Ushijima - L'usurier de l'ombre Vol.5 : Critiques

Ushijima est toujours en prison, et toute l’équipe -sauf Masaru qui projette de se mettre à son compte- œuvre pour la libération du yamikin. Par pressions, menaces ou pots de vin, trois des faux plaignants acceptent de retirer leur plainte : seul Jun oppose une résistance farouche. L’auteur présente ce nouveau personnage comme ayant une volonté et une capacité d’optimisation remarquables. En effet, endetté de tous les côtés, cible de la colère d’Ushijima et surtout menacé par un truand peu commode qui le fait chanter, Jun n’a d’autre choix que de composer avec tous ces facteurs, ce qui n’est pas toujours évident … Et, alors qu’il est au sommet de sa gloire, Jun va vite redescendre. Persuadé de faire plus d’efforts que les autres, de mériter d’avantage la reconnaissance, son obsession pour la soirée le perdra. Une fois Ushijima libre, le jeune homme s’enfonce dans des dettes faramineuses et impayables, ce face à quoi il essayera de se défiler, en faisant intervenir les autres protagonistes lui causant du tord, sans succès. La fin de l’histoire de Jun est assez poignante, puisqu’on voit jusqu’où l’homme est prêt à aller, d’une part pour la réussite, d’autre part pour la vengeance et l’argent. Jun, humilié et abandonné, connaitra une fin très bien amenée par l’auteur, plus violemment que les précédentes. Ainsi se conclut un chapitre où notre « héros » avait la première place ou presque, à présent il est temps de retourner aux nouvelles quotidiennes.

Les chapitres suivants vont permettre d’entrer véritablement dans le monde de la prostitution. Les précédents tomes ne tombaient que rarement dans ce courant, un peu facile mais incontournable, et là, l’auteur nous fait rentrer au cœur du sujet. On rencontrera alors trois professionnelles, Moko, Mizuki et Anna, bien que seules les deux premières soient réellement abordées ici. Plus que leur métier, considéré comme « répugnant » par certains, c’est leur quotidien que l’on découvre, mais surtout leurs façons de penser. Les motivations de chacune sont différentes, ce qui s’en ressent sur leur manière de travailler. Ici, la seule endettée est Moko, qui n’a pas l’air d’avoir de problème. Pour l’instant, tout ceci n’est qu’un prétexte pour amener cette histoire de prostituées. On attend cependant avec impatience de voir comment évoluent leur argent, leurs modes de vie et leurs attitudes professionnelles. Shôhei Manabe signe ici un très bon tome, qui allie intrigue principale centrée sur le héros et nouvelle presque indépendante du récit. Il faut s’attendre ici à un plongeon encore plus marqué dans les vices et les défaillances de l’esprit humain, que ce soit du côté des filles mais surtout de leurs clients et de leur perception de la vie à tous, leurs priorités. Le mangaka nous entraine toujours sur sa piste, pas forcément plus loin mais surtout ailleurs. On explore ainsi une société que l’on préférerait ne pas connaître …