nombreux aménagements ont été faits en terme de scénario pour coller avec la limite de durée d'un montage de cinéma. Si la série présentait de nombreuses "chroniques de guerre" qui sont tout autant de batailles, le réalisateur Yoshiyuki Tomino a choisi avec soin les passages importants de son histoire qu'il souhaitait intégrer au film et retravaillé ensuite toute la cohérence de l'oeuvre à partir de ces séquences. Des scènes ou des séquences de transition ont ainsi été ajoutées pour coller à ce nouveau montage, tandis que Tomino a également revu sa copie de manière à modifier, rajouter ou supprimer certains éléments de manière à coller à la nouvelle cohérence de ces films et de se rapprocher davantage de sa vision initiale. Tous les éléments faisant trop super-robot (le Gundam transformable, les armes amovibles, le tissu dont s'enveloppe le Gundam lors de l'entrée atmosphérique) ont ainsi été supprimés ou remplacés par d'autres éléments plus crédibles, mais aussi moins kitschs et commerciaux. De même, le concept des newtypes est abordé (brièvement) dès le premier film, préparant ainsi un peu mieux les événements et les thématiques du troisième film et la cohérence des trois films comme un tout. De manière générale, cette version s'avère très aboutie et reste focalisée sur l'essentiel de l'histoire sans trop s'égarer sur des intrigues secondaires, ce qui conférera au final un vrai sentiment d'unité à la trilogie (malgré un caractère "segmenté" que l'on ressent malgré tout par moments, trahissant ses origines de série télévisée).

Enfin, ce qui marque le plus, c'est la dimension sonore retravaillée spécialement pour le film. Si les musiques de la série sont reprises une ou deux fois, l'essentiel de la bande originale est entièrement inédite et confère une véritable aura cinématographique à l'oeuvre avec des thèmes magnifiques (bien que n'étant pas aussi marquants que ceux de la série). De même l'ensemble des bruitages ont aussi été complètement retravaillés. Si la série originale comportait des bruitages très rétros qui lui donnaient un côté "daté" un peu kitsch, ici ils sont beaucoup plus réalistes et crédibles. Il y a eu un vrai soin apporté au niveau de tous ces bruitages qui sont omniprésents tout le long du film afin de véhiculer une atmosphère particulière, oppressante. Les quelques légèretés de la série ont disparu au profit d'un univers très sérieux et très sombre et beaucoup de ces choses passent justement par le son qui nous rappelle sans cesse l'univers en guerre dans lequel évoluent nos héros. C'est ce même son qui contribue aussi à la crédibilité et à la violence des batailles, apportant ainsi un plus considérable à l'immersion. La piste sonore 5.1 du DVD est vivement conseillée pour plonger pleinement dans cette ambiance.
Maintenant, il est clair que le film accuse aussi son âge par certains côtés et cela se ressent notamment au niveau de l'animation, similaire à celle de la série. Si elle s'avère de qualité très honorable pour l'époque, il est clair qu'aujourd'hui elle a bien vieilli. Si elle surprend par son dynamisme indéniable lors des séquences de bataille et par quelques plans magnifiques, il est clair que le côté rétro risque de perturber pas mal de monde. Mais ce côté rétro peut aussi avoir son charme si on s'y fait et ce n'est pas l'âge qui nuit à des oeuvres intemporelles telles que la série Albator 78 ou le film Galaxy Express 999. La trilogie Gundam peut s'ajouter à ces oeuvres là. Heureusement, la qualité d'image honorable du DVD permet d'apprécier pleinement cette réalisation d'époque.
Le DVD ne nous propose que le doublage japonais accompagné de sous-titres français. Ce n'est en rien un problème vu la très haute qualité de la version japonaise, les seiyus ayant fait un travail absolument remarquable pour faire passer la profondeur, la complexité et les émotions fortes de leurs personnages. On est notamment saisi par la maturité de jeu du jeune Toru Furuya, interprète du héros Amuro Ray (illustre inconnu à l'époque de la diffusion de la série, Gundam a véritablement lancé sa carrière), ou la voix charismatique et agréable de Shuichi Ikeda qui parvient à retranscrire toute la prestance et le machiavélisme du personnage de Char Aznable, sorte de Darth Vader de l'univers Gundam. La piste sonore 5.1 ne nous donne en plus jamais l'impression d'avoir affaire à un doublage d'époque, le son étant parfaitement net comme s'il avait été enregistré il y a seulement quelques années. Le tout est accompagné par un sous-titrage français de qualité, sans fausse note notable.

Pour le reste, cette édition DVD se révèle très basique, l'intention étant de toute façon de permettre l'accessibilité de ces films à une niche de fans et non pas de leur proposer une édition de collection que cette série aurait néanmoins amplement méritée. On se satisfera donc de cette édition que l'éditeur Beez nous propose en sachant qu'elle ne se vendra pas beaucoup, ce qui est bien dommage au regard de la qualité de l'oeuvre et de son importance historique dans la culture de la japanimation. On les remercie même de cette initiative risquée commercialement et de cette attention à l'égard des fans qui nous permet aujourd'hui de découvrir des oeuvres qu'il y avait bien peu de chance autrement de voir sortir un jour sur notre territoire.
En définitive, ce premier film de Mobile Suit Gundam est à voir dans le cadre de la trilogie, étant plus la première partie d'un (très) grand film qu'une oeuvre à part entière. Cet opus installe les bases de l'univers sur lesquelles les films suivants rebondiront ensuite pour nous créer une histoire unique en son genre, véritable oeuvre incontournable de l'animation japonaise. Pour autant, on est saisi d'emblée par la richesse de l'univers, par la profondeur de certains personnages et par le travail d'envergure qui a été opéré pour marquer efficacement la transition d'un format de série vers celui de films. L'ensemble est soigné et on se plait déjà à suivre le quotidien riche en péripéties des occupants du White Base, ainsi que cette représentation originale et mature de la guerre. On passera donc sur le classicisme de l'édition de Beez pour profiter pleinement de cette opportunité inouïe de découvrir là un très grand classique, de ceux qui marquent à jamais une vie de fan. Une oeuvre d'anthologie !