Your Name Vol.1 - Actualité manga
Your Name Vol.1 - Manga

Your Name Vol.1 : Critiques

Kimi no Na wa

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Juillet 2017

Sorti le 26 août 2016 au Japon et le 28 décembre de la même année en France, le film Your Name. a connu, dès sa sortie, un succès phénoménal d’abord dans son pays d'origine puis à l’international. Egalement multi-primé, le long-métrage n'a fait que confirmer la place du talentueux Makoto Shinkai dans le paysage de l'animation japonaise. Et il n'est donc pas étonnant de voir l'oeuvre connaître une version roman écrite par Shinkai lui-même, ainsi qu'une adaptation en un manga de trois volumes ! Pour ce dernier, auquel nous nous intéressons dans cette chronique, les dessins ont été confiés à un nom pas tout à fait inconnu en France : Ranmaru Kotone avait déjà signé la version manga d'un autre film d'animation, à savoir La Traversée du Temps de Mamoru Hosoda.


Your Name. nous conte le récit entremêlé de deux adolescents qui se retrouvent, sans savoir pourquoi, dans le corps  de l'autre.


Taki est un lycéen tokyoïte plutôt classique, partageant son temps entre les cours, ses amis Tsukasa et Takagi, et le petit boulot qu'il tient depuis peu dans un café où il en pince secrètement pour la sublime Mademoiselle Okudera. Au-delà de ce quotidien sans grands remous, il a pourtant parfois le sentiment qu'il lui manque quelque chose.


Mitsuha Miyamizu, elle, vit en pleine campagne à Itomori, un coin de province qu'elle ne supporte plus. Malgré la présence de ses amis Sayaka et Tessie, de sa petite soeur Yotsuha ou de sa bienveillante grand-mère, elle a chaque jour l'impression d'étouffer un peu plus. Elle est en froid avec son père, homme trop rigoureux et candidat aux prochaines élections municipales, ce qui lui vaut même d'être parfois la cible de moqueries ou de messes basses. Elle ne supporte plus ses obligations au sein du sanctuaire familial, où certains rituels comme celui du kuchikami-sake (le plus ancien saké du pays) l'obligent à effectuer des choses qu'elle déteste. Elle aimerait simplement vivre sa vie comme elle l'entend, sans se soucier des traditions et de son père, loin de ce village, et au sein de la capitale qui la fait rêver. Ah, si seulement elle pouvait devenir un garçon (beau, tant qu'à faire) à Tôkyô... Elle ne demande alors pas mieux quand un rêve lui offre cette possibilité ! Mais est-ce vraiment un rêve ?


Petit à petit, les deux lycéens se rendent comptent qu'ils échangent leur corps, et cet échange constitue tout l'enjeu de ce premier tome, qui adapte sans doute un poil trop rapidement toute la première partie du film, mais qui le fait malgré tout avec un grand soin.


Tandis que Mitsuha, dans le corps de Taki, pense d'abord qu'elle rêve, de l'autre côté le lycéen se pose quelques questions en se retrouvant dans le corps d'une adolescente dont il ne connaît rien, dans un coin de campagne dont il ignorait même l'existence. Et forcément, cela donne rapidement droit à des situations d'abord amusantes. Il y a d'un côté Taki dont le premier réflexe est de se palper la poitrine, puis qui s'en va au lycée avec une dégaine improbable et des poses sans doute un peu trop osées, garde le réflexe d'aller dans les toilettes des garçons... Même chose du côté de Mitsuha qui, dans le corps de Taki, montre forcément certains comportements quelque peu efféminés que son entourage ne lui connaît pas, ou se réjouit de découvrir des choses de la ville qui 'ont toujours fait rêver (comme les cafés). Le résultat, bien que jouant sur des éléments comiques très très classiques des récits de ce type, a le mérite de ne jamais tomber dans des poncifs (voyeuristes, entre autres) indigestes, rendant le tout finalement agréable et, quelque part, crédible et réaliste dans les comportements qu'ont les deux personnages.


En filigranes, le récit imaginé par Makoto Shinkai permet la mise face à face de deux facettes du Japon, celle de la grande mégalopole d'un côté, et celle de la province conservant des valeurs ancestrales et traditionnelles de l'autre. Là aussi, la recette est on ne peut plus classique, mais est plutôt bien menée, notamment grâce à certaines réactions de Mitsuha en ville (par exemple, en voyant le prix d'un pancake, elle ne peut s'empêcher de penser que chez elle elle en aurait pour un mois de repas).


Mais au-delà de toutes ces considérations, Your Name. est avant tout le récit de deux destins se retrouvant entremêlés et d'un lien qui va se construire. En premier lieu, après avoir compris qu'ils occupent chacun le corps de l'autre, Mitsuha et Taki devront trouver un moyen de communiquer : écriture sur le corps, journal intime, messages... et il se crée alors entre eux deux une correspondance étonnante, alors qu'aucun d'eux ne se connaît réellement. Mais ils apprendront bel et bien à se connaître sans jamais pouvoir se parler, simplement en vivant la vie de l'autre 2 à 3 jours par semaine. Bien sûr, au début tout n'est pas facile, et des petits moments de colère amusants ont lieu quand l'un ne fait pas ce qu'il faut en étant dans le corps de l'autre ! Par exemple, Mitsuha peut avoir peur de l'image qu'elle renvoie quand Taki, qui ne connaît pas grand-chose au comportement féminin, est dans son corps. Mais petit à petit, tous deux apprennent comment agir... et certains de leurs actes pourraient même apparaître bénéfiques. Ainsi, Taki, dans le corps de Mitsuha, n'hésitera pas à montrer quelques instants de "rébellion" classes envers les messes basses, ou à faire passer la jeune fille pour un crack en sport. De son côté Mitsuha, dans le corps de Taki, pourrait bien trouver une utilité à certaines qualités qu'elle n'aimait pas (comme la couture), et aider le jeune garçon à se rapproche de Mademoiselle Okudera.


Cette idée du lien entre personne est quelque chose que l'on retrouve très souvent dans les oeuvres de Makoto Shinkai, et ici l'auteur lui offre même toute une symbolique fantastique, à partir du passage où Mitsuha, sa soeur et sa grand-mère partent faire leur offrande à l'ancien dieu. La vieille dame évoque l'importance du "Musubi", le "noeud", qui lie les fils, les êtres et le fil du temps. Et les tresses que les trois personnages nouent symbolisent ce cours du temps, et sans doute aussi ces liens : les fils s'unissent, se mettent en forme s'entremêlent, se démêlent, se coupent, se renouent... Ce passage sera aussi l'occasion d'évoquer la frontière avec le "kakuriyo", l'au-delà, un élément qui s'avérera important par la suite, montrant un récit assez bien pensé.


Le lien que bâtissent Mitsuha et Taki a quelque chose de très beau, dans la mesure où il fait fi des frontières de l'espace, du temps et du corps. Ils ont beau ne jamais pouvoir se parler directement, les deux adolescents apprennent à se connaître, et même à s'apprécier, à devenir une partie de la vie de l'autre... jusqu'à la naissance de sentiments ? Une chose est sûre : une vraie relation se crée entre eux, comme une connexion. Une connexion laissant parfois apparaître quelques éléments plus inquiétants : pourquoi tous deux, régulièrement voient-ils des larmes couler de leurs yeux sans savoir pourquoi ? Serait-ce le présage d'un drame ? En attendant de le découvrir (ou pas, pour celles et ceux ayant déjà vu le film), la toute fin du tome nous laisse sur un moment-clé donnant forcément envie de lire la suite.


Concernant l'adaptation en elle-même, Ranmaru Kotone (qui a sans doute reçu des consignes) reste on ne peut plus fidèle au film, jusque dans beaucoup de vues qui sont quasiment des copiés-collés en terme de mise en scène. Le design des personnages est très proche de celui du film, idem pour les décors... mais tout est très soigné, c'est propre et fin, jamais vide, bien découpé, et embelli par une très belle utilisation des trames. Le seul regret viendra surtout de l'impact beaucoup moins fort des vues célestes, élément que Shinkai aime tant mettre en valeur dans bon nombre de ses réalisations.


A la fois très fidèle au long-métrage (peut-être trop, selon ce que vous attendez d'une adaptation) et très soigné, ce premier volume de Your Name propose une première partie qui fait très bien le job, sans prendre le moindre risque, mais en sachant mettre en avant la majorité des éléments du film.


L'édition de Pika est soignée avec des premières pages en couleurs (seule occasion de réellement profiter un peu des voûtes célestes), une excellente traduction de Shoko Takahashi( là aussi fidèle au film), un bon travail d'adaptation graphique et de lettrage, et un papier ainsi qu'une impression en Italie chez Grafica Veneta honnête.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs