Pandemonium - Actualité manga
Pandemonium - Manga

Pandemonium : Critiques

Pandemonium - Majutsushi no Mura

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 09 Avril 2015

Ki-oon n'a de cesse de nous proposer dans sa collection « Latitudes » des œuvres toujours plus originales, souvent oniriques et poétiques, mais toujours hors-norme. C'est le cas de Pandemonium, un titre ne comptant que deux tomes, de Sho Shibamoto, arborant des couleurs sombres pour mieux nous plonger dans une ambiance incroyable.




Le Pandémonium, dans la littérature classique n'est autre que la capitale des enfers, là où Satan en personne convoque ses démons… C'est ainsi qu'est perçu « le village des difformes », là où « ceux qui hantent le ciel » vivent loin des gens superstitieux et craintifs de leurs pouvoirs incroyables pouvant faire tomber la foudre et ramener les morts.

Zipher vient de perdre sa bien-aimée, touchée justement par la foudre, il entreprend alors un long et dangereux périple vers cette cité que tout le monde redoute afin de demander l'aide de ses habitants pour lui rendre la vie. Mais une fois sur place il se rend compte que les choses sont bien différentes de ce à quoi il s'attendait...mais pour autant sa détermination ne diminue pas, et il ne compte pas quitter ce village étrange avant d'avoir obtenu ce qu'il souhaite !





Dès les premières pages de ce titre saisissant, nous découvrons un univers sombre et pessimiste où les croyances prévalent sur tout le reste, et cette ambiance si particulière ne nous quittera pas jusqu'à la fin du premier tome avant de connaître un virage radical dans le second volume.

Cette ambiance si spéciale, presque à la fois envoûtante et dérangeante, où la féerie se mélange avec le malsain n'est pas sans rappeler les univers de Tim Burton, sombres et mélancoliques. Et un peu à la manière de Disney, les personnages apparaissant dans ce titre sont des animaux, mais là encore on s'approche plus de l'univers Burtonnien avec une volonté de les déshumaniser. Ainsi le lecteur prend de la distance par rapport aux personnages, s'appuyant davantage sur leur côté bestial.



Ce parti pris est également une facilité pour représenter les difformes du village, qui se trouvent être un amalgame de différents animaux, à la fois inquiétants et monstrueux pour la plupart tout en étant majestueux pour certains.
Les tomes de la série se distinguent clairement : dans le premier nous sommes sur le registre de la rêverie, de l'onirisme, alors qu'avec le second nous revenons sur le plan de la dure réalité et de toute sa cruauté, on pourrait également les opposer sur le registre de l'espoir et de celui du désespoir.


Dans un premier temps donc, nous découvrons le village des difformes au travers du regard d'un étranger. Cet étranger c'est aussi le lecteur qui apprend le fonctionnement du village et découvre ses habitants en même temps que Zipher. Nous nous posons les mêmes questions que lui en ce qui concerne le village et ses habitants, et tout comme lui nous espérons que derrière tout ceci se cache de la magie.


Mais parallèlement à ça nous découvrons également Zipher, personnage habité par une grande souffrance, ce qui fait de lui un être refusant que la magie n'existe pas, il refuse le rationnel pour se rattacher à l'irrationnel : sa fiancée doit revenir à la vie parce qu'il ne peut en être autrement ! Il refuse de voir ce qu'il n'accepte pas, ce qui ne lui convient pas, les difformes, sont forcément magiciens, ils ne peuvent pas être seulement des reclus fuyant le monde à cause de leurs différences.
Cette obsession fera de lui un personnage quasiment pathétique, et ce dans les deux sens du terme, il inspirera tantôt la pitié, tantôt le mépris.



Complètement à l'opposé de ce dernier on découvre Domika, une renarde difforme vivant avec les reclus. Elle n'est que gentillesse et compassion, mais s'avère également très naïve. Ainsi un rapport de confiance / manipulation s'établit entre les deux personnages.

Leur relation est d'autant plus intéressante qu'entre la difforme et celui qui ne l'est pas, le « monstre » n'est pas celui qu'on croit !



Dans le second tome, les rapports changent, notamment avec l'apparition d'un troisième personnage lui aussi d'importance, qui va endosser la folie de Zipher pour que ce dernier puisse rouvrir les yeux et quitter ce monde onirique pour se confronter à la réalité. C'est alors ce nouveau personnage qui est obsédé par l'existence d'une prétendue magie et qui refuse de croire qu'elle n'existe pas. Par cette obsession il va alors justifier des actes qui n'ont aucune justification !

La réalité du monde extérieur rattrape alors le monde des difformes, ils sont à nouveau confrontés au regard et au jugement des « normaux », à la violence et à l'injustice qu’entraîne la peur de la différence…
Ainsi l'auteur nous propose une réflexion intéressante sur notre monde tout en prenant de la distance en faisant de ses personnages des animaux et en les intégrant dans un univers mystique.





La parfaite maîtrise de l'auteur est ici flagrante, il arrive sans mal à nous entraîner dans cet univers à la fois dérangeant et envoûtant. La couleur, dans des teintes marron ocre, renforce cette ambiance pessimiste et sombre, mais malgré tout du plus bel effet, cela accentue cette oppression et cette image de monde triste et désolé.
Le plus gros bémol de ce titre remarquable est sa fin, beaucoup trop « happy end » pour être crédible au vu de l'ensemble de la série, elle vient nuancer le message de l'auteur et transforme cela en utopie.
Ki-oon fait ici un travail de grande qualité, et publie les tomes dans le sens de lecture occidentale pour ceux qui seraient encore réfractaires au sens de lecture Japonais et ainsi peut être toucher un plus large public.



Une très belle surprise qui ne pourra que séduire le lecteur !

Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
18/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

18.00,16.00

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