Ultramarine Magmell Vol.1 - Actualité manga
Ultramarine Magmell Vol.1 - Manga

Ultramarine Magmell Vol.1 : Critiques

Gunjô no Magmel

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Avril 2019

En ce mois d'avril, le catalogue des éditions Ototo accueille l'un de ses gros morceaux de l'année: Ultramarine Magmell, une série aussi connue à l'étranger sous les noms Gunjô no Magmell ou Magmell o the Sea Blue, et dont la parution française coïncide parfaitement avec l'arrivée au Japon de son adaptation en série animée par le studio Pierrot, studio auquel on doit déjà notamment les animes Naruto, Bleach, Black Clover, Tokyo Ghoul et beaucoup d'autres. Mais en plus de cette actualité florissante, cette oeuvre d'aventure et d'action jouit d'un parcours aussi atypique que remarqué, notamment parce que son origine est à chercher en Chine. En effet, c'est d'abord dans son pays d'origine, dans le magazine Ok! Comic des éditions Fanfan, que l'artiste chinois Di Nianmiao (aussi connu sous le nom Dainenbyou au Japon) a lancé son oeuvre en 2014, avant que celle-ci ne soit repérée par l'éditeur japonais Shûeisha qui décide de la prépublier sur le site Shônen Jump+, dérivé de la vaste écurie Jump ayant aussi accueilli les mangas Fire Punch, Astra - Lost in Space, Hell's Paradise ou Re/Member, entre autres. Voir une oeuvre chinoise se retrouve dans l'écurie Jump est plutôt rare, et forcément, cela intrigue quant aux possibles qualités de l'oeuvre en question. Et des qualités, il y en a, assurément, dans ce premier tome qui pose malicieusement et sans prendre son lecteur pour un idiot, des bases prometteuses avec pas mal de possibilités.

Dans notre monde, voici déjà 35 ans qu'est arrivée la "première année du miracle": au beau milieu de l'océan Pacifique, un nouveau continent inconnu sortit de nulle part. Nommé Magmell, il révéla d'emblée une faune et une flore inconnues, atypiques et merveilleuses, suscitant dès lors parmi les Terriens ce qui ne pouvait plus trop être fait: un profond désir d'exploration. Portés par la soif de découvertes, de richesses, d'aventures pouvant changer la face du monde, nombre d'humains, depuis 35 années, s'appliquent à explorer les mille et une merveilles de ce nouveau continent ne ressemblant à aucun autre. Mais qui dit exploration de l'inconnu dit également nombreux dangers, et ainsi, dans ces contrées sauvages, la vie ne cesse de côtoyer la mort, et des drames s'y jouent tous les jours. C'est pour cette raison qu'il existe plusieurs équipes de sauveteurs spécialisés, dont la plus réputée se trouve sur l'archipel Kusiku à 200km à l'ouest de Magmell, et se nomme le pavillon des Glaneurs. Le signe particulier de cette équipe ? Hé bien, elle ne compte que deux membres, très jeunes qui plus est. L'une, Zero, est une fillette rousse à la mine taciturne guidant depuis le local son maître, Yin Yô, qui part seul secourir celles et ceux qui le demandent sur le continent aux milles merveilles.

Telles sont les premières bases de ce récit qui, sur le papier, a forcément des allures de déjà vu (rien qu'aux éditions Ototo, ce pitch rappelle à certains égards l'excellent Made in Abyss), ce qui ne va aucunement empêcher l'auteur de développer son propre univers avec réussite, essentiellement dans la mesure où, comme déjà dit, il ne prend pas ses lecteurs des idiots. Ce qu'il faut comprendre par là, c'est qu'à la manière d'un Yoshiro Togashi dans Hunter x Hunter ou des auteurs du manga français Horion, Di Nianmiao, une fois les toutes premières bases posées, ne s'embarrasse jamais de longues et lourdes phases de présentation des différents concepts de son univers: il ne nous prend pas par la main, et nous laisse le loisir de découvrir ici et là des bribes d'informations au gré des aventures de ses héros. C'est donc surtout en suivant Yin et Zero dans leurs missions qu'on cerne petit à petit toutes les possibilités qui s'ouvrent, et que l'on cerne l'essentiel à savoir. La division de Magmell en plusieurs districts et en lieux classés en rang de dangerosité, le fait que près d'un tiers des voyageurs annuels sur Magmell n'en revient pas vivant la création d'une nouvelle monnaie (les cosmo-crédits, où 1 crédit équivaut à 0,11€... c'est précis), le fait que ce nouveau continent exerce une force répulsive sur les objets venant de l'extérieur, l'existence d'entreprises visant à exploiter les richesses découvertes (comme Polaris)... sans oublier la raison faisant du pavillon des Glaneurs la meilleure équipe de sauveteurs: là les autres équipes, y compris celles créés par de puissantes entreprises, tournent autour de 0,20% de réussite, Yin et Zéro culminent à 20%... Et pourtant, quand on les voit la première fois, on ne parierait pas sur eux !

En effet, qui irait imaginer tant de talent en une gamine rousse qui fait toujours la moue et qui reste enfermée pour les missions, et à un adolescent bien souvent déconnecté de la réalité et qui apparaît très, très souvent nonchalant voire mollasson quand il n'est pas en mission ? Pourtant, ces deux-là, quand ils sont en mission, forment la meilleure des équipes, pour certaines raisons: leur capacité de matérialisateur qui leur permet de créer certains objets à partir de leur imaginaire, mais également ce que l'on comprend de ces deux-là quand ils sont en action, c'est-à-dire leurs connaissances les plus rigoureuses précises sur Magmell, sa faune et sa flore connues, et sur les spécificités propres à certaines espèces. Qui plus est, Di Nianmiao parvient à camper de bonnes choses autour de ces deux héros, à commencer par un certain humour régulièrement présent: la jalousie de Zéro envers les grosses poitrines, la nonchalance de Yin qui lui vaut souvent d'avoir des petits comportement décalés, la façon dont tous les deux deviennent redoutables et sans pitié quand il s'agit de... choper des ristournes au magasin... On peut dire que les deux font la paire, mais au-delà de ça des interrogations arrivent naturellement à notre esprit: que sont-ils l'un pour l'autre ? Pourquoi opèrent-ils ensemble ? Où sont leurs proches ? Etc...

C'est donc en découvrant peu à peu cet univers aux nombreuses possibilités, où l'auteur ne se ferme rien, que l'on suit les premières aventures de Yin et Zéro. Dans les faits, le schéma est on ne peut plus simple, avec des premières missions plutôt auto-conclusives même si on y croise des personnages voués à revenir, comme Emilia Dunst. De même, la base des missions est assez simple: quelqu'un vient demander à nos héros d'aller secourir un proche à Magmell, et voila. Mais ce schéma, l'auteur y insuffle une certaine diversité, que ce soit dans les situations, dans le bestiaire et la flore qui se découvrent, et surtout dans les ambiances installées. Sur ce dernier point, après une première mission de sauvetage assez standard voire plutôt légère et rigolote à plus d'une reprise, la deuxième mission vient déjà surprendre en se développant sur un tout autre ton, plus sombre, plus dramatique, surtout plus cruel, en se terminant même mal, et en soulignant avec force que les pires dangers à Magmell ne viennent pas toujours de l'inconnu, mais peuvent aussi venir des ambitions humaines pouvant confiner à la folie...

Visuellement, on sent un fort héritage de toute une tranche d'oeuvres shônen de l'écurie Jump, surtout dans la manière de dessiner les personnages, et peut-être est-ce pour ça que la série a tapé dans l'oeil de Shûeisha. En tout cas, pour ses héros humains, Di Nianmiao offre un trait à la fois assez fin et expressif, où il soigne les expressions faciale, les yeux, les coiffures, afin de distinguer très facilement les différents personnages. Mais évidemment, le dessinateur séduit surtout pour tout ce qui tourne autour de son continent imaginaire, Magmell, pour lequel il invente des créatures aux spécificités physiques et comportementales réussies, mais aussi une flore dense pouvant receler des denrées très précieuses. A l'extérieur de Magmell, l'auteur n'est pas en reste en soignant les designs de véhicules (volants, notamment) et les quelques décors plus urbains de Kusiku. Ses cases n'apparaissent jamais vides: il y a toujours des fonds plus ou moins détaillés mais souvent assez recherchés. Et lors des moments plus vifs, il laisse apparaître une grande fluidité et beaucoup de dynamisme dans les découpages et les angles choisis.

Au bout de la lecture, l'essentiel est donc assuré: Magmell divertit, séduit pour ses visuels, intrigue beaucoup pour ce qui est déjà posé et pour ses nombreuses possibilités... L'univers proposé par Di Nianmiao a déjà beaucoup de choses pour séduire, et l'on a forcément hâte de voir ce que l'imagination de cet auteur nous réserve !

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve non corrige fournie par l'éditeur, on ne donnera aucun avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction