Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 30 Janvier 2025
Voici désormais quelque temps que Takeda, professeur de japonais, et Arita, fleuriste, ont emménagé ensemble, sans ressentir de sentiments particuliers l'un à l'égard de l'autre, mais simplement parce ce qu'ils se sentent bien quand ils passent du temps ensemble. Il s'agit de l'unique raison les ayant poussés à franchir le cap de la colocation à leur âge, et ils s'en contentent très bien. Mais que peuvent bien penser les rares personnes qui sont au courant de ce colocation à ce jour ? Et de manière générale, quel regard les personnes entourant ces deux-là peuvent-elles poser sur eux, en particulier sur Takeda qui, à leur yeux, semblent si souvent un peu trop insouciant et détaché de tout ?
On peut dire que ces interrogations restent une sorte de fil rouge au fil de ce volume, pour mieux permettra à Fumiya Hayashi d'installer autour des deux personnages principaux des nouvelles figures, et de consolider la place de certaines autres auprès de Takeda et d'Arita. Ainsi, au lycée, une nouvelle réprimande du responsable d'orientation Ichinose sur Takeda, qui se montre à ses yeux trop laxiste sur le fait qu'une élève se soit percé les oreilles, va permettre au mangaka d'étendre un peu plus son petit univers autour de quelques-unes des adolescentes dont l'enseignant a la charge, la plus en vue étant sans doute Ririko qui, en plus de pas mal se questionner à la fois sur son prof décalé et sur son propre avenir, n'est pas sans avoir un lien plus étroit que prévu avec nos héros et en particulier le patron d'Arita. Arita, justement, se retrouve de son côté à devoir recueillir temporairement la fille de Ryûji et de Hinako à la boutique de fleurs, pour un résultat là aussi sympathique: non seulement la timide Arisu est adorable dans son genre, mais en plus cela va, de fil en aiguille, continuer de mieux exposer les rapports passés et présents entre certains personnages, par exemple ceux liant Takeda à son amie d'enfance Hinako.
Simplement, au fil des chapitres, l'auteur montre un talent évident pour développer, à petits doses, tout un microcosme autour de ses deux personnages centraux, son oeuvre étant donc vouée à ne pas du tout se limiter à Takeda et à Arita, quand bien même de nombreux moments sont toujours là pour nous montrer qu'ils passent de bons moments ensembles, qu'ils profitent paisiblement de leur quotidien à la moindre occasion, et qu'ils partagent sans déplaisir des petits choses sur leur jeunesses, sur leur famille ou encore sur leurs petites réflexions. Tandis que ces deux-là profitent de l'instant présent et observent le charme de petits moments parfois très anodins (chose que la narration visuelle posée et maîtrisée de l'auteur souligne bien), on prend plaisir à mieux découvrir Ririko, Hinako et d'autres, tout comme on suit avec intérêt leurs différentes interrogations sur Takeda et Arita. C'est en particulier une discussion entre Hinako et Takeda, vers la fin du tome, qui sonne très juste dans son abord de la question du regard des autres, car même si les gens au courant de la colocation des deux hommes se posent forcément des questions par le prisme des normes de la société, est-il vraiment nécessaire, pour que nos deux héros se sentent bien, qu'ils fournissent des explications rationnelles sur leur choix ?
Toujours aussi réussi dans son rythme laissant profiter de chaque moment, dans ses douces réflexions de société et dans sa mise en lumière des personnages et de leur choix de vie, Vies d'ensemble confirme facilement son attrait avec ce deuxième volume, en tant que tranche de vie particulièrement fine et subtile.