Wolf Pack - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Mars 2022

Avec les titres Asa & Mitya, Orpheus of Midnight et Fangs, Billy Balibally est une mangaka qui a su s'imposer en France ces dernières années dans le genre du yaoi, que ce soit chez Taifu Comics où aux éditions Hana. Et c'est ainsi chez ce dernier éditeur que l'autrice a fait son retour en France le mois dernier avec un récit bouclé en un seul tome, Wolf Pack. Une oeuvre dont les 6 chapitres furent prépubliés au Japon en 2018-2019 dans les pages du magazine Daria de Frontier Works, avant d'être regroupé en un unique volume broché d'environ 180 pages le 22 mai 2019.

Quelque part au fin fond de la Scandinavie vivent les descendants, mi-loups mi-humains, de la mythique créature Fenrir, ceux-ci étant divisés en deux clans hiérarchisés entre l'alpha (le chef officiel de la meute), le bêta (le bras droit de l'alpha), et les oméga (les rangs plus bas. Et non, malgré l'utilisation de ces termes, l'oeuvre n'est en aucun cas un omégaverse, précisons-le quand même. La meute de la vallée, composée de loups au pelage sombre, et la meute du lac, composée de loups blancs, se faisant autrefois la guerre pour l'eau, mais tout ceci est du passé, et pour renforcer de plus belle leurs liens les deux meutes s'apprêtent à se lier lors d'une cérémonie de mariage qui doit unir Garmr, le leader du clan de la vallée, à Sköll, l'une des deux dirigeant(e)s du clan du lac. Seulement, à peine deux jours avant la cérémonie, un drame survient quand Sköll, dans une attaque d'ours, chute du haut d'une falaise avec l'animal. C'est alors finalement son jumeau Hati, l'autre leader de la meute du lac, qui décide de sceller l'union à sa place...

Wolf Pack nous immisce donc dans une histoire qui trouve sa part d'originalité dans l'exploitation d'un univers que l'on a peu l'habitude de voir dans ce type de production, à savoir celui de la mythologie nordique, avec ici un récit se déroulant dans l'Europe de l'extrême nord et mettant en scène des créatures surnaturelles (des loups capables de converser et pouvant prendre forme humaine). un contexte qui, avant tout, permet à la mangaka de nous régaler sur le pur plan visuel, entre des décors immersifs et ravissants (étendues enneigées, nature, petit village humain typique à proximité...) qui changent un peu, des loups superbement dessinés avec suffisamment de détails jusque dans leur yeux perçants et leur pelage (et puis, comment ne pas donner la mention spéciale aux enfants-loups, dont l'allure plus chibi est choupi à s'en damner ?), leur design tout aussi soigné et un brun sexy quand ils prennent apparence plus humaine...

Bref, c'est beau, et même très beau, et ça accompagne à merveille une petite histoire qui suit fort bien son cours. Bien sûr, au départ on découvre des personnages principaux en proie à une part de deuil suite à la disparition de Sköll, et où les deux personnages principaux ont malgré tout la volonté de tenir le pacte pour lier leur clan respectif, quand bien même aucun d'eux ne pourra enfanter vu qu'ils sont tous deux des mâles. Mais si l'évolution de leur relation sera évidemment un élément important de l'intrigue, il faut noter que celle-ci prend vite des allures d'aventure assez intense dès lors qu'une possible vérité sur le sort réel de Sköll est découverte, en refaisant basculer les choses. Et à partir de là, l'autrice propose un récit presque épique parfois, et interrogeant volontiers sur le rapport de ces créatures "sauvages" avec des humains souvent bien plus sauvages qu'eux, même si le dénommé Ghir apporte des nuances largement bienvenues.

A l'arrivée, Wolf Pack s'avère être un ouvrage très séduisant, autant dans sa patte visuelle captivante que dans son petit récit rondement mené, et où l'ancrage dans la mythologie scandinave (jusque dans les noms des personnages, comme l'explique l'autrice dans sa postface) apporte réellement un charme à part.

Concernant l'édition française, on regrettera juste un détail: la conservation de certains termes typiquement japonais (le suffixe sama, le terme aniki au lieu de frère) qui, dans une histoire se déroulant en Scandinavie, n'ont rien à faire, paraissent ridicules, voire font sortir de la lecture. A part ça, on a pourtant droit à une traduction très bonne de Laurie Asin, à un lettrage soigné, à une bonne qualité de papier et d'impression, à une première page en couleurs, et à une jolie jaquette restant très proche de l'originale nippone.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction