Under Ninja Vol.1 - Actualité manga
Under Ninja Vol.1 - Manga

Under Ninja Vol.1 : Critiques

Under Ninja

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Mars 2023

En France mais aussi à l'international, Kengo Hanazawa s'est taillé une solide réputation avec son manga emblématique I am a Hero, sorti en France aux éditions Kana, mais n'oublions pas qu'on lui doit aussi l'intéressante série Ressentiment qui est sortie chez Ki-oon en 2014-2015 sous la forme de deux gros pavés. Pour sa troisième publication française, le mangaka pose ses bagages chez une éditeur qui est encore différent: Pika Edition, qui nous propose de découvrir depuis ce début de mois de mars sa dernière série en date Under Ninja. Pour cette oeuvre lancée au Japon en 2018, l'auteur a changé de magazine et d'éditeur dans son pays d'origine, en passant du Big Comic Spirits de Shogakukan au Young Magazine de Kodansha.

Comme son nom le laisse deviner, Under Ninja aborde l'un des sujets les plus représentatifs du Japon auprès de la masse populaire: les ninjas. Cette organisation, qui prospérait autrefois, a été démantelée après la Seconde Guerre Mondiale, et est censée avoir disparu depuis plus de 70 ans... sauf qu'en réalité, ils existent toujours secrètement en accomplissant toutes sortes de missions. Il y en aurait 200 000 qui continueraient à agir dans l'ombre aujourd'hui, en ne dépendant pas de l'Etat mais d'autre chose. Au vu du nombre de ces ninjas, il va de soi que les meilleurs, l'élite, s'impliquent dans des problèmes nationaux voire internationaux, tandis que d'autres ont parfois toutes les peines du monde à trouver une mission au risque d'être désoeuvré. Et notre personnage principal, Kurô Kumogakure, 17 ans, fait plutôt partie de la deuxième catégorie. Déscolarisé, ayant grandi sans sa mère qui a disparu après l'avoir mis au monde, le jeune garçon a choisi la voie du ninja, pour laquelle il s'entraîne quotidiennement comme il peut depuis son studio où il vit dans une fausse oisiveté. Et son destin pourrait bien basculer quand Katô, un commandant en second de l'organisation ninja, vient lui confier une mission, retrouver un homme russe qui semble prêt à tout pour infiltrer les ninjas...

Pour ce nouveau manga se déroulant dans le Japon contemporain, Hanazawa part donc d'une idée étonnante et intrigante : les ninjas sont toujours là, parmi nous. Forcément, ils ont dû s'adapter à un Japon qui a grandement changé au fil de ce dernier siècle, et c'est en cela que réside ce qui est pour l'instant l'élément le plus prenant de ce début de série: les entraînements doivent se faire en milieu moderne très urbanisé, et c'est donc avec un mélange d'intérêt et d'amusement que l'on suit à quelques reprises Kurô quand il s'entraîne en exploitant son environnement urbain et ce qui lui passe par la main. Escalader les murs, ramper dans les planchers, se hisser entre deux murs rapprochés, s'infiltrer dans les logements de ses voisins, utiliser aussi bien des couteaux de cuisine que des cure-dents en guise d'armes éventuelles... sont autant de choses auxquelles il s'adonne avec le plus d'agilité, de souplesse et de discrétion possibles. Et cela, même si ça doit parfois aboutir à des situations cocasses, à des choses qu'il ne devrait peut-être pas voir sur ses voisins. Ce n'est pas Mlle Kawado quand elle est ivre ou M. Oono quand il joue les pervers qui diront le contraire ! Et au fil de tout ceci, on sent que le mangaka s'amuse bien. Non seulement parce que son dessin, immédiatement reconnaissable quand on a lu I am a Hero, régale par son ultra-réalisme dans les décors, l'excellente exploitation de ces décors via des angles de vue immersifs à souhait (surtout quand Kurô se tortille à l'intérieur de son immeuble), et de vrais bons moments de découpage. Mais aussi parce que tout ça amène forcément des éléments un brin ubuesques, quelque peu décalés, de bons exemples étant les explications d'Oono pour se présenter comme un "pervers malgré lui", le quiproquo improbable du russe sur ce qu'il faudrait faire selon lui pour être accepté en tant que ninja (couper des zizis, youpiii!), ou encore la scène absurde où ce même aspirant ninja russe sort de sous une voiture en se retrouvant avec une vue peu commune sous les yeux... Par son mélange étrange mais réussi entre son style visuel très réaliste et ses moments de décalage et d'humour un peu grotesque, ce début d'Under Ninja pourrait éventuellement rappeler un peu un manga comme The Fable, lui aussi issu du Young Magazine au Japon, et lui aussi publié par Pika Edition en France.


Tout ça, c'est bien beau, mais côté scénario ça donne quoi ? Eh bien pour l'instant, on se le demande, tant Hanazawa se contente de lâcher par ci- par-là des bribes de pistes sans grand chose de plus. Il y a principalement, pour l'instant, ce russe qui commence à semer la pagaille et dont on comprend brièvement qu'il n'a pas d'autre choix que d'accomplir son rôle, Kurô qui se voit confier la mission de le débusquer, l'installation plus ou moins prégnante de plusieurs autres personnages (Katô, Sasama, Onikôbe... sans oublier les personnes n'ayant rien à voir avec le monde des ninjas comme Kawado et Oono), une interrogation sur pourquoi une organisation aussi importante que celle des ninjas n'a toujours pas été placée sous le contrôle de l'Etat, et l'évocation aussi brève que nébuleuse du fameux Under Ninja.

Il faudra donc attendre la suite pour voir un peu mieux où Kengo Hanazawa veut nous emmener, afin que les différents éléments lâchés ici et là se rejoignent peut-être. Mais en attendant, ce premier volume accomplit plutôt bien sa mission: installer quelque chose d'intrigant dans une ambiance souvent un peu décalée, et avec toutes les qualités visuelles que l'on connaît chez l'auteur.

En ce qui concerne l'édition française, c'est tout à fait correct dans l'ensemble. A l'extérieur, la jaquette, très sobre, reste totalement fidèle à l'originale japonaise. Et à l'intérieur, on a droit à quatre premières pages en couleur sur papier glacé, à une qualité d'impression plus qu'honnête sur un papier à la fois souple, suffisamment épais et opaque, à un lettrage propre, et à une traduction claire d'Ilan Brunelli.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs