L'île de stéméraires est un manga historique, qui a pour un thème une facette peu connue en Europe de la résistance désespérée qu'opposèrent les Japonais à l'avancée des Américains dans le Pacifique, jusqu'aux frontières de leur pays. En effet, si les kamikazes, ces avions suicides qui se jetaient sur les navires ennemis, ont fait l'objet de nombreux films et documentaires, il n'en va pas de même des kaïtens, qui étaient des torpilles sous-marines, lourdement chargées d'explosifs, qu'un pilote devait manvoeuvrer afin de la faire exploser contre la coque des bâtiments américains.
Satô Shuho nous offre avec ce titre un récit très documenté, mais auquel il a donné une orientation toute particulière. Le protagoniste est en effet un jeune Japonais, Wtanabe, qui n'a guère envie de mourir lorsqu'il s'enrôle dans le corps des pilotes de kaïtens. Tout l'art du récit de Satô tient à ce qu'il cherche à montrer et à comprendre comment, peu à peu, suite à diverses rencontres, divers événements, ce jeune homme plus intéressé par le dessin que par les valeurs militaires, va finir par souhaiter piloter une kaïten, et aller ainsi au devant d'une mort certaine (attention : la série n'est pas terminée au moment où j'écris, et je ne vous dis pas qu'il va mourir : mais il finit par aspirer à ce destin).
Malgré ce sujet très sérieux, le récit n'est pas du tout didactique. Il est au contraire très humain, très axé sur le psychologie des personnages, et pas du tout va-t'en-guerre ni nationaliste, du moins au sens élémentaire du terme. De plus, l'auteur fait alterner des scènes d'introspection avec de longues scènes d'action, magnifiquement menées et orchestrées, avec de vrais suspens, et, qui plus est, sans jamais se répéter. Pour ceux et celles qui aiment les histoires de sous-marins, comme c'est mon cas, on a là un vrai petit bijou de narration, et une belle leçon de story-telling.
Le seul bémol, peut-être, est le rythme que l'on peut trouver un peu lent ici ou là, ou la nature un peu contemplative de certaines planches. Mais, pour ma part, je trouve que ce rapport au temps, qui est plus oriental qu'européen, sert on ne peut mieux le récit, et permet justement au personnage d'évoluer dans le temps, de manière plutôt crédible.
De JeanMichel [205 Pts], le 10 Juillet 2016 à 14h53
L'île de stéméraires est un manga historique, qui a pour un thème une facette peu connue en Europe de la résistance désespérée qu'opposèrent les Japonais à l'avancée des Américains dans le Pacifique, jusqu'aux frontières de leur pays. En effet, si les kamikazes, ces avions suicides qui se jetaient sur les navires ennemis, ont fait l'objet de nombreux films et documentaires, il n'en va pas de même des kaïtens, qui étaient des torpilles sous-marines, lourdement chargées d'explosifs, qu'un pilote devait manvoeuvrer afin de la faire exploser contre la coque des bâtiments américains.
Satô Shuho nous offre avec ce titre un récit très documenté, mais auquel il a donné une orientation toute particulière. Le protagoniste est en effet un jeune Japonais, Wtanabe, qui n'a guère envie de mourir lorsqu'il s'enrôle dans le corps des pilotes de kaïtens. Tout l'art du récit de Satô tient à ce qu'il cherche à montrer et à comprendre comment, peu à peu, suite à diverses rencontres, divers événements, ce jeune homme plus intéressé par le dessin que par les valeurs militaires, va finir par souhaiter piloter une kaïten, et aller ainsi au devant d'une mort certaine (attention : la série n'est pas terminée au moment où j'écris, et je ne vous dis pas qu'il va mourir : mais il finit par aspirer à ce destin).
Malgré ce sujet très sérieux, le récit n'est pas du tout didactique. Il est au contraire très humain, très axé sur le psychologie des personnages, et pas du tout va-t'en-guerre ni nationaliste, du moins au sens élémentaire du terme. De plus, l'auteur fait alterner des scènes d'introspection avec de longues scènes d'action, magnifiquement menées et orchestrées, avec de vrais suspens, et, qui plus est, sans jamais se répéter. Pour ceux et celles qui aiment les histoires de sous-marins, comme c'est mon cas, on a là un vrai petit bijou de narration, et une belle leçon de story-telling.
Le seul bémol, peut-être, est le rythme que l'on peut trouver un peu lent ici ou là, ou la nature un peu contemplative de certaines planches. Mais, pour ma part, je trouve que ce rapport au temps, qui est plus oriental qu'européen, sert on ne peut mieux le récit, et permet justement au personnage d'évoluer dans le temps, de manière plutôt crédible.