Vinland Saga Vol.23 - Actualité manga
Vinland Saga Vol.23 - Manga

Vinland Saga Vol.23 : Critiques

Vinland Saga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Juillet 2020

La très longue guerre en mer baltique pour la succession des Jomsvikings est enfin du passé, et le groupe de Thorfinn va pouvoir reprendre sa route maritime jusqu'à Miklagard (l'actuelle Istanbul) où elle pourra trouver de quoi financer le voyage vers le Vinland... mais avant cela, il reste une chose à régler: le cas de Sigurd, qui n'a eu de cesse de poursuivre son épouse Gudrid afin de ne pas subir le déshonneur auprès de son père Halfdan. La jeune femme est enfin à portée de main, et est même prête à lui suivre de son gré, uniquement après avoir avoué ce qu'elle a sur le coeur à Thorfinn... Mais au fil de son aventure riche en apprentissages (et en poisses !), quelque chose a changé en le fils de Halfdan. Gudrid aime Thorfinn, et la ramener reviendrait seulement à les condamner, elle et lui-même, à vivre l'existence que Halfdan a choisie pour eux. Est-ce vraiment la bonne solution ?

Après la (parfois trop) longue bataille des volumes précédents, un arc se referme dans Vinland Saga, une troisième grande partie qui s'achève ici sur un volume beaucoup plus calme, sorte de transition avant la suite, avant la dernière grande partie de la série. Mais ce n'est pas parce qu'un volume de Vinland Saga est calme et sert de transition qu'il n'a pas d'intérêt, bien au contraire.

Ainsi, la première moitié du volume, sur environ 100 pages, s'applique à régler le cas de Sigurd, que l'aventure maritime à la poursuite de Gudrid a rendu plus mûr, pour le comprendre il suffit de voir ce qu'il choisit de faire dès le début du volume, après une scène de déclaration de Gudrid mignonne à souhait sans en faire trop. Mais une fois rentré au pays, en Islande, c'est forcément une autre étape cruciale qui attend cet homme: sa confrontation avec Halfdan, suite à son échec dans un objectif qu'il aurait pourtant pu accomplir. Plutôt qu'une bête valeur d'honneur, Sigurd a lui aussi fini par développer autre chose en lui en voyant Thorfinn et Gudrid, et a fait un choix impliquant une chose forte: prendre en mains sa propre vie sans se laisse dicter par les diktats liées à l'honneur et aux valeurs guerrières entre autres, même si cela signifie également se libérer de l'emprise paternelle. Forcément, la réaction de Halfdan, qui avait prévu son fils comme successeur pour les terres d'Islande, sera bouillante... mais au-delà de ça, pourtant, n'y a-t-il pas une fierté à voir son enfant s'imposer et prendre son propre envol ? D'autant qu'en la personne de Hallgerd, Sigurd a une autre épouse vraiment chouette avec un sacré caractère: même s'il s'agit d'un rôle très basique et rapide pour cette femme que Yukimura n'avait pas oubliée (elle avait été présentée il y a bien des chapitres de ça, étant donné la longueur de la guerre entre Jomsvikings), elle est bien campée le temps de quelques chapitres. De même, on appréciera la loyauté d'Orm, Helgi, Thegn et Dyri qui aiment bien leur maladroit de chef, Halfdan en vieux bourru cachant son affection paternelle, ou même la réapparition d'une Ylva en grande forme ! Tout ceci est plutôt standard, oui, avec des rôles un peu clichés, mais il s'agit d'une bonne petite "pause" travaillant de façon honnête Siguard et son changement de mentalité, dans la droite lignée des valeurs pacifistes montrées par la série.

"Ce pays n'a pas fait la guerre contre un autre pays depuis plus de cent ans... Y a-t-il une fortune plus grande que celle-là ?"

Arrive ensuite une deuxième partie de tome marquée par une ellipse de deux ans, confirmant donc qu'on ne verra rien du passage de nos héros à Miklagard. On se dit sur le coup que c'est un peu dommage car rien que sur le plan visuel cela aurait pu donner de très chouettes choses, mais il ne fait aucun doute que le mangaka n'aurait pas forcément eu grand chose à y raconter sans s'égarer... Et puis, surtout, cela permet d'avoir de bonnes petites surprises à l'arrivée. Des retrouvailles tant attendues en Islande, une situation qui a déjà beaucoup évolué entre Thorfinn et Gudrid, une cérémonie festive... En somme, quelques dizaines de pages placées sous le signe des bonheurs simples tels que Makoto Yukimura veut les vanter dans son récit, ce qui fait aussi du bien à voir et fait sens dans le propos développé par l'auteur depuis les tout débuts de son oeuvre.

Il n'y a désormais plus qu'à attendre que la dernière grande partie de Vinland Saga se lance... mais en attendant, plutôt que de l'entamer réellement dans ce tome, l'auteur a préféré écourter son récit après 140 pages pour laisser place, dans le dernier quart du volume, à une histoire courte de 46 pages qu'il a dessinée en 2004, donc un an avant le début de Vinland Saga, et alors qu'il venait de finir sa précédente série Planètes. En nous plongeant dans les derniers moments de vie du membre du Shinsen-Gumi Souji Okita en 1868, Yukimura nous propose un récit sans le moindre lien avec les aventures de Thorfinn... ou presque, car on y retrouve largement ses sujets de prédilection. Un cadre historiques tourmenté, un homme qui a passé sa vie à combattre et qui jauge désormais la futilité de ces conflits face à la valeur de la vie, valeur dont il prend notamment conscience par observation de ce qui l'entoure... Les questions sur ce que signifie vivre sont déjà là. Quant à la patte visuelle de ce récit, on se plaît à l'observer pour voir comment le trait de Yukimura a évolué, même si ce trait était déjà riche à l'époque.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs