Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 29 Mars 2012
Inugami est parvenu à se sortir vivant de tous les pièges de Haguro, et a rejoint une Aoshika qu'il retrouve défoncée et perdue. Notre héros est bien décidé à la débarrasser des chaînes qui la maintiennent, mais pendant ce temps, Haguro comprend (enfin !) que l'intrus qui s'est faufilé sur leur domaine n'est autre qu'Akira. La traque finale peut commencer...
En début de volume, Akira, qui a enfin retrouvé Aoshika, va donc s'efforcer de la libérer, tandis que la jeune femme, bien qu'elle vienne de se faire humilier de la plus horrible des manières et qu'elle soit droguée, recouvre ses esprits en deux temps trois mouvements en revoyant notre héros. Ah bon, d'accord. Niveau crédibilité, on repassera. Et puis, après nous avoir bassiné pendant plusieurs tomes avec le viol d'Aoshika, les auteurs prennent à peine le temps de mettre en avant les conséquences que ça a sur elle (tout au plus, on a eu une poignée de pages à la fin du tome 10). Ok, donc, un volume et quelques de viol et autres humiliations, pour en arriver à ça ? Si certains en doutaient encore : oui, les auteurs se foutent de nous. Passons.
Passons, et attardons-nous sur un récit qui entre enfin dans sa dernière ligne droite : tandis qu'Akira s'efforce de libérer Aoshika, Haguro est sur le point de revenir à la charge. L'ultime duel va pouvoir commencer entre ces deux hommes à présent nourris par la haine et la folie. Un affrontement qui occupe les deux tiers du volume, en enchaînant des clichés propres au... shônen. Oui oui ! Ainsi verra-t-on, à plusieurs reprises, Akira s'effondrer, puis se relever, porté par son désir de sauver définitivement Aoshika. Une fois, deux fois... les pages répètent le même schéma, répètent, via la narration externe, des réflexions basiques sur la nature de plus en plus démoniaque de Haguro, nature démoniaque que l'on a déjà largement pu cerner, étant donné que les auteurs nous la rabâchent depuis quasiment le début de la série. En somme, la fine équipe à l'origine de cette oeuvre n'a jamais su quoi raconter (faut dire, sans histoire, difficile de raconter quelque chose), et raconte donc toujours la même chose après 11 tomes. Pour tenir aussi longtemps, il leur faut donc rallonger la moindre petite scène, même sans raison. Le passage où Akira tente de briser la chaîne retenant Aoshika en est un bel exemple : près de vingt pages pour ça ?
Du côté de l'histoire, c'est donc le néant, une fois de plus, le plus beau étant que les auteurs parviennent malgré tout à placer à nouveau des incohérences. Et pourtant, en faisant fi de son histoire inexistante, de ses longueurs et de son aspect putassier, Wolf Guy a de quoi plaire aux amateurs de bourrin avec ce onzième volume, qui ne fait pas dans la dentelle et, à quelques reprises, le fait bien. Ainsi, si l'on a compris depuis sa première apparition que Haguro est un taré de première, les auteurs, bien qu'ils aient épuisé ce personnage jusqu'à la moelle, parviennent encore à le rendre réellement effrayant par instants, puisqu'il s'enfonce à chaque fois un peu plus dans la folie (si si, c'est possible), comme le prouveront ses rires toujours plus démoniaques et, plus encore, la scène de cannibalisme. Ou alors, on pourra tout simplement dire que le personnage s'enfonce dans sa propre caricature.
Tout ceci sous un trait qui donne volontiers dans le gore, où la diabolisation extrême du méchant côtoie des déformations qui sont juste le fruit d'un coup de crayon pas toujours maîtrisé, et qui s'avère tout simplement illisible par instants, notamment quand l'encre noire se fait trop présente. Une nouvelle fois, le rendu graphique est très inégal, les planches monstrueuses (dans le bon sens du terme comme dans le mauvais) côtoyant les passages où l'on ne discerne rien.
Wolf Guy reste donc le néant scénaristique incohérent que l'on connaissait déjà, mais possède ici quelques atouts qui pourront satisfaire les amateurs de séries bourrines, grâce à un duel très longuet, mais réellement malsain. Cerise sur le gâteau : le journaliste Jin sert enfin à quelque chose, le temps d'une page... Si c'est pas merveilleux !
A présent, on attend surtout de voir comment va bien pouvoir se terminer, dans le douzième et dernier opus, ce vide de plusieurs tomes.