Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 29 Mars 2010
Le premier tome d’une autre série de vampires commence par un combat à mort entre Johnny Rayflow et Charles J. Chrisfont, alias Charley. Le premier est un vampire assumé, tandis que le second se proclame cyborg au service du Vatican pour éliminer la race de la nuit, alors même qu’il en fait partie et subsiste grâce à Johnny, supposé être son ennemi. Le problème de Charley est donc le paradoxe flagrant entre sa mission et ses croyances, cette foi qui le lie à la morale et à la religion. Se considérant comme un pêché vivant, il s’investit de tout cœur dans son combat, et n’accepte que son « maître » à ses côtés, ou plus exactement sa réserve de nourriture. Un constant affrontement existe entre les deux hommes, de par leurs caractères et leurs modes de vie. Johnny est un bon vivant, se laisse aspirer le sang, profite de chaque détail et aime à plaire, tandis que son compagnon déteste tout le m’a-tu-vu, toute la dentelle et tout le bonheur qu’il peut y avoir dans la vie. Cette fois ci pourtant, Charley est chargé de livrer son garde manger à son commanditaire, en échange d’une certaine « Princesse » que Rayflow semble bien connaître … C’est là que le chasseur de vampires se rend compte brutalement qu’il ne connait pas si bien que cela ce visage insouciant, apparemment prêt à aller jusqu’au bout pour sauver sa princesse …
Au-delà des prémices de l’histoire, qui commence sur les chapeaux de roues, on découvre bien vite une autre intrigue, plus poussée, où les personnages ont tout le loisir d’être développés et où l’on découvre un peu du passé de Johnny, ce qui n’est pas pour déplaire à ses admiratrices. La narration a beau être très brouillonne, souvent difficile à suivre, il en reste des éclats plutôt marquants qui nous permettent plus ou moins facilement de suivre le fil conducteur de ce premier volume. On pourra sans peine dire que le thème vampirique, associé à l’amour ambiguë qui existe entre les deux personnages principaux ne fait pas preuve d’une originalité incroyable, pourtant il y a dans ce seinen une touche de combat, de violence, qui permet de toucher du doigt un récit plus intéressant que la moyenne. Ceci dit, le contraste entre les moments comiques et la violence des affrontements a un goût sympathique, de même que l’indéniable cohésion qui est pensée pour l’histoire. Les liens entre chacun sont expliqués, et les passages qui s’attardent sur Johnny sont d’autant plus agréables que le personnage est charismatique ! Reste que la manière de traiter l’histoire est extrêmement maladroite, qu’un lecteur peu attentif se perdra en trois pages, et que les combats rendent le tout encore plus embrouillé.
Sous une couverture très sobre mais légèrement provocante se cache un seinen (oui oui) d’action, teinté d’humour, et desservi par un graphisme caractéristique. On ne retrouve pas la manière habituelle de traiter les hommes dans ce genre de récit, et les yeux des jeunes gens sont aussi écarquillés que ceux d’une héroïne de shojo. En somme, un traitement plutôt atypique, qui allie des figures comiques à des regards perçants, des monstres informes ou des individus louches. Même si l’ensemble ajoute un peu de confusion à la narration tant la dynamique des dessins est chahutée et tant les effets de mouvements ou les décors peuplent l’arrière plan, on en retient une satisfaction certaine. Notamment face à Johnny, le playboy vampirique par excellence, aux abdos de fer et au sourire ravageur. Un mot sur l’édition qui laisse quelques fautes d’inattention, saute quelques mots ou change l’orthographe de certains, pour une adaptation pourtant plaisante au niveau des onomatopées ou des anglicismes. Et que ceux qui auraient envie de commencer cette bonne série s’y prennent à deux fois : l’arrêt de commercialisation étant officiel, il faudra se contenter de deux tomes jusqu’à ce qu’un autre éditeur daigne reprendre le flambeau des mains de Kami …