Vivre pour demain - Actualité manga

Vivre pour demain : Critiques

Bokutachi wa asu ni mukatte ikiru no da

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 23 Avril 2010

Pour les amatrices, c’est une véritable attente qui aura précédé cette sortie du nouveau titre de Taishi Zao, alias Mikiyo Tsuda lorsqu’elle verse dans le shojo. Ici c’est donc un boy’s love en un tome qu’elle nous propose, avec une histoire lycéenne, comme à son habitude. Cependant, l’histoire n’est pas aussi banale qu’elle n’en a l’air. Tasuku a une vie classique, mis à part le fait qu’il soit diablement amoureux de son ami d’enfance, qu’il passe son temps à frapper pour dissimuler ses sentiments. Mais un jour, une émission à la télé révèle que sa mère avait le don de porter chance à ceux qui la fréquentaient. Alors une foule de filles mais aussi de garçon se précipite au lycée de Tasuku, croyant fermement que celui-ci aurait hérité du don de sa mère. Tout le monde y va de sa supplication, mais Tasuku ne veut rien entendre. Il a une bien meilleure idée : son meilleur ami Oono est accro au jeu de loterie, sans jamais gagner. Tasuku va alors enfin avouer son amour à Oono, dans le but de mettre en avant son soit disant nouveau don, et ainsi s’assurer d’une relation certes intéressée, mais au moins existante. Sauf que rien ne se passe comme prévu, étant donné qu’Oono n’est pas un profiteur. Il accepte la proposition de Tasuku de sortir avec lui, sans réellement compter sur sa chance. Et c’est là que les questions affluent …

On pourrait se dire « encore une histoire d’ados dans un lycée ! », et ce serait bien légitime. On y retrouve l’angoisse et les peurs des amours à sens uniques, des refus et du dégoût de l’autre. Cependant, Taishi Zao surmonte toutes les attentes que l’on a généralement pour ce genre de titre qui ne volent d'ordinaire pas haut et surprend par un scénario original. Si tous les gens qui le croisent veulent sortir ou coucher avec Tasuku, rien n’est fait et le récit ne se transforme pas en baisodrome déclaré comme dans Le fruit de toutes les convoitises chez Tonkam, qui illustre très bien le problème dont on fait ici allusion. L’idée du héros déjà sûr et certain de ses sentiments est un détail appréciable, tout comme l’hésitation d’Oono qui ne se transforme pas en plaintes geignardes, mais plutôt en une réflexion sur la qualité de leur relation. Est-ce vraiment cet amour qu’attend Tasuku, qu’Oono est en train d’éprouver ? Une question cruciale dans cette émotion qui nait et s’accroit, d’autant plus que l’assurance d’un amour partagé est apparemment la condition sine qua none pour que le don du jeune homme se développe. On est alors bien content de suivre l’évolution de leur relation, surtout que Tasuku a un comportement plus typé que d’ordinaire, à la fois doux, inquiet, impatient et dynamique, tandis qu’Oono séduit par son optimisme à toute épreuve. A ces personnages charismatiques, très doués dans la séduction et dans l’optimisation de leurs qualités, il faut ajouter une bonne dose d’humour, commune chez la mangaka. Les situations, l’idée même de l’histoire a quelque chose d’amusant et de divertissant, surtout grâce à l’aide de Katsuyama qui a tout compris ! Bref, entre rire et sentiments, l’auteur nous balade avec facilité, élégance et beaucoup de finesse. On peut néanmoins déplorer la taille de la série : un tome, cela ne permet pas d’aller trop en profondeur même si Taishi Zao en fait déjà beaucoup pour si peu de pages ! Celle-ci parvient à se démarquer un peu du lot en adhérant à une histoire simple mais efficace et des protagonistes merveilleusement réussis !

Rajoutons à tout cela une très bonne maîtrise du trait, et Vivre pour demain deviens alors un titre divertissant et sympathique, loin du parfait mais qui joue son rôle avec beaucoup d’habileté : séduire, le temps de quelques pages. Le trait de l’auteur est toujours aussi fin et expressif. Ce qui est bien chez elle c’est que les physiques de ses personnages masculins ont beau être androgynes, elle leur insuffle une dose de virilité conséquente, dans le regard et les attitudes. Bref, rien à redire au niveau de représentation des émotions, que ce soit l’amour, la rage ou la tristesse. Entre passages comiques et moments émouvants, l’auteur sait jongler sur les effets de style et sur la douceur des traits. De plus, le tome étant un de ses BL les plus osés (car plus marqué et sûr de lui) sortis en France, grâce aux positions de ces messieurs, on peut constater de la justesse des proportions de ses personnages, de la réalité des traits et de la dynamique des postures, que ce soit dans un lit ou par une attaque d’art martial, dans lesquelles Taishi Zao laisse exprimer beaucoup de force et de mouvement. On peut toutefois regretter des décors un peu vides ainsi que des textes qui explosent parfois de partout, ou encore des trames de fond un peu simplettes. Taïfu nous offre donc ici un titre très agréable, pour une édition qui arbore des pages suffisamment épaisses pour mettre en valeur le trait de l’auteur et ses contrastes sans gêner la lecture. Seule la non adaptation des onomatopées gène un peu, mais le tout reste correct. Dernière remarque, concernant l’ensemble du tome : où sont les délires de sous-couvertures que l’on retrouve habituellement chez l’auteur ?


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs