Aragami - Actualité anime

Critique du dvd : Aragami

Publiée le Dimanche, 30 Janvier 2011

Ryuhei Kitamura est sans doute l’un des réalisateurs de la nouvelle vague les plus connus, il a imposé son style inimitable au travers de sa filmographie (pas spécialement varié), en s’associant toujours avec les mêmes acteurs, en utilisant toujours les figures de style…on aime ou on déteste, mais il ne laisse pas indifférent.
S’étant fait connaître par son film culte et kitsch Versus, ayant adapté Alive, Sky High, responsable du grand classique Azumi et s’étant attaqué à la franchise Godzilla avec son « Final Wars » assez particulier, le réalisateur amoureux des « tronches » de ciné, des plans fixes sur les visages et des scènes d’actions énergiques sur fond de Metal nous livre ici un film beaucoup plus intimiste…mais tellement excellent !

Tout est parti d’un simple pari entre deux réalisateurs, Kitamura donc, mais aussi Yukihiko Tsutsumi (qui réalisera plus tard 20th century boys et Beck). Les deux jeunes réalisateurs, qui n’en était à l’époque presque qu’à leurs coups d’essais, devaient réaliser un film sur un thème bien précis : le duel ! De là est né le « Duel project » et ses deux films tellement originaux. Les règles étaient simples, les films ne devaient compter que deux personnages, se dérouler dans un lieu unique et être réalisé en une semaine. Forcément on s’attend alors à tomber sur deux ratés mais il n’en sera rien, et au contraire, il en ressortira deux des films les plus intéressants du cinéma Japonais récents. Si ma préférence va sans aucun doute à Aragami, le film de Tsutsumi, 2LDK, n’est pas en reste pour autant.

L’intrigue de départ est des plus simples : deux samouraïs gravement blessés pénètrent dans un temple. Un seul se réveillera, accueilli par un hôte étrange. Aussi bizarre que cela puisse paraître, notre samouraï est guéri de ses blessures. Il va passer la nuit avec cet inconnu qui prétend avoir pris soin du corps de son camarade.
Le scénario est donc limité, mais ce n’est pas l’intérêt du film, celui ci repose dans le face à face des deux hommes. On ne saura quasiment rien sur eux, ni comment ils se sont retrouvés là, ni pourquoi ils étaient blessés…cela n’a aucune importance. On a juste besoin de savoir que l’hôte est immortel et cherche depuis trop longtemps un guerrier qui sera capable de le tuer. Les deux protagonistes vont alors débattre de plusieurs points, y compris de la présence de démons se cachant parmi les humains, alors que ces non humains ignorent eux mêmes leur nature. Il fallait bien que Kitamura apporte une touche de fantastique et de mysticisme, on aurait été déçu dans le cas contraire. Et bien entendu, égal à lui même il en rajoute en nous dévoilant l’identité de ce mystérieux samouraï immortel, mais mine de rien cela frappe.

Réaliser un film en une semaine avec seulement deux acteurs, cela inquiète forcément, autant faire une pièce de théâtre…mais c’est sans compter le style unique de Kitamura qui alterne les angles de vues, tout en sachant mettre en scène de longs plans fixes. Il les alterne avec des gros plans sur les visages, gros plans dont il raffole. Tant dans la réalisation que dans le jeu, ou encore les dialogues, la tension monte peu à peu, le malaise s’installe puis apparaît une sorte de décontraction paradoxale qui donne un ton incroyable au film.
Toujours dans le style du réalisateur, les anachronismes sont nombreux : qu’il s’agisse des lames des combattants qui s’éloignent grandement des katanas classiques ou encore dans la musique énergique qui ne colle pas aux images…mais tellement à l’ambiance. Les amateurs de Metal se régaleront du générique de fin par exemple.
Les chorégraphies sont très réussies, et là aussi se mêlent réalisme et extravagance.

Pour ce qui est des acteurs, ça va vite puisqu’ils ne sont que deux : Takao Osawa, le samourai, est l’un des fidèles de Kitamura, qui avait déjà un rôle essentiel dans Versus. Il joue à la Japonaise, c’est à dire qu’il surjoue mais cela reste correct. Et on reconnaît Masaya Kato qui joue l’homme du temple, lui beaucoup plus en subtilité, sans aucun doute l’un des acteurs Japonais les plus charismatiques qui soient. Une femme s’est glissée dans le film, la servante du temple…elle ne sert à rien. Et enfin, bien évidemment à la toute fin du film on retrouve Tak Sakaguchi, l’acteur le plus fidèle du réalisateur (et accessoirement sans doute le plus mauvais acteurs Japonais, un poseur mono-expressif mais qui possède malgré tout un certain charisme).

La Version française est plutôt convaincante, même si il faut un certain pour s’habituer à la voix du samouraï, bien trop jeune pour coller au personnage.

Le film est très court, il ne dure que 70 minutes mais chacune d’elles est à savourer. Ce film restera une expérience originale qui marquera les esprits.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Note de la rédaction