Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 14 Avril 2023
Si les aventures de Yugi Mutô ont bercé l'enfance et l'adolescence de beaucoup d'entre nous, bien des lecteurs et spectateurs se sont détachés de Yu-Gi-Oh! Après la série principale, voire après GX, sa séquelle. Beaucoup savent que d'autres séries ont été produites, sans forcément s'y être penchées davantage. Les concepts de ces séries, leurs esthétiques ainsi que les nouvelles mécaniques de cartes, auront contribué à éloigner une part de l'audimat francophone. À ceci s'ajoute une trop grande inconsistance dans la distribution de ces nouveaux dérivés : Les séries animées GX, 5D's, Zexal et Arc-V n'ont même pas été diffusées intégralement sur nos écrans, les dernières séries étant tout bonnement inédites. Si la communauté autour du jeu de cartes reste vivante, tout le reste de Yu-Gi-Oh! a été délaissé chez nous.
Du côté du manga, c'est un peu différent. Les éditions Kana sont restées fidèles à l'univers de feu Kazuki Takahashi, en publiant les mangas GX, 5D's et Zexal. Passée cette cinquième série, elles jugèrent l'engouement autour de Yu-Gi-Oh! trop insuffisant pour poursuivre avec Arc-V, et encore moins avec les mangas estampillés « OCG ». Gageons que le soutien d'un noyau dur de fan, clamant une réédition du manga original notamment, soit suffisant pour permettre un grand retour des rois des jeux dans nos librairies.
Yu-Gi-Oh! 5D's est donc le quatrième manga de la licence, après la série d'origine, R et GX. Publié entre 2009 et 2015 dans le V-Jump, la revue shônen des éditions Shûeisha consacrée aux produits dérivés et jeux vidéos, il totalise 9 volumes et marque la première implication de deux artistes dans l'univers Yu-Gi-Oh!. Le manga est ainsi dessiné par Masashi Satô, artiste qui reviendra en 2019 avec le manga Yu-Gi-Oh! OCG Structures, toujours en cours au Japon. Le scénario, lui, est écrit par Masahiro Hikokubo qui poursuivra l'aventure avec les intrigues des mangas Arc-V en 2015, et Sevens – Luke! Bakuretsu Hadô-hen en 2020.
En l'an 20XX, la ville de Neo Domino est partagé en deux secteurs distincts. D'une part, la métropole, riche et avancée sur le plan technologique. Et à côté, Satellite, ghetto industriel qui sert de décharge à la grande ville. C'est ici que vit Yûsei Fudô, un adolescent qui s'adonne aux Riding Duel avec son amie, Secto. L'intervention d'une entité issue d'une légende urbaine changera le destin de Yûsei, qui devra même participer à un tournoi réunissant la crème des duellistes...
Loin du démarrage décapant de la série animée d'origine, le premier volume du manga 5D's pose des bases beaucoup plus classiques, en n'exploitant que peu son cadre pour proposer une succession de duels qui plantent les premiers personnages du récit. De l'affrontement contre un mystérieux duelliste squelette à la rencontre avec Jack Atlas (que Yûsei ne connaît pas au départ dans cette version) puis Aki, l'introduction dans ce pan de l'univers 5D's est beaucoup plus sereine et, disons-le, un peu faiblarde.
Non pas que les duels soient inintéressants, même s'ils demeurent assez classiques, tandis que l'entrée en matière elle-même promet d'éventuelles pistes intéressantes par la suite. Seulement, un lecteur qui connaît au moins les débuts de la version animée pourra être dérouté par le manque d'ambition du manga qui, en souhaitant tracer sa propre route, ne propose rien de bien surprenant en guise de premier contact avec ce quatrième manga. Il faut dire que les auteurs signent ici leur première série, aussi on leur accordera le temps de la mise en marche, histoire de poser les bases d'un récit plus prometteur, et qui saura trouver sa force dans les opus suivants.
Reste que placé dans la continuité des mangas, ce premier volet de 5D's a quelque chose d'agréable, notamment parce que l'esthétique reprise est bien celle des mangas, et non de l'anime. Voilà qui peut justifier des combos simplifiés, de même pour la fameuse mécanique « synchro » (ici renommée « tune ») qui reste assez floue. D'ailleurs, la variation dans les termes utilisés constitue un autre élément déroutant, comme si aucune bible officielle n'avait été imposée aux éditions Kana. Or, lors de la parution de ce premier opus chez nous, en janvier 2012, 5D's était déjà une série bien lancée, et la mécanique des invocations synchro bien présente dans le jeu de cartes. Un décalage assez étrange, donc.
Au final, c'est une découverte bien mitigée que nous propose le premier tome du manga 5D's. Non pas qu'il soit mauvais, mais les choix scénaristiques restent encore bien tièdes, surtout en comparaison de l'anime qui nous en mettait plein la vue dès ses premiers épisodes, notamment par la première confrontation légendaire entre Yûsei et Jack Atlas. Mais maintenant que les bases sont posées, on espère que la suite saura faire honneur au pan 5D's de la licence Yu-Gi-Oh!.