Vagabond Vol.35 : Critiques

Une nouvelle fois l’attente fut longue, mais une nouvelle fois elle est récompensée par un beau volume dont seul Takehiko Inoue a le secret !

Musashi n’est plus un guerrier, c’est désormais un paysan qui s’occupe d’un enfant isolé qui n’est pourtant rien pour lui. Musashi a déposé les armes, il ne voue plus sa vie au combat, ni même au sabre, il veut simplement devenir fort au sens large, avoir un esprit fort, un volonté forte, une détermination inébranlable. Et pour cela il s’attaque à son combat peut être le plus dur : il affronte la nature !
Notre héros décide de dompter le terre, de vaincre l’eau et les vents pour faire pousser du riz ! Pour le meilleur sabreur de son époque ce combat pourrait paraître futile, mais dans son esprit la démarche est la même ; cela reste un combat, il médite sur la force de l’eau, sur son caractère indomptable, et sur le meilleur moyen non pas de la vaincre mais de ne pas être vaincu par elle ! Là encore tout est affaire de détermination, et c’est cette détermination qui va rapprocher des gens de lui, des gens qui encore il y a peu le craignait !
Lui qui a toujours été un solitaire attire désormais les gens à lui. Il n’est plus une ombre qu’on fuit ou qu’on essaie d’imiter, il devient un modèle à suivre, un lueur d’espoir pour de pauvres gens qui ne peuvent se raccrocher à rien !

Cela peut paraître étrange, voir carrément déroutant pour ceux qui n’auraient pas suivi le parcours de Musashi depuis le début, pour ceux qui s’attendent encore à lire un manga sur la vie d’un samourai, qui veulent des affrontements… Et pourtant Vagabond raconte bel et bien la vie de Musashi, non pas le samouraï, mais l’homme, qui fut autrefois un samouraï !
Autrefois en proie a de nombreux démons, il est désormais en paix, bien que toujours suivi par quelques fantômes, à l’image de la couverture où on le découvre souriant et regardant devant lui…à moins qu’il regarde derrière, puisqu’il a acquis désormais la maturité nécessaire ! Tout est dit sur cette couverture : il est marqué, par le temps et les coups, tourné vers l’horizon, il est le résultat de la somme des évènements qu’il a connu, et a un objectif qui n’a rien à voir avec la mort d’autre hommes.

Et pourtant ces hommes sont toujours là, ils l’observent, mais sans rancœur, comme s’ils validaient, s’ils approuvaient sa nouvelle vie. D’ailleurs l’auteur nous propose de magnifiques dessins où tous sont réunis, tels des fragments du passé, un passé qui n’a jamais semblé aussi loin désormais.

Le virage dans la série est réellement audacieux et peu d’auteurs auraient pu le réussir sans aller droit dans le mur (peu d’auteurs l’auraient tenté avant tout), il n’y avait bien qu’ Inoue pour réussir une telle tache aussi aisément !

Un volume surprenant mais qui n’en demeure pas moins saisissant ! Samourai ou paysan, il s’agit toujours du même destin passionnant !