Happy-Go-Lucky Days - Combo DVD Blu-Ray - Actualité anime
Happy-Go-Lucky Days - Anime

Happy-Go-Lucky Days - Combo DVD Blu-Ray : Critiques

Critique du dvd : Happy-Go-Lucky Days - Combo DVD Blu-Ray

Publiée le Samedi, 02 Octobre 2021

Le marché du Blu-ray/DVD a beau être beaucoup moins important qu'avant depuis quelques années (avec l'irruption des plateformes), il arrive encore que certains éditeurs nous fassent la bonne surprise d'amener des animes n'étant, à ce jour, disponibles par aucun autre moyen que le support physique. C'est le cas du film d'animation qui nous intéresse ici: Happy-Go-Lucky Days. Sortie chez Kazé fin septembre dans une édition combo DVD/Blu-ray au prix public de 24,99€, cette oeuvre de 54 minutes (génériques inclus) n'est effectivement, à ce jour, accessible sur aucune plateforme française. Et s'il s'agit d'une sortie nous faisant particulièrement plaisir ici, c'est avant tout parce que ce film adapte Dônika Naru Hibi, un superbe manga malheureusement toujours inédit en France et que l'on doit à une excellente autrice qui fut trop longtemps un peu boudée dans notre pays, Takako Shimura.



Takako Shimura est une grande dame du manga féminin qui officie depuis 1997, et qui, il y a encore un an et demi, n'était connue en France que pour l'excellente série Fleurs Bleues, sortie chez Asuka/Kazé Manga entre 2009 et 2015, et qui a connu en 2009 une adaptation animée qui a mis du temps à arriver en France puisqu'elle est disponible chez nous depuis seulement août 2021 via la plateforme ADN. Depuis 2020, les éditions Akata ont entrepris d'enfin mieux faire connaître en France l'oeuvre de cette artiste importante, tout d'abord avec Si nous étions adultes..., l'une de ses dernières séries en date (toujours en cours actuellement) qui fut d'abord lancée en avant-première numérique au printemps 2020, tandis que le tome 1 papier sortira en novembre. Depuis, Akata a lancé en France un autre manga de l'autrice cette année: Comme un adieu. Parmi les oeuvres bien connues de Shimura, on peut aussi citer, entre autres, Hôrô Musuko, la plus longue série de sa carrière, dont les 15 volumes furent publiés au Japon entre 2002 et 2013, et qui a connu en 2011 une série animée. Malheureusement, malgré sa réputation, Hôrô Musuko reste toujours inédit en France à ce jour, autant en manga qu'en anime.

Dônika Naru Hibi, de son côté, est une courte oeuvre en 2 volumes, se composant en réalité de plusieurs histoires courtes parfois gentiment érotiques et explorant surtout les relations humaines et la sexualité. Datant des premières années de carrière de la mangaka, ce manga fut prépublié au Japon en 2002-2003 dans le magazine Manga Erotics F de l'éditeur Ohta Shuppan, très bon magazine qui a également accueilli, entre autres, Fleurs Bleues, La fille de la plage d'Inio Asano, ou encore Snegurochka de Hiroaki Samura.



Quant à l'adaptation animée qui nous intéresse ici, elle est bien plus récente puisqu'elle est sortie au Japon le 23 octobre 2020, après un report dû à la situation sanitaire puisque sa sortie était initialement prévue le 8 mai 2020. Pour son staff principal, on retrouve le studio Liden Films Kyoto Studio, la branche de Kyoto du studio Liden Films (qui s'est fait remarquer cette année pour les animes Tokyo Revengers et Farewell My Dear Cramer, entre autres), à la production de l'animation. La réalisation a été confiée à Takuya Satô (Steins;Gate, Wixoss, Kase-san...), les musiques au groupe japonais CreepHyp, le design des personnages à Haruka Sagawa (surtout active à d'autres postes, mais que l'on retrouvera bientôt au character design de Child of Kamiari Month), et la direction artistique à Yukihiro Saitô (Farewell My Dear Cramer, Juliet au pensionnat, Magical Sempai...). En fin, pour ce qui est du scénario de chacune des 4 parties, Takuya Satô s'est chargé lui-même de la partie 1, tandis que la partie 2 a été confiée à Yoriko Tomita (plusieurs épisodes de Hi Score Girl, Fire Force, ou plus récemment Build Divide -#00000 (Code Black)-), et les parties 3 et 4 à Yasunori Ide (surtout connu en tant que storyboarder, ou en tant que réalisateur de quelques animes comme Please Twins).



Happy-Go-Lucky Days se compose donc de 4 parties d'une douzaine de minutes chacune, et dont les deux dernières sont plus intimement connectées.
La première partie nous invite à suivre la relation naissante entre deux femmes qui, par le passé, furent toutes deux amoureuses de la même fille à des époques différentes. Touchées en assistant au mariage de cet ancien amour qu'elle n'ont jamais oublié, elles vont se rapprocher l'une de l'autre, comme pour essayer de combler ensemble leur blessure commune.
La deuxième partie nous invite à découvrir un enseignant sérieux, et à vrai dire si sérieux qu'à son âge il n'a toujours personne dans sa vie. La soudaine déclaration d'amour de l'un de ses élèves va-t-elle y changer quelque chose, ou pas du tout ?
Dans la troisième partie, une étudiante taquine et plutôt portée sur la chose, désavouée par sa famille après avoir tourné dans des vidéos pour adultes, trouve refuge dans la famille de son jeune cousin qui entame tout juste sa puberté. Forcément, à son âge où l'on vit ses premiers émois amoureux et sexuels, le jeune garçon est très troublé par la présence de cette cousine assez cash. mais c'est tout autant le cas de sa plus proche amie et potentielle amoureuse, une camarade de classe qui, en découvrant l'une des vidéos adultes de la jeune femme, commence à s'intéresser un peu plus à la chose.
Enfin, la quatrième et dernière partie nous fait retrouver les deux enfants de la partie 3, quelques années plus tard. Entre eux deux, comment la situation a-t-elle (ou n'a-t-elle pas) évolue au fil du temps, maintenant qu'ils sont au lycée ?



Vous l'aurez peut-être déjà compris au fil de ces quelques lignes: Takako Shimura est une mangaka qui, depuis toujours, et de façon assez novatrice à certaines époques de sa carrière, n'a jamais hésité à aborder les relations amoureuse et la sexualité dans toute leur diversité. Rien que concernant ses trois seuls mangas sortis en France à ce jour, Fleurs Bleues met en scène les premiers émois amoureux de jeunes adolescentes dans un lycée pour filles, Si nous étions adultes... propose un amour complexe entre deux femmes qui se cherchent, et Comme un adieu narre la relation entre deux hommes mise à mal par le soudain retour en enfance (physiquement) de l'un des deux. L'artiste s'applique souvent à briser des tabous pour faire bouger les lignes, quitte parfois à volontairement troubler son lecteur face à des situations complexes à appréhender (par exemple, dans Comme un adieu, le héros retombé en enfance garde son esprit d'adulte, et tous les désirs qui vont avec), ou à jouer sur une pointe d'érotisme comme c'est le cas dans le manga d'origine de Happy-Go-Lucky-Days. Dans cet anime, on retrouve ainsi toute la teneur de ce qui peut faire un manga de Shimura: des relations plus ou moins vues comme taboues (l'élève faisant une déclaration à son prof, le jeune garçon ressentant de l'attirance pour sa cousine, sa plus proche amie essayant de riposter en se voulant plus "adulte" qu'elle ne l'est après visionnage de la vidéo adulte...), pour un résultat qui n'est jamais gratuit, car très souvent, ces émois et désirs (parfois premiers émois) ne se concrétisent pas, reste réalistes. Simplement, Shimura pose sur tout ça un regard surtout très tendre, bienveillant et doux-amer, où elle ne juge personne et présente des petits tréfonds très humains qui peuvent faire partie de la vie.



Pour tout ça, le manga d'origine est vraiment beau... mais est-ce qu'avoir un très bon matériau de base suffit à faire un excellent anime ? Evidemment non. Et de ce côté-là, ce film d'animation a pas mal de qualités, mais aussi quelques défauts.
La plus évidente des qualités est le respect que l'équipe a voulu apporter envers le manga originel: concrètement, on retrouve vraiment tout ce qui fait le style de Shimura dans les thèmes et dans l'atmosphère, l'ensemble étant d'autant mieux rendu par une animation qui ne fait jamais dans l'esbroufe (ça reste très posé, avec une certaine économie de moyens techniques), par une narration mettant en lumière les personnages, et par des musiques simples et parfois assez touchantes (notamment les morceaux de violon) collant bien au côté doux-amer. Egalement, afin de rendre le film un peu plus accessible que le manga, les quelques notes d'érotisme ont été largement occultées, en préférant sous-entendre plutôt que montrer, ce qui fait qu'il n'y a aucune nudité, et que quelques câlins ou caresses peuvent suffire à faire cerner un lien.
Mais Happy-Go-Lucky Days souffre malgré tout de sa brièveté: quatre histoires en 54 minutes (même moins en retirant les génériques), c'est forcément peu. En une douzaine de minutes chacun, les récits demandent à ce qu'on s'y immisce bien vite, que l'on s'y laisse porter sans attendre de gros approfondissements. On peut avoir l'impression de moments de vie restant trop lisses sur certains points. Concernant le rendu technique, si l'on ne reviendra pas sur la qualité d'animation assez minimaliste qui colle très bien aux récits et à l'ambiance voulue, il sera possible de trouver le design des personnages, rond et simple, un peu trop aseptisé par rapport au style initial de Shimura, même s'il dégage beaucoup de douceur. Enfin, il convient de signaler que ce film n'est qu'un "long extrait" du manga d'origine: adapter en 54 minutes les deux volumes du manga aurait été impossible, et des choix ont donc été faits dans les histoires.



Alors, sans être excellent (on aurait surtout aimé que le film dure plus longtemps), Happy-Go-Lucky Days reste pourtant un film qui saura sans aucun doute toucher une niche, séduire par son atmosphère, émouvoir dans ses brefs portraits de vie, tout en cherchant à rester très fidèle aux thématiques parfois taboues et aux ambiances douces dont est capable Takako Shimura.

Abordons à présent l'édition de Kazé... eh bien, qui est un peu cheap par rapport au prix. A 24,99€ les 54 minutes en vostf, on aurait pu s'attendre à quelques bonus, mais rien du tout hormis un teaser du film. Si la piste sonore en 5.1 est très fluide, on regrettera une qualité d'image pas impeccable qui plus est pour un film si récent, avec quelques traces de colorbanding lors de quelques instants plus "vifs". Ca ne choque vraiment pas, mais des yeux avertis pourront le remarquer assez facilement. Quant au packaging, il reste très simple: un digistack transparent, composé de deux plateaux contenant chacun un disque (le DVD et le Blu-ray), et protégé par un étui en carton souple mais tout de même assez épais. Même si la face extérieure du digistack permet quand même d'afficher deux jolies illustrations, on aurait espéré un ensemble un peu moins cheap pour un tel prix (ne serait-ce qu'un digipack qui aurait permis de plus amples illustrations). Mais bon, ne râlons pas trop; de nos jours, avoir sur support physique un film aussi intime, aussi réservé à une niche, c'est en soi quelque chose d'appréciable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14.5 20
Note de la rédaction