Prédictions - Mes visions du futur - Actualité manga

Prédictions - Mes visions du futur : Critiques

Watashi ga mita mirai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Avril 2023

Peut-on prédire l’avenir à travers les rêves ? C’est en tout cas le sujet du manga Mes visions du futur, un livre de Ryô Tatsuki qui a été au centre de toutes les attentions au Japon après la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011. Selon la couverture du bouquin sorti en juillet 1999, l’autrice aurait prédit la date du tsunami. Alors que ce manga devient un phénomène de société quelques années après la catastrophe de Fukushima, il est introuvable. Plus édité, il s’arrache à prix d’or et des légendes naissent alors à son sujet. Une personne se fait même passer pour la mangaka lors d’interviews. N’ayant pas internet Ryô Tatsuki découvre tardivement qu’elle est au centre de toutes les attentions. Et c’est en octobre 2021 que Mes visions du futur est réédité. Une version augmentée qui contient des explications de la mangaka au sujet de ses carnets de rêves ainsi qu’une nouvelle prédiction alarmante : une catastrophe encore plus grande aura lieu en juillet 2025. La couverture change également un peu, le personnage de l’illustration a une ligne supplémentaire sur sa main et surtout ne pleure plus. C’est cette version qui est éditée en France par les éditions Black Box. Elle est traduite par Alexandre Fournier et lettrée par Emi.


Mes visions du futur se divise en deux parties. La première est consacrée aux rêves prémonitoires de Ryô Tatsuki et la seconde essentiellement à ses fictions. Concernant la partie sur les rêves, on retrouve deux histoires. Les messages des rêves date de 1995 et Mes visions du futur de 1996. La seconde est un peu plus complète, notamment avec l’ajout de la prédiction d’un tsunami qui raserait une ville. Néanmoins, les deux récits sont assez semblables, autant dans la forme quasiment documentaire autobiographique que dans ce qu’ils racontent. La mangaka se met en scène à travers des exemples de choses qu’elle a vécues après les avoir vues en rêve, comme la mort de Freddie Mercury. Elle explique que tout le monde peut voir l’avenir en rêve, mais qu’en général, on ne s’en souvient pas. Cependant elle, elle note tous ses rêves dans des carnets qu’elle peut ensuite parcourir à sa guise. Et c’est ainsi qu’elle se rend compte après coup de ses rêves prémonitoires.


Après les deux histoires semblables, l’autrice s’étale sous la forme de textes et de photos sur son rapport aux rêves prémonitoires. Elle montre ses carnets, explique la genèse de son manga, sa retraite de la profession. Mais le trop est l’ennemi du bien, en se dévoilant totalement Ryô Tatsuki perd de plus en plus sa crédibilité et la magie qui entourait son manga tend à s’effacer. L’autrice s’enfonce loin dans ses délires mystiques, jusqu’à expliquer qu’elle est la réincarnation de la fille du gourou indien Sai Baba, avant de faire une autre prémonition annonçant une catastrophe sans précédent en juillet 2025. Difficile alors de la prendre au sérieux quand bien même elle semble y croire dur comme fer et donne l’impression d’être plus naïve qu’autre chose.


Cela se confirme dans la première histoire de la seconde partie du livre. Publiée en 1997, cette nouvelle s’intitule Au-delà du destin. Une nouvelle fois, l’autrice se met en scène et parle de son rapport au paranormal à travers des rencontres qu’elle a pu faire. Sans même faire écho au rêve, il est question d’aura, d’ange gardien, de vies antérieures ou encore de voyance. Elle conserve son style de narration et d’écriture que l’on a pu apercevoir dans la première partie du recueil et tente de faire des liens entre les différentes anecdotes et surtout d’essayer de les interpréter. Par la suite, le recueil se focalise davantage sur son travail purement fictionnel avec huit nouvelles mystérieuses et horrifiques. En tout cas des titres qui reflètent son attirance pour le paranormal. Ces courts récits datant des années 80 et 90 donnent un autre visage à l’autrice car il serait dommage de l’enfermer dans la case d’une mangaka qui raconte uniquement ses rêves prémonitoires. On découvre alors une autrice plutôt douée, au style de dessin envoutant et aux sujets accrocheurs, un élément sans doute amplifié par sa passion pour le surnaturel. Elle signe de brefs récits qui, sans non plus être exceptionnels, ont de quoi marqué les passionnés de fictions fantastiques.


En définitive, Mes visions du futur a le goût d’un tour de magie dont on nous aurait révélé l’astuce. Reste que le manga est intéressant pour comprendre son autrice, les rêves prémonitoires et aussi le phénomène de société qu’il a déclenché au Japon. C’est un titre atypique qui possède en plus les qualités nécessaires pour passionner les amateurs de paranormal. Outre ses aspects documentaire et autobiographique, les nouvelles surnaturelles sont suffisamment captivantes pour plaire à un lectorat friand du genre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
14 20
Note de la rédaction