WanDance Vol.1 - Actualité manga
WanDance Vol.1 - Manga

WanDance Vol.1 : Critiques

Won Dance

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Juin 2022

Après nous avoir ravis avec le lancement, l'année dernière, du si longtemps attendu Welcome to the Ballroom, les éditions Noeve Grafx récidivent dans le domaine du manga de danse en nous proposant, en ce mois de juin, de découvrir le premier volume de WanDance, une oeuvre qui a déjà su taper dans l'oeil de pas mal de lecteurs et lectrices au Japon. Egalement appelé WonDance, cet intrigant manga est en cours au Japon depuis 2019 dans le magazine Afternoon des éditions Kôdansha, et il s'agit de la dernière série en date de Coffee, un mangaka qui se faisait aussi appeler Mame à l'époque où il dessinait des histoires réservée aux adultes, qui était jusque-là inédit en France, mais qui est actif dans son pays d'origine depuis près d'une dizaine d'années en tant que mangaka professionnel. Et si l'auteur a choisi la danse pour sujet de sa nouvelle oeuvre, ce n'est pas par hasard puisqu'il l'a lui-même pratiquée.


WanDance nous immisce auprès de Kaboku Kotani, un lycéen qui, bien que grand, assez sportif et pas du tout vilain garçon, déteste être le centre de l'attention, peut-être en grande partie parce que ses difficultés à s'exprimer oralement (il est bègue) ne lui permettent pas d'avoir pleinement confiance en lui. Et à ce titre, il refuse même d'intégrer le club de basket, où il pourrait pourtant être un sérieux atout, malgré les demandes de son pote Hotohara. Et en particulier depuis un mystérieux incident datant de l'époque du collège, il s'est mis en tête qu'il ne doit jamais se faire remarquer, jamais contredire les autres, être tout simplement dans le moule, sans quoi rien de bon ne lui arrivera. Et cela, même s'il doit garder au fond de lui ce qu'il ressent réellement... Mais une rencontre inattendue risque fort de briser petit à petit sa coquille. Elle s'appelle Hikari Wanda, et elle est là, seule, en train de danser en uniforme à côté d'un mur du lycée, avec passion, et en semblant se ficher royalement du regard des autres. Avec ses mouvements hypnotiques où elle se montre libre de tout, elle captive en un instant le jeune garçon, qui ne peut plus se détacher d'elle et a envie de la suivre, au point que tous deux sympathisent rapidement. Et quand cette jolie petite blonde profite de la présentation des clubs pour affirmer vouloir rejoindre le club de danse freestyle, Kaboku ne résiste pas au désir de la suivre, pour pouvoir danser avec elle. Ainsi naît son amitié avec cette fille peu commune, ainsi que sa découverte de ce type de danse où il risque bien de se plonger toujours plus, pour un parcours où il pourrait apprendre à dépasser ses peurs et à être lui-même.


Coffee nous plonge donc plus spécifiquement dans le monde de la danse freestyle, un monde qu'il semble bien connaître, et pour lequel il souhaite visiblement être le plus précis possible en ayant en plus quelques consultants spécialisés pour la conception de son manga. Et le résultat est là, tant les premiers pas (de danse, ça va de soi) de Kabo dans ce milieu se veulent immersifs dans la présentation de ce style de danse à la fois si libre et si exigeant. Evidemment, il va de soi que, sur la longueur, le récit se développera toujours plus, comme en atteste déjà l'évocation de premières compétitions, en battles comme en solos, et des sélections qui devront en découler. Mais avant d'en arriver là, l'auteur installe confortablement le cadre de ce véritable sport, en l'évoquant sous différents aspects avec une certaine précision. Il sera donc question, entre autres, de l'évocation de différents styles comme comme le hip-hop ou le pop lock waack, de la découverte et l'apprentissage de premiers pas/mouvements à l'image du lean back down et du crabe avec ses nombreuses variations, de l'importance de s'adapter à la musique, des possibilités de varier entre chorégraphies préparées et véritables improvisations, ou encore de faire attention à pas mal de choses: la beauté des mouvements, du physique et des poses, certes, mais aussi le rythme, la musicalité, le mental... la danse freestyle se révélant alors comme une pratique à la fois fois riche, belle, variée et exigeante aussi bien physiquement que psychologiquement.


Autant dire, donc, qu'il sera passionnant de suivre dans cette voie un garçon comme Kabo, lui qui tâchait tant de réfréner son ressenti intérieur et de ne pas se faire remarquer pour rester dans le moule et être ce que la majorité appelle "normal". Car on le sent bien au fil des pages, cette personnalité faussée risque fort de voler toujours plus en éclats, au fil de ses décisions et de sa vraie prise de passion pour la danse. Refuser les demandes du club de basket pour faire ce qu'il aime ? Ca ne lui fait plus peur. Se frotter aux clichés (la danse est un sport de gonzesses, il va là-bas uniquement parce que les filles sont sexy dans leurs tenues, blablabla...) ? Il le faudra bien. Oser être le seul garçon (si l'on excepte le membre-fantôme Iori Itsukushima) dans un club où se trouvent plus d'une trentaine de filles et parvenir à danser devant cette foule ? Ca vaut sans doute le coup d'essayer. Bien sûr, le chemin sera long pour que l'adolescent découvre et maîtrise toutes les techniques, prenne pleinement confiance et se trouve jusqu'à être pleinement lui-même dans cette passion nouvelle, mais il montre déjà quelques belles prédispositions, tient généralement la cadence, et veut trouver le courage de danser en public.


"Plutôt que faire des efforts pour être "normal", je préfère faire ce que j'aime, quitte à être "bizarre"".


Et pour l'épauler dans la voie qu'il se choisit, il y a donc, toujours à ses côtés, celle qui prête son nom à une partie du titre de la série: Wanda. Mignonne à souhait avec sa longue chevelure lisse, ses nombreuses bouilles parfois rigolotes et ses yeux pétillants/étoilés qui véhiculent bien son unicité ainsi que sa passion, la jeune fille captive surtout dès qu'elle se laisse aller à la danse, un monde qui semblerait presque n'appartenir qu'à elle tant elle y brille de passion, tant elle s'y laisse happer en ne faisant quasiment plus attention au regard des autres (ou, en tout cas, en s'en fichant, tant elle semble heureuse et concentrée quand elle s'agite). C'est pourtant elle qui invite bel et bien Kabo à entrer dans son monde, cherchant à lui donner confiance et à lui transmettre naturelle cet élan de passion. Et à ce titre, il y aura de quoi adorer les quelques pages de danse à partir de la page 167, avec sa métaphore où Kabo semble comme étouffer dans de l'eau, avant que Wanda n'apparaisse devant lui comme une bouée d'oxygène vers qui l'entièreté de son regard finit par être tournée, comme s'il n'y avait plus qu'elle en face de lui.


"Fais comme s'il n'y avait que moi. Danse en ne regardant que moi."


Pouvant paraître atypique au premier abord, le style visuel de Coffee a pourtant, en plus, le mérite de coller très bien au récit. Les silhouettes fines, élancée, flexibles et agiles du dessinateur se prêtent parfaitement aux mouvements, tandis que certaines techniques de danse se voient méticuleusement découpées, et que les moments les plus intenses bénéficient de quelques angles de vue assez audacieux et de découpages aussi presque aussi libres (mais toujours clairs) que les personnages quand ils se lâchent dans la danse.


Difficile, alors, de résister à ce premier volume emballant à souhait, tant l'auteur parvient à nous plonger avec passion et une certaine précision dans le milieu de la danse freestyle, aux côtés d'une Wanda hypnotique mais aussi d'un Kaboku attachant et que l'on a hâte de voir évoluer jusqu'à savoir exprimer pleinement sa différence.


Qui plus est, l'édition française est aux petits oignons avec une jaquette bénéficiant d'un vernis et d'un bel embossage sur le logo-titre, un papier souple et sans transparence permettant une qualité d'impressions satisfaisante, un lettrage très propre de Cindy Bertet, une traduction limpide et suffisamment technique de Marylou Leclerc, et l'habituelle présence chez l'éditeur d'un bandeau et d'une carte (évidemment à l'effigie de Wanda pour celle de ce premier opus). Et pour les plus gourmand(e)s, rappelons que l'éditeur a également concocté une petite édition alternative, avec une jaquette différente fort jolie, et qui est censée être exclusive aux magasins Fnac dans un premier temps avant d'être disponible partout ailleurs cet été. Mais on dit bien "censé" car, à l'heure où ces lignes sont écrites, ce tome 1 est indiqué en précommande pour une sortie le 13 juillet sur le site de la Fnac, alors qu'il est censé être déjà sorti. Pour ma part, bien qu'intéressé par cette belle jaquette alternative, je n'avais pas la patience d'attendre et me suis finalement rué sur l'édition standard chez mon libraire habituel.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs