Vendeur du magasin  de vélos (le) Vol.1 - Actualité manga
Vendeur du magasin  de vélos (le) Vol.1 - Manga

Vendeur du magasin de vélos (le) Vol.1 : Critiques

Jitenshaya-san no Takahashi-kun

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 13 Octobre 2023

L'inauguration de la collection poche des éditions du Lézard Noir est un excellent moyen de rendre les parutions de la maison indépendante accessibles, d'autant plus quand de belles séries sont inaugurées. En cette période automnale, c'est "Le vendeur du magasin de vélos" d'Arare Matsumushi qui nous parvient, une œuvre qui a déjà une certaine reconnaissance au Japon puisqu'elle fut nommée pour le prix Kono Manga ga Sugoi de 2022, et a eu droit à un drama l'année dernière.

C'est sous le titre "Jitenshaya-san no Takahashi-kun" que le manga voit le jour en 2019, sur le site de prépublication Torch des éditions Leed, un projet né d'un dôjinshi initialement publié l'année précédente. À ce jour, 6 tomes ont été publiés au Japon, tandis que le 7e est attendu pour novembre.
Il s'agit de la deuxième série de son autrice après le court "Kimusume Renai Kinshirei". De notre côté, c'est avec "Le vendeur du magasin de vélos" que nous découvrons l'univers et la patte de l'artiste.

La tranche de vie dépeinte par Arare Matsumushi est celle de Tomoko Hanno, une jeune femme dans la trentaine, employée de bureau, qui manque clairement d'assurance. Elle n'ose jamais refuser un boulot ni les avances de ses supérieurs, et ne cherche jamais à s'imposer. Aussi, si les gens de son âge préfèrent les films dramatiques au cinéma, Tomoko aime davantage les anime humoristiques tels que Crayon Shin-chan et Doraemon.
Pour se rendre au travail, la jeune femme emploie sa bicyclette, sans pour autant l'entretenir comme il le faudrait. C'est par pur hasard qu'elle rencontre Ryôhei, un garçon beau, mais un peu bourru, qui ne manque pas de tact, mais qui n'hésite pas à dire ce qu'il pense. Par chance, il s'avère que le jeune homme tient un magasin de réparation de vélo, et propose à Tomoko de prendre en charge son deux-roues. Mais loin de vouloir une rémunération classique, c'est un moment avec la timide demoiselle que Ryôhei demande en rétribution. Et si Tomoko redoutait d'abord le garçon, tout en étant cha rmée par son physique, elle va apprendre à le connaître, et inversement.

Pure tranche de vie sociétale, "Le vendeur du magasin de vélos" offre, dès ce premier opus, une atmosphère particulièrement marquante. Les petits instants ordinaires de la vie de l'héroïne, Tomoko, forgent le début du récit, puisque c'est par son regard que les événements se succèdent, de sa vie de tous les jours dans un travail de bureau totalement commun, jusqu'à sa rencontre avec l'étonnant Ryôhei. Un garçon intimidant, certes, mais doté d'un cœur en or et d'un grand respect pour autrui, là où l'entourage professionnel de la protagoniste n'hésite pas à forcer pour s'immiscer dans sa vie. Le cocktail consiste donc à opposer ses deux personnages, une mécanique narrative particulièrement classique en soit. C'est alors que la patte d'Arare Matsumushi fait toute la différence, de son trait faussement hésitant qui donne du cachet visuel au récit, jusqu'à l'évolution de cette romance qui, derrière des airs légers, révèle peu à peu une certaine mélancolie.

Car si le point d'orgue est bien le développement de la relation entre l'employée et l'expert en bicycle, c'est tout ce qui gravite autour de Tomoko qui donne progressivement à l'œuvre une certaine force d'atmosphère. Subtilement, la mangaka en dit énormément sur son héroïne, de son opposition avec son entourage qui en ferait une "marginale" jusqu'à la place qu'elle trouvera auprès de Ryôhei, tout en passant par un contexte familial à peine effleuré, certes, mais déjà riche d'une certaine tristesse. De son côté, le garçon semble aussi promis à un développement similaire, et l'artiste ne fait que poser quelques indices à ce sujet. On sent alors tout le potentiel pour le récit qui, par l'alchimie entre ses protagonistes et les ambiances tantôt comiques, tantôt mélancoliques, nous touche régulièrement.

C'est aussi le trait d'Arare Matsumushi qui, concernant votre serviteur, a su faire mouche. Assez éloigné des standards, qui peut donner l'air d'être grossier ou imparfait, il apporte néanmoins une pierre supplémentaire à l'édifice de la fraîcheur de ce premier tome. Aussi, c'est par ses compositions que la mangaka appuie les émotions et dilemmes de ses personnages, et donne aux interactions une certaine vie. Loin d'un style abstrait donc, bien au contraire.

Alors, ce premier volume atteindra sans mal les amoureux de tranche de vie et de romance, amateurs de petits riens du quotidien, et qui aiment quand une œuvre de la vie de tous les jours aborde subtilement les sujets de l'individualité et l'identité. Et parce que l'éditeur propose les deux premiers tomes en simultanée, difficile de résister à l'envie de se jeter sur le suivant !

Côté édition, Le Lézard Noir livre une copie assez singulière. Le papier est de qualité tout comme la couverture, séduisante par ses effets de vernis sélectifs sur les textes, apportant un certain relief. À ceci s'ajoute la traduction de Léa Le Dimna, très habile pour retranscrire textuellement l'opposition entre les deux têtes d'affiche.
Mais parce que l'éditeur opte pour des matériaux assez solides, il en résulte un ouvrage plutôt rigide malgré son format poche, ce qui ne sera peut-être pas du goût de tous. Néanmoins, rien ne vient gêner la lecture, et c'est le plus important !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs