Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 28 Octobre 2020
En tout début d'année, les éditions Soleil Manga s'offraient leur toute première série issue du prestigieux magazine Harta d'Enterbain (le magazine de Bride Stories, minuscule, Stravaganza, Reine d'Egypte, Gloutons et Dragons...) avec le somptueux Dans le sens du vent - Nord, Nord-Ouest, probablement l'une des plus belles nouveautés de 2020. Fort de cette excellente acquisition, Soleil ne pouvait pas en rester là et nous propose donc, en ce mois d'octobre, de découvrir une autre oeuvre issue de ce magazine, mais dans un registre différent, ancré dans un aspect historique plutôt rare dans le catalogue de l'éditeur. Vlad Draculea, série lancée au Japon en 2017 et comptant actuellement 3 volumes, est la toute première série longue d'Akiyo Ohkubo.
Nous voici plongé en 1456 au sein de la principauté de Valachie, correspondant au sud de l'actuelle Roumanie. Prince des lieux, Vlad III n'est pas en odeur de sainteté: tandis que le territoire est pris en tenaille entre l'Empire ottoman et le royaume de Hongrie qui menacent de faire la guerre, le jeune homme doit composer avec les problèmes internes où des nobles se faisant appeler les Boyards ont profité d'un gouvernement en crise perpétuelle pour prendre le pouvoir, détournant les impôts pour devenir toujours plus riches et puissants. Tout en devant prendre en compte la situation avec les nations frontalières, Vlad III va alors tâcher, petit à petit, et quitte à salir son honneur au départ, de récupérer le pouvoir en Valachie...
Le nom de Vlad III, aussi surnommé L'Empaleur, vous dit sûrement quelque chose, tout comme le titre de ce manga d'ailleurs, ce personnage historique étant très connu pour avoir prêté son nom au personnage de Dracula, le vampire imaginé par l'écrivain Bram Stoker. Figure fictive parmi les plus célèbres du monde, le vampire Dracula a en quelque sorte cristallisé le nom de Vlad dans cette légende, et on a ainsi pu le retrouver dans pléthore d'oeuvres, allant du récit de Bram Stoker à ses très nombreux dérivés, en passant par bien d'autre supports, comme la saga Fate pour citer un célèbre exemple issu de la culture pop nippone. Toutefois, avec Vlad Draculea, l'intention d'Akiyo Ohkubo ne semble aucunement d'offrir une énième oeuvre vampirique basée sur Vlad III, mais bel et bien de proposer une interprétation historique de la vie de cet homme.
On découvre donc un contexte historique qui, dans les grandes lignes, se veut assez rigoureux via les menaces de l'Empire ottoman et de la Hongrie, la corruption des nobles gangrénant la principauté sous le joug du dénommé Arve (le plus riche et puissant des nobles), et l'évocation de plusieurs personnalités historiques ayant bel et bien existé comme le Vornic Codrea ou Étienne III de Moldavie. Sur ces bases réelles, Ohkubo entame une interprétation qui, pour le moment, nous invite à observer les avancées délicates de Vlad pour se trouver des alliés fiables, agrandir ses rangs et ainsi pouvoir préparer sa révoltes contre les nobles pourris. Pour l'heure, c'est assez clair... mais également un peu plan-plan dans le rythme et dans la présentation des enjeux, ce qui est peut-être le principal défaut de ce début de série où ça peine parfois à s'emballer et à être vraiment immersif. Néanmoins, la curiosité est facilement piquée au fur et à mesure que l'on découvre ce que prépare Vlad, entre les origines de ses ambitions et des étapes comme le besoin d'acquérir la confiance de marchands ruinés par les nobles. Et en filigranes, il apparaît difficile de ne pas être titillé par la pointe d'ambivalence du personnage principal, capable d'être rusé et bienveillant envers son entourage, mais également d'être un peu plus sournois pour arriver à ses fins (il le faut bien, pour lutter contre les nobles corrompus) voire d'être parfois sombre, intransigeant et dur.
Visuellement, on sent qu'il s'agit là de la première série longue d'Ohkubo, dans la mesure où on est assez loin du niveau de détails que peuvent avoir bien d'autres séries du magazine Harta, comme Bride Stories ou Dans le sens du vent. Mais c'est propre, avec des designs parfois un peu inégaux dans les visages mais assez réussis, même s'il faudra accepter le fait que Vlad soit devenu un beau gosse à la mine un peu sombre (mais bon, il n'est pas rare du tout que des personnages historiques soient physiquement enjolivés dans les fictions, c'est même plutôt une norme). Sans être impressionnants, les vêtements et les décors restent honnêtement dessinés pour participer à l'immersion.
Quant à l'édition, elle est très honnête et bénéficie d'une qualité de papier et d'impression correcte. En revanche, que ce soit de la part de la mangaka ou de l'éditeur, il est regrettable de ne pas du tout avoir de pages bonus approfondissant un peu plus le contexte, comme cela se fait souvent dans ce genre de séries historiques (Divci Valka, Cesare, Ad Astra...), d'autant plus que le contexte est vraiment vite posé par l'autrice, et que les astérisques de précisions dans le bouquin sont tantôt présentes tantôt pas, l'ensemble pouvoir alors rester un peu opaque pour un lectorat qui ne connaîtrait pas un minimum l'histoire en cette période dans cette partie de l'Europe. Sinon, la traduction de Julie Gerriet en elle-même reste assez claire.
Avec ce premier volume, Vlad Draculea s'offre donc des débuts pouvant paraître un peu opaques et austères dans la mise en place rapide du contexte, mais également intrigants à souhait de par l'interprétation historique qu'Akiyo Ohkubo entame autour de la figure de Vlad III. Une affaire à suivre, en espérant que l'oeuvre saura se bonifier !
Nous voici plongé en 1456 au sein de la principauté de Valachie, correspondant au sud de l'actuelle Roumanie. Prince des lieux, Vlad III n'est pas en odeur de sainteté: tandis que le territoire est pris en tenaille entre l'Empire ottoman et le royaume de Hongrie qui menacent de faire la guerre, le jeune homme doit composer avec les problèmes internes où des nobles se faisant appeler les Boyards ont profité d'un gouvernement en crise perpétuelle pour prendre le pouvoir, détournant les impôts pour devenir toujours plus riches et puissants. Tout en devant prendre en compte la situation avec les nations frontalières, Vlad III va alors tâcher, petit à petit, et quitte à salir son honneur au départ, de récupérer le pouvoir en Valachie...
Le nom de Vlad III, aussi surnommé L'Empaleur, vous dit sûrement quelque chose, tout comme le titre de ce manga d'ailleurs, ce personnage historique étant très connu pour avoir prêté son nom au personnage de Dracula, le vampire imaginé par l'écrivain Bram Stoker. Figure fictive parmi les plus célèbres du monde, le vampire Dracula a en quelque sorte cristallisé le nom de Vlad dans cette légende, et on a ainsi pu le retrouver dans pléthore d'oeuvres, allant du récit de Bram Stoker à ses très nombreux dérivés, en passant par bien d'autre supports, comme la saga Fate pour citer un célèbre exemple issu de la culture pop nippone. Toutefois, avec Vlad Draculea, l'intention d'Akiyo Ohkubo ne semble aucunement d'offrir une énième oeuvre vampirique basée sur Vlad III, mais bel et bien de proposer une interprétation historique de la vie de cet homme.
On découvre donc un contexte historique qui, dans les grandes lignes, se veut assez rigoureux via les menaces de l'Empire ottoman et de la Hongrie, la corruption des nobles gangrénant la principauté sous le joug du dénommé Arve (le plus riche et puissant des nobles), et l'évocation de plusieurs personnalités historiques ayant bel et bien existé comme le Vornic Codrea ou Étienne III de Moldavie. Sur ces bases réelles, Ohkubo entame une interprétation qui, pour le moment, nous invite à observer les avancées délicates de Vlad pour se trouver des alliés fiables, agrandir ses rangs et ainsi pouvoir préparer sa révoltes contre les nobles pourris. Pour l'heure, c'est assez clair... mais également un peu plan-plan dans le rythme et dans la présentation des enjeux, ce qui est peut-être le principal défaut de ce début de série où ça peine parfois à s'emballer et à être vraiment immersif. Néanmoins, la curiosité est facilement piquée au fur et à mesure que l'on découvre ce que prépare Vlad, entre les origines de ses ambitions et des étapes comme le besoin d'acquérir la confiance de marchands ruinés par les nobles. Et en filigranes, il apparaît difficile de ne pas être titillé par la pointe d'ambivalence du personnage principal, capable d'être rusé et bienveillant envers son entourage, mais également d'être un peu plus sournois pour arriver à ses fins (il le faut bien, pour lutter contre les nobles corrompus) voire d'être parfois sombre, intransigeant et dur.
Visuellement, on sent qu'il s'agit là de la première série longue d'Ohkubo, dans la mesure où on est assez loin du niveau de détails que peuvent avoir bien d'autres séries du magazine Harta, comme Bride Stories ou Dans le sens du vent. Mais c'est propre, avec des designs parfois un peu inégaux dans les visages mais assez réussis, même s'il faudra accepter le fait que Vlad soit devenu un beau gosse à la mine un peu sombre (mais bon, il n'est pas rare du tout que des personnages historiques soient physiquement enjolivés dans les fictions, c'est même plutôt une norme). Sans être impressionnants, les vêtements et les décors restent honnêtement dessinés pour participer à l'immersion.
Quant à l'édition, elle est très honnête et bénéficie d'une qualité de papier et d'impression correcte. En revanche, que ce soit de la part de la mangaka ou de l'éditeur, il est regrettable de ne pas du tout avoir de pages bonus approfondissant un peu plus le contexte, comme cela se fait souvent dans ce genre de séries historiques (Divci Valka, Cesare, Ad Astra...), d'autant plus que le contexte est vraiment vite posé par l'autrice, et que les astérisques de précisions dans le bouquin sont tantôt présentes tantôt pas, l'ensemble pouvoir alors rester un peu opaque pour un lectorat qui ne connaîtrait pas un minimum l'histoire en cette période dans cette partie de l'Europe. Sinon, la traduction de Julie Gerriet en elle-même reste assez claire.
Avec ce premier volume, Vlad Draculea s'offre donc des débuts pouvant paraître un peu opaques et austères dans la mise en place rapide du contexte, mais également intrigants à souhait de par l'interprétation historique qu'Akiyo Ohkubo entame autour de la figure de Vlad III. Une affaire à suivre, en espérant que l'oeuvre saura se bonifier !