Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 19 Juin 2024
Dans le but d'éviter les tragédies des précédentes boucles temporelles, Fûko cherche à rallier un à un les annulateurs dont elle a croisé la route lors de son existence précédente. Elle doit maintenant convaincre Void de la rejoindre, ce en évitant la tragédie qu'il s'apprête à connaître en devenant l'annulateur Unvoidable. C'est par un match de box que "Unluck" compte faire d'une pierre deux coups...
La deuxième grande partie d'Undead Unluck continue de développer son arc de réunion des nombreux annulateurs que nous connaissons. Un concept qui peut sembler tirer vers la facilité et vers la dimension fan-service, mais que Tozuka continue de développer avec beaucoup de justesse et en faisant résonner une symbolique forte : le plan de Fûko ne consiste pas seulement à sauver le monde de Dieu et du Ragnarok, mais aussi à sauver tous les annulateurs aux destins dramatiques dont elle a pu croiser la route.
De nouveau, le constat est sans appel pour l'héroïne : cette dernière a bien évolué, de manière logique et non forcée, et ne cesse de s'imposer comme une tête d'affiche charismatique tout en gardant son optimisme attendrissant. C'est aux côtés de cette Fûko que pas moins de quatre annulateurs sont traités dans ce dix-septième opus, incluant Void dont le cheminement de recrutement a déjà été introduit dans le tome précédent. Son mini-arc s'achève de manière assez évidente, mais efficace, afin de laisser la voie à un triple rencontre bien plus intense et lourde de sens.
Car dans un second temps, Tozuka choisit de traiter trois annulateurs dont l'un d'eux représente l'un des personnages les plus complexes de l'œuvre. Pas de chichi là-dessus puisque la couverture nous dévoile son identité : c'est un Billy militaire que l'on retrouve, juste avant que lui et deux autres figures ne deviennent des annulateurs dans un chaos presque inéluctable. Le mangaka en profite pour développer de nouveau ce trio de personnages tout en abordant le cadre de la guerre, impitoyable, au sein duquel il n'existe pas d'héroïsme du soldat, tout au plus une détermination à sortir d'une telle boucherie en sauvant les vies de ses camarades respectifs. Ce segment est poignant dans son ambiance, lourd de sens, tout en se payant le luxe d'affrontements toujours aussi inventifs dans l'exploitation des pouvoirs. Si on ne doute certainement plus du talent de l'auteur pour cet aspect du récit, il reste à saluer à chaque fois, surtout quand l'intrigue se couple à un cadre novateur et à des confrontations toujours aussi fortes par leurs morales et leurs symbolismes.
Après l'extraordinaire et bouleversant arc Ragnarok, Undead Unluck est parfaitement parvenu à retomber sur ses pattes. Aussi, tout l'arc de recrutement s'avère maîtrisé, parvient à nourrir davantage certains annulateurs assez méconnus, tout en donnant encore plus de consistance aux figures clés de l'intrigue, à grand renfort d'idées cohérentes, d'une chronologie maitrisée, et de combats toujours aussi délicieux grâce à l'exploitation habile des concepts de la série. On pouvait craindre que l'absence d'Andy soit un frein à ce début de deuxième cycle, mais que neni ! Le shônen de Yoshifumi Tozuka reste une véritable pépite, injustement dans l'ombre de certains mastodontes.