Wakusei Closet Vol.1 - Actualité manga
Wakusei Closet Vol.1 - Manga

Wakusei Closet Vol.1 : Critiques

Wakusei Closet

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Octobre 2021

Ne vous fiez pas trop à la jaquette où deux mignonnes petites filles aux traits ronds s'affichent main dans la main sur un fond blanc : en cette fin de semaine pré-Halloween, c'est bel et bien l'horreur qui s'installe (c'est de circonstance, et les espèces de tentacules enserrant les deux gamines sont là pour nous le rappeler quand même) dans le catalogue de Noeve Grafx avec Wakusei Closet (littéralement "Planète Placard" ou "Planète Toilettes"), une série surnaturelle bouclée en 4 volumes, et qui a été prépubliée au Japon de 2017 à début 2020 sur le site Denshi Birz des éditions Gentôsha, un site que l'on ne connaît en France pour aucune autre oeuvre à ce jour.

On doit cette oeuvre à Tsubana, un mangaka jusqu'à présent inédit en France mais qui est loin d'être un débutant. Ayant notamment été assistant de Masakazu Ishiguro, l'auteur du très bon A Journey beyond Heaven, ce mangaka officie depuis la deuxième moitié des années 2000, et a déjà signé plusieurs oeuvres depuis ses débuts professionnels, essentiellement dans le domaine de l'horrifique et du surnaturel.

Tout commence par ce qui semble être une rencontre: celle avec une enfant qui, en un lieu inconnu qui semble hostile, tente de guider notre héroïne pour fuir un nébuleux danger... puis soudain, notre héroïne en question, la jeune Aimi, se réveille. Visiblement, tout ceci n'était qu'un cauchemar comme un autre... vraiment ? Ce rêve où elle serait morte si elle ne s'était pas enfuie, il semblait très réel pour Aimi. Et il va ensuite lui sembler d'autant plus réel que régulièrement, dans son sommeil, elle va refaire le même genre de "cauchemar" où, tout en évitant les dangers mortels, elle va nouer un lien d'entraide avec "Flare", la fillette qui l'a sauvée au départ, qui est amnésique et qui ne sait absolument pas pourquoi elle est coincée là. Car si Aimi peut s'extirper de cet "autre monde" effrayant et bizarre rien qu'en se réveillant (du moins, pour le moment), ce n'est pas le cas de Flare...

Ca, c'est la base d'un récit qui va utiliser l'onirisme des rêves/cauchemars pour nous immiscer petit à petit, en même temps qu'Aimi, dans un autre monde bien mystérieux et toujours plus inquiétant. Pourquoi notre héroïne se retrouve-t-elle régulièrement transportée là-bas quand elle dort ? Qui est exactement Flare et pourquoi est-elle là ? Comment échapper définitivement à cet autre monde ? Qu'est-ce exactement que cet endroit ? Que se passerait-il pour les deux jeunes filles si elles y étaient capturées ou y mouraient ? Autant de questions sur lesquelles on va pouvoir, peu à peu, s'offrir quelque éléments de réponses qui n'augurent rien de bon, au gré des mésaventures vécues par Aimi et Flare, et peut-être plus encore de celles traversées par d'autres enfants qui, eux aussi, se retrouvent énigmatiquement transportés là-bas et n'ont pas forcément autant de "chance" que nos deux héroïnes pour éviter les dangers...

Commençant doucement mais sûrement, le récit s'avère assez vite plutôt intrigant, grâce à ce concept des dangers survenant dans des rêves bien trop réels (de quoi faire angoisser le lectorat au moment de s'endormir ?), aux mystères qui l'entourent, puis à la manière dont Tsubana finit par jouer sur différents types d'angoisse. Il y a la simple inquiétude suggérée par la situation où ces enfants sont perdus dans un monde inconnu, dangereux et dont il semble difficile de s'échapper totalement. Puis il y a l'angoisse grandissante en voyant les répercussions que ces rêves et cet autre monde finissent par avoir dans notre réalité, la part surréaliste de l'environnement, et enfin l'horreur plus concrète voire viscérale à base de monstres bizarres et de déformations physiques/body horror.

Un melting pot horrifique qui fonctionne assez bien ici, dans la mesure où Tsubana se montre plutôt à l'aise pour retranscrire visuellement chacun de ces aspects, et pour les mettre en fort contraste avec les designs enfantins, tout rond, épurés et plutôt mignons de ses héroïnes (designs où l'on sent bien que Tsubana fut assistant d'Ishiguro). En dehors de mouvements et expressions parfois un peu statiques, le dessinateur offre un trait souvent propre et clair sauf dans les quelques élans plus détaillés de body horror (ce qui leur offre d'autant plus d'impact).

Et côté édition, en plus des habituels bandeau/carte/insert typiques de l'éditeur, Noeve Grafx se fait à nouveau plaisir sur la jaquette, qui bénéficie d'un vernis sélectif ainsi que d'un bel embossage sur le logo-titre. A l'intérieur, le papier est fin, souple et sans transparence, l'impression est très propre, la traduction de Frédéric Malet est assez enlevée en collant bien aux personnages, et l'adaptation graphique d'Elsa Pecqueur est des plus convaincantes.

Il s'agit donc d'un premier volume sympathique, qui prend son temps pour décoller peu à peu, et où Tsubana, en jouant sur différents types d'angoisse/horreur, nous plonge de plus en plus profondément dans un récit inquiétant dont on a facilement envie de découvrir la suite.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs