Zenkamono - Repris de justice Vol.3 - Manga

Zenkamono - Repris de justice Vol.3 : Critiques

Zenkamono

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Avril 2021

Tout en vivotant grâce à deux jobs précaires, Kayo Agawa poursuit sa fonction bénévole d'agente de probation, notamment pour se sentir utile et ne pas avoir le sentiment de travailler uniquement pour subvenir à ses besoins premiers. Mais au fil de ce quotidien où il reste délicat de jongler entre ses occupations, le doute subsiste toujours en elle. D'un côté, son patron dans la livraison de journaux la reprend quand elle fait des bourdes, tandis que de l'autre son supérieur à la supérette se montre toujours aussi odieux dans ses réflexions oscillant entre sexisme et humiliation. Alors quand la jeune femme a un jour de congé, il ne lui en faut pas plus pour qu'elle rumine face à ses vieux démons. Son angoisse face à l'avenir, son désert affectif, sa honte de ne vivre que de petits boulots... et une interrogation qui la taraude toujours: pourquoi exactement est-elle devenue agente de probation ? En plus de la présence de Midori, l'une des jeunes femmes dont elle a la charge et qui se considère désormais comme une amie, la jeune agente de probation poursuit alors cette fonction en continuant de s'interroger, au gré de nouvelles rencontres dont deux nouvelles reprises de justice dont elle a la charge...

C'est toutefois un autre type de rencontre que la jeune femme fait dans les 50 premières pages, à savoir le dénommé Usui, un homme qui, des années plus tôt, a lui-même été un repris de justice sous les "bons soins" d'un agent de probation qui est loin de lui avoir laissé un bon souvenir, pour des raisons que l'on découvrira bien vite. Personnage voué à être récurrent puisqu'on le retrouvera plus loin dans le tome, Usui permet d'interroger un peu plus la fonction d'agent de probation, via une vision des choses un peu différente de celle dont Agawa veut se convaincre. L'utilité ou non de cette fonction, l'hypocrisie ou non de l'Etat et de la société dans cette démarche... sont des éléments que les auteurs évoquent alors, sans donner de réponse toute faite, d'autant plus qu'il est forcément possible que tout dépende de la nature de l'agent de probation en question, celui d'Usui ayant été loin d'un réel bon accompagnateur. Mais à travers le passé, l'enfance dure d'Usui, c'est aussi autre chose que les deux mangakas commencent à aborder: l'impact que peut inévitablement avoir un parcours difficile, dépourvu depuis l'enfance des repères d'affection et d'éducation habituels.

Et ce dernier aspect aura précisément un rôle-clé dès lors qu'arrive la nouvelle jeune femme qu'Agawa doit accompagner dans sa réinsertion: Tamiko Tamura, 25 ans, récemment condamnée pour usage de stupéfiants, et dont le cas (voué à se poursuivre dans les tomes suivants) risque d'être plus complexe que notre héroïne ne pourrait le croire malgré toute sa bonne volonté. Midori la met d'ailleurs vite en garde: une toxico comme ça, sans le moindre repère, risque de vite être délicate voire envahissante, encore plus au vu de l'enfance désastreuse de cette fille, une enfance passée sans éducation (c'est à peine si elle sait lire), sans affection, à se faire battre et violer au point de penser que c'est ça qui est normal... En plus d'offrir un certain portrait plutôt nuancé et délicat de la condition des toxico, les auteurs cherchent alors surtout, une nouvelle fois, à décrypter l'humain qui se cache derrière, quand bien même les avancées se font parfois avec des gros sabots (Tamiko qui se voit approchée d'emblée par un vieux pervers dès les débuts de son nouveau job, mouais).

Quant à la dernière "affaire" du volume, où Agawa doit épauler une femme de 80 ans prise pour vol à l'étalage, elle est intéressante, elle aussi, pour l'aspect humain qui se cache derrière le premier abord, quand bien même l'ensemble est rapide. De front, les auteurs évoquent volontiers certains éléments de société, par exemple autour de la difficulté de joindre les deux bouts, mais en fond cette vieille dame réserve quelques "surprises" intéressantes qui en font un personnage là aussi réussi, humain, avec son propre parcours ni tout blanc ni tout noir.

Le principal petit problème vient sûrement du côté un peu forcé de certaines situation, de certaines avancées. Mais dans le fond, Zenkamono reste un récit vraiment intéressant et ayant à coeur d'explorer avec assez de profondeur ses personnages. Il en résulte à la fois des portraits humains touchants, et un abord délicat de la fonction d'agent de probation, l'ensemble étant encore relevé des quelques références littéraires bien exploitées.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs