World's End - Actualité manga

World's End : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 10 Septembre 2009

Comme bien souvent dans les yaois récents, plusieurs parties découpent ce tome de World’s end, qui peut se déclarer comme étant une « suite » à Dear Myself, du même auteur. Plus exactement, les trois premiers chapitres se rapportent au précédent titre d’Eiki Eiki, le premier étant une nouvelle qui se passe pendant que Hirofumi a perdu la mémoire. En somme, il ne s’est pas encore réveillé sans reconnaître Daigo. On a le plaisir de découvrir son raisonnement, son inquiétude et son amour illimité pour son amoureux, qu’il a peur d’abandonner. Cela nous permet de mieux comprendre la deuxième personnalité du héros de Dear Myself, cet « alien » qui jusqu’ici paraissait un peu lointain au lecteur. On le suit lors de son coming out, de ses mauvais rêves et de ses intuitions. Le chapitre suivant passe brutalement dans le futur : on suit ici le Hirofumi qu’on connait de Dear Myself, celui qui a recouvré la mémoire tout en oubliant Daigo. Cette histoire est plus mature, mas plus sombre aussi. Daigo nous impressionne par sa possessivité maladive, et la relation des deux amoureux n’est pas aussi rose que cela, ce qui change agréablement des autres mangas du même genre. Enfin, la réalité brute d’un couple qui peut aller mal, voire très mal lorsque l’un des deux a été profondément blessé.

Et c’est là que la lecture devient vraiment intéressante. La psychose de Daigo est passionnante, bien mieux mise en avant que dans Dear Myself, plus profonde aussi. Le jeune homme, après avoir eu accès au bonheur, n’a qu’une peur panique : le perdre. Cette angoisse ira jusqu’à détruire son bon sens, et son amour pour Hirofumi se transforme en obsession. Il est intéressant de voir le couple traverser cette épreuve pour se relever, et même le pardon qu’Hirofumi accorde très facilement à Daigo ne sonne pas faux dans cette dernière histoire, éponyme. La réconciliation des deux âmes est fragile, et cette fin laisse notre imagination libre de travailler. Comment les jeunes gens parviendront ils à vivre leur amour sans heurts ? Plus originale que Dear Myself, cette « suite » présente beaucoup d’attrait, notamment dans la découverte et l’approfondissement des psychologies de nos héros. Toutefois, il n’est pas si facile que ça de se repérer dans l’univers de la mangaka, qui nous éclaire heureusement dans une double page d’aparté. Plus profond que son prédécesseur, ce volume rassemble trois premiers chapitres authentiques et présentant un intérêt non négligeable. On a même, durant la lecture, l’honneur de voir une femme, de l’infidélité suggérée, et de croiser un couple un tant soit peu « normal », selon les normes de la société.

Quant au reste … Eiki Eiki retombe dans l’humour enfantin qui les habite, elle et son amie Tashi zaou. « Un baiser pour une lune de miel » aurait pu aborder le mariage homosexuel avec brio, s’il n’y avait pas eu cette avalanche de situations comiques à outrance et de personnages virulents. On ne parle même pas réellement des problèmes dans le regard des autres, si ce n’est via le comportement tourné en ridicule de Takagishi. Et ce n’est pas terminé … Les trois derniers chapitres sont sans doute les plus décevants, cassant un peu la superbe des trois premiers. Dépassant les frontières de l’humour réaliste, Eiki Eiki met en scène un jeune homme de 20 ans qui se retrouve affublé d’un beau père de deux années plus jeune que lui … Quiproquos, sentiments contradictoires et situations embarrassantes au programme, cependant rien n’en ressort tant la narration est rapide, les protagonistes dénués de charisme et l’idée de départ ridicule. Les graphismes, eux, sont plus réussis que dans Dear Myself et cette fois ci on appréciera les scènes un peu plus suggestives. Hirofumi, notamment, est très bien avec ses longs cheveux qui lui donnent encore plus d’attrait. Les proportions sont globalement respectées, ce qui permet de ne pas trop s’attarder sur les mentons pointus et le manque d’expressivité de certains personnages. Asuka déçoit néanmoins ici quelque peu : les ombres ne sont pas bien rendues, les onomatopées originales sont encore là pour charger les pages, qui ont le seul mérite de ne pas être exagérément fines. Dans l'ensemble, la lecture et le travail de l'éditeur restent plus que correct, malgré des inégalités flagrantes.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs