Zéro pour l'éternité Vol.3 - Actualité manga

Zéro pour l'éternité Vol.3 : Critiques

Eien no zero

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Juillet 2013

Au fil des deux premiers témoignages qu'il a pu recueillir, Kentarô a vu son avis sur son grand-père Kyûzô Miyabe changer petit à petit, et le jeune homme a désormais une vision plus optimiste de son ancêtre, vu tantôt comme un lâche, tantôt comme un homme qui connaissait la valeur de la vie. En compagnie de la mignonne Kaïha, il achève de façon positive sa rencontre avec Mr Ito, en ayant en tête l'image d'un aïeul également soucieux des siens.

Revenu aux côtés de sa soeur Keiko, Kentarô fait alors la rencontre d'un journaliste, Ryûji Takayama, désireux d'aborder le sujet des kamikaze dans les documentaires sur la guerre qu'il prépare, et souhaitant alors se renseigner auprès de lui. Se confrontent alors deux visions des kamikaze, celle que se forge peu à peu Kentarô, et celle du journaliste, soulevant une certaine réalité en évoquant l'aspect volontaire de personnes prêtes à mourir pour leur Empereur et leur patrie. Au fil de cette conversation, le lecteur a tout le loisir de bien cerner les nuances de cette question du volontariat des kamikaze, en comprenant que rien n'est tout rose ou tout noir. Les clichés sur les kamikaze continuent de se fissurer, mais pas question non plus pour les auteurs de prendre le parti inverse. On reste sur un récit qui trouve le ton juste, apporte les nuances nécessaires sans prendre parti, s'intéresse avant tout aux hommes se cachant derrière les kamikaze... Et au bout du compte, une nouvelle question vient tarauder Kentarô : pourquoi Kyûzô s'était-il engagé ?

Kentarô et Keiko entreverront peut-être la réponse à travers leur troisième témoignage : celui que Genjirô Izaki, vétéran de Rabaul séjournant désormais à l'hôpital, qui va offrir aux deux jeunes adultes une vision toujours plus claire de Kyûzo...
Ce nouveau témoignage nous plonge dans une nouvelle période de la guerre du pacifique : Rabaul, puis Guadalcanal. Après avoir abordé avec justesse et beaucoup de nuances Midway dans le tome précédent, les auteurs offrent à nouveau un récit clair, qui fait ressortir avec fluidité les enjeux stratégiques que représente notamment la base de Guadalcanal, tandis que les batailles aériennes sont toujours croquées de façon concise mais pertinente, avec ce qu'il faut d'informations. Ainsi prend-on parfaitement conscience des risques fous pris par les aviateurs s'élançant vers Guadalcanal...
Et de fil en aiguille, on voit se dévoiler dans le récit d'Izaki un Kyûzô décidément différent des autres dans la valeur qu'il accorde à la vie. Petit à petit, les secrets du défunt Miyabe se dévoilent, comme le secret de sa force et la raison tellement humaine qui le pousse tant à vouloir rentrer au pays vivant. Déjà soucieux de la vie avant, Miyabe laisse encore entrevoir un peu plus toute la valeur qu'il accorde à celle-ci, n'hésitant pas à passer pour un trouillard en cherchant à tout prix à se protéger et à protéger ses compagnons, histoire de ne pas faire de mort inutile. Et c'est bien cela qui a sauvé à plusieurs reprises un Izaki souvent proche de la mort. Izaki qui, lui-même, a alors pu mieux cerner, peu à peu, le vrai Miyabe, celui se cachant sous des allures de trouillard.

Le témoignage d'Izaki n'est pas encore fini à la fin de ce tome, et semble encore loin de l'être, mais en tout cas il passionne dès le départ. Les explications historiques et scènes de bataille vont à l'essentiel en restant claires, et le portrait de Kyûzô Miyabe continue de se dessiner peu à peu, laissant entrevoir dans la série une profonde humanité bien éloignée des habituels clichés sur les kamikaze et leur patriotisme exacerbé. Une lecture subtile, d'une richesse inouïe, habilement documentée, et qui n'oublie pas non plus de rester divertissante.


 


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs