Twittering birds never fly Vol.1 - Actualité manga

Twittering birds never fly Vol.1 : Critiques

Saezuru tori wa habatakanai !

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Août 2013

Ce premier tome du nouveau titre de Kou Yoneda met en scène quatre personnages, avec plus ou moins d’importance. D’abord on commence par une petite nouvelle qui introduit le ton si bien affuté de l’auteur, que l’on connaît déjà par « Le labyrinthe des sentiments ». On y découvre Kageyama, un médecin un peu spécial qui est attiré par les cicatrices comme un papillon de nuit par la lumière. C’est le meilleur ami de Yashiro, un yakuza un peu particulier. On apprend dans la nouvelle de fin que ce dernier est amoureux depuis le lycée, un amour déçu qu’il a été incapable d’afficher, de reconnaître, de vivre. Alors il se contente, depuis des années, d’une amitié fidèle, et va même trouver à son ami l’amour de sa vie, dans un de ses subordonné difficile qui se rebelle contre l’autorité. Kuga est pile celui qu’il faut pour Kageyama, et leur romance introduit le manga avec assez de légèreté. C’est quelque chose qui se passe bien, qui se conclut et ces deux-là semblent s’être trouvés. Mais la majeure partie du tome, et surtout le principal intérêt du manga, c’est l’histoire de Yashiro. Du moins le début de celle-ci. On le découvre sous trois aspects différents dans ce premier opus. D’abord, l’ami conciliant et yakuza intraitable. Puis l’homme torturé, souillé par son passé mais satisfait de sa situation. Et enfin, l’adolescent qui voit ses faibles espoirs piétinés par la seule déception qu’il a eu de toute sa vie.

Comme d’habitude dans l’univers de Kou Yoneda, les personnages sont sublimes. Au début on ne pense pas trouver autant de profondeur, mais dès que l’on arrive sur Yashiro, c’est l’explosion. C’est juste le plus beau personnage de yaoi, voire tout court, que j’ai eu l’opportunité de voir depuis « Le jeu du chat et de la souris ». Il est esthétiquement très beau, quoique pas forcément aussi lisse qu’à l’ordinaire. En effet, il est déjà bien adulte, les cheveux laqués, les yeux fins, pas de rondeurs dans les lignes de son corps ni d’élégance trop efféminée. Il a une sexualité très particulière. En effet, il est masochiste. Depuis qu’il a été violé, Yashiro recherche cette souffrance qui lui est source de plaisir. Il inverse les sentiments, fuit l’amour, refuse de s’attacher et préfère qu’on le violente pour être sûr de ne pas tomber amoureux. Il aime qu’on le désire, qu’on lui saute dessus en ayant honte de coucher avec un dépravé pareil. Yashiro est impulsif, entier, mais très secret et complexe à comprendre. Il veut contrôler les autres par tous les moyens possibles, et offrir son corps lui permet de prendre le rapport de force sur son partenaire, et d’en retirer du plaisir. Il est rabaissé plus bas que terre mais c’est cela qui le rend si puissant et hors d’atteinte. Les critiques, les insultes ne l’atteignent pas. Il n’est pas sensible, comme détaché du monde. Yashiro observe le monde et cherche à jouer avec.

Mais l’arrivée de Domeki va bouleverser son quotidien si bien rangé. C’est un de ses hommes, et Yashiro ne veut pas toucher à ses hommes de peur que leur admiration couplée à un rapport physique les fasse tomber amoureux de lui. Mais Domeki est nouvellement arrivé, et Yashiro comprend vite qu’il ne le désire pas. Pire, qu’il est impuissant. C’est parfait. Aucun risque qu’il tombe amoureux puisqu’il n’a pas envie de lui, pas vrai ? Et le voir incapable de bander pour lui l’excite d’autant plus. On comprend à la fin du tome que c’est sans doute parce que par le passé c’est ce qu’il s’est déjà produit. Ne serait-ce pas dangereux de revivre encore ce genre de situation ? Autant de questionnements qui nous fascinent et nous donnent terriblement envie de lire la suite. Vite, la suite, pitié. Ce manga arrive, en un tome, à provoquer un bouleversement tonitruant. Voilà des personnages travaillés, et originaux qui plus est. La mangaka arrive avec son histoire pas comme les autres, avec un anti-héros des plus réussis, qu’on déteste autant qu’on l’adore. Domeki parait vide et a aussi beaucoup de promesses à nous faire par la suite. Même Kageyama, peut-être, pourra encore nous surprendre. Donc oui, c’est une petite merveille. Jetez-vous dessus !!!

Peu à peu, on se laisse doucement bercer par la narration de Kou Yoneda qui, une fois les premières pages passées, se révèle étonnamment fluide et particulièrement agréable. Un petit mot sur les graphismes, le trait de la mangaka est simple, un peu trop parfois mais suffisamment travaillé pour rendre les expressions de ses personnages avec justesse. De plus, cela rend le dessin épuré et laissant la place à ce qu’il y a de véritablement important. Les expressions sont fines et particulièrement réussies, puissantes, et encore une fois Yashiro se détache par son air supérieur et dédaigneux, puis ses yeux luisant d’envie. Les décors ne sont pas toujours là, mais le vide signifie également quelque chose dans ce manga qui a besoin d’espace pour mettre en avant tous les sentiments qui s’y perdent. Enfin, les scènes sensuelles sont habilement dessinées sans jamais rentrer dans le vulgaire, et c’est vraiment sur une vague de simplicité que se promène l’auteur. L’édition Taifu n’a rien à se reprocher à part, comme d’habitude et comme partout actuellement, un manque d’adaptation des onomatopées qui pourraient pourtant l’être. Mis à part cela, la traduction est satisfaisante et aussi fluide qu’un début compliqué le permet, et la page couleur du début est un bonus agréable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
20 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs