Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 05 Février 2013
Mangaka très prolifique à l’heure actuelle au sein du pays du Soleil Levant, Hiroshi Takahashi a, tout d’abord, fait ami-ami avec le succès grâce à sa seconde série ayant pour nom Crows et narrant les péripéties d’un adolescent bagarreur voulait devenir le leader au sein du lycée Suzuran et dans lequel régnait une ambiance très chaotique.
Une fois sa seconde œuvre terminée avec son 26ème et dernier volume, le mangaka donna naissance à son nouveau bébé qu’il prénomma Worst. C’est par le biais de cette série et grâce à l’éditeur Génération Comics (devenu Panini Manga entre temps) que nous avons pu, début janvier 2005, découvrir l’univers si particulier de cet auteur. Malheureusement, l’éditeur fut contraint d’abandonner la publication au bout du 16ème volume. Cinq ans après la sortie du 16ème volumes dans nos contrées, revenons un instant sur le premier volume.
Le nom de Worst ne vous dit sans doute rien au premier abord mais son univers ne vous est peut-être pas inconnu, pour peu que vous ayez visionné les deux opus de Crows Zero, réalisés par le très versatile Takashi Miike. Le réalisateur japonais nous a livré deux films qu’une qualité plus qu’appréciable, rendant honneur aux travaux du mangaka. Les personnes ayant été séduites par ces deux films le seront tout autant par Worst, ce dernier reprenant les lycées et organisations important(e)s présent(e) s dans Crows (Suzuran, Hosen, The Front of Armement etc…)
Tokyo : ses bâtiments, ses bâtiments identiques les uns aux autres, son trafic, son agglomération… Dès les premières pages, Hiroshi Takahashi impose son style bien à lui en nous offrant des dessins bluffants de par leur réalisme et leurs détails. Une patte très froide, très épurée, à l’image de notre société actuelle. C’est dans ce contexte pour le moins strict qu’apparaît un jeune homme paumé et très pataud. Son nom ? Hana Tsukishima. Venant d’une « zone non couverte » comme il le dit si bien, il cherche où se trouve sa pension dans laquelle il vivra durant toute son année scolaire.
La première partie de ce premier volume est donc une grosse introduction permettant à la personne connaissant le style du mangaka de se remettre dans le bain, de reprendre ses marques. Le lecteur néophyte à l‘univers d‘Hiroshi Takahashi pourra, quant à lui, prendre ses aises avec les personnages qui lui seront présentés et de se faire une propre idée de ce qu’il pourra découvrir par la suite. Au final, tout le monde y trouvera son compte.
Si le mangaka présente dans un premier temps les personnages principaux, il n’oublie pas les personnages secondaires et nous apporte même des flopées d’informations concernant les différentes organisations présentes en ville. Hiroshi Takahashi plante, par le biais des longs monologues de la part de ses protagonistes, un climat de tension très frêle, à l’image d’un château de carte et dans lequel le moindre faux pas peut s’avérer être fatal. Gageons que le mangaka approfondira tout cela à l’avenir.
Après quelques péripéties, nous retrouvons notre Hana Tsukishima avec les autres pensionnaires et les gérants de l’établissement. Ce qui nous amène à la grande force de ce titre : ses personnages. Ils insufflent énormément de charsime, Hana Tsukishima en première ligne, chaque personnage à son caractère et ses états d’âme bien à lui, cela va du fin stratège (Toranosuke Tominaga) à l’ancien caïd, avide de pouvoir (Sakota Takefumi). Le scénario, comme vous pouvez vous en douter, ne tient pas à une place majeure au sein de Worst, ce sont avant tout les personnages qui priment. Nous suivrons, au fur à mesure, Hana ainsi que toute sa bande au sein de leur scolarité dans le lycée Suzuran, la majorité de leur emploi du temps se composant de cours mais les gaillards de Suzuran préfèreront régler leurs comptes respectifs.
À peine Hana est-il entré dans le lycée Suzuran qu’une annonce est effectuée : un tournoi est organisé pour déterminer quel élève est le plus fort au sein des nouveaux venus. Et cela tombe bien car derrière son air assez benêt, Hana Tsukishima se révèle être un as de la bagarre. Devant l’anarchie totale régnant à Suzuran, Hana décide d’y participer et projette de devenir le « banchô » de l’établissement (le leader, l’homme le plus influent du lycée).
L’ambiance très pesante et présente au sein de l’établissement est due au caractère des élèves faisant tout pour imposer leur loi au sein des couloirs rempli d’éclats de verre. Derrière leur apparence nonchalante, le lecteur sera surpris de découvrir des personnages avec un grand cœur et dont la générosité n’a pas de limites. Les détracteurs pourront dire que Worst n’est qu’un déchaînement de violence sans cohérence, ce à quoi je répondrais qu’il y a une notion de devoir, de respect et surtout d’honneur derrière tous les coups portés. Pour contrecarrer ce déballage de coups de poings et de coups de pieds, le mangaka inclus une touche d’humour et de cynisme qui apporte un peu de souplesse à son récit. Cela s’exprime par le biais des protagonistes qui lancent une réplique faisant mouche lors d’un moment tendu par exemple. Certains personnages sont l’exemple même de cette fantaisie, je pense notamment aux frères Umehoshi, Masa étant l’archétype du yakuza (allure/air sombre, vêtements…), à contrario son frère Marie (de son vrai nom Yasushi) se prend pour un travesti. Cette belle brochette de vainqueurs donnent donc lieue à des situations très croustillantes.
La fin du volume, quant à elle, nous laisse sur notre faim. Hana fait la rencontre de son principal rival : Hisashi Amachi, un jeune homme cruel, dépourvu de sentiments, cherchant à imposer sa loi au yeux de tous. On referme le volume avec un tas d’hypothèses en tête quant à l’évolution de la situation.
L’édition de Panini Manga est plutôt satisfaisante. Hormis un papier d’une qualité douteuse, la traduction de David Gondelaud retranscrit à merveille l’univers très old school, assumé du mangaka et est très fluide.
Worst démarre donc sur les chapeaux de roues avec un premier volume prometteur, se lisant d’une traite et jonglant habilement entre action et humour très pêchu. La suite s’annonce d’ores et déjà passionnante !