Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 27 Juin 2008
Un manga sur la boulangerie, voilà quelque chose de surprenant ! Mais peut être pas étonnant dans le bon sens du terme … En effet, Français que nous sommes, imbus et fiers de notre gastronomie natioale et de nos viennoiseries, nous ne voyons pas toujours d’un bon œil les œuvres étrangères axées sur nos particularités culturelles. Et je dois avouer que je ne faisais pas exception, j’y suis vraiment allé à reculons pour me procurer ce premier opus.
Et bien, je l'admets, j’avais tout à fait tort !
D’une part, Takashi Hashiguchi, le mangaka, en sait sûrement beaucoup plus que la plupart d’entre nous sur la boulangerie. Tout est bien expliqué, sous la surveillance bienveillante de Delcourt, qui prend soin de bien définir les termes plus scientifiques qui pourraient nous échapper.
D’autre part, Yakitate Ja-Pan n’est pas ce que l’on pourrait appeler un manga sur la boulangerie à proprement parler. L’essentiel du manga réside dans ses délires et son humour complètement déjanté. Bien sûr, la cuisine garde un rôle prépondérant, le héros, Kazuma Azuma, rêvant de créer un pain « ultime » représentant au mieux le Japon sur la scène culinaire internationale. Mais pour cela, il doit d’abord réussir son examen d’entrée à Pantasia, la plus grande, mais aussi la plus sélective, chaîne de boulangerie du pays. Un scénario assez original, donc, que ce soit au niveau de son thème principal qu’au niveau de son traitement.
L’autre point fort de ce premier opus réside dans la panoplie de personnages qu’il introduit, tous différents et apportant un plus au rendu global. Que ce soit le naïf Azuma, le machiavélique Kawachi, la séductrice Tsukino (dédicace à Koiwai), le sévère Kuroyanagi, ou le manager Afro, tous ont un côté délirant et complètement hors de l’ordinaire.
Le dessin, très « Old School », n’altèrent en rien la bonne impression que m’a donné ce premier tome de Yakitate Ja-Pan. Les personnages sont tous dotés d’une apparence bien à eux, qui correspondent plutôt bien avec leurs caractères. Hashiguchi excelle également dans l’art de retranscrire les émotions des différents personnages : en quelques traits, le mangaka peut faire passer tous les messages qu’il souhaite.
Avec cette licence, Delcourt continue de nous prouver son sérieux et son statut digne de confiance. Pour un prix assez bas (5,95€) Delcourt fait un boulot très satisfaisant : les bouquins sont d’un format un peu plus grand que ceux de Tonkam, qui pratique le même prix, et le papier y est de meilleure qualité.
Au menu de Yakitate Japan ce soir : un scénario aussi intriguant que prometteur, une pléiade de protagonistes tous aussi loufoques les uns que les autres, un dessin classique dans le sens le plus noble du terme, une édition de Delcourt de très bonne facture, et la surprise du chef … un 18/20 bien mérité
crack