Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 15 Novembre 2012
Un nouveau Hinako Takanaga, ça ne se boude vraiment pas. Loin de là. Même un one shot, qu’on sait d’avance frustrant, on prend. On se jette dessus. On le dévore. Surtout qu’il nous apparait un peu meilleur que le précédent sorti. La mangaka nous présente cette fois-ci un couple qui tourne autour du travail d’artiste dans le théâtre ou la réalisation. Sakuragi Keigo est écrivain scénariste, il ne sait plus vraiment. Il aimerait vivre de ses scénarios mais, même s’ils sont reconnus par les professionnels et notamment certains metteurs en scène, le public ne réagit pas vraiment positivement. Car ses histoires sont trop profondes, trop complexes, trop distantes des personnages avec des points de vue assez objectifs, donc moins ancrés dans les sentiments. Il a perdu ses illusions et ses grandes motivations, ses rêves aussi, un peu. Il ne travaille plus que pour essayer de subvenir à ses besoins en écrivant de ci de là, heureusement soutenu par un metteur en scène de théâtre qui croit vraiment en lui. Un jour, par hasard, sa route croise celle de Toshiki Imamura, un étudiant qui fait le tour du Japon en vélo. Lors d’une crevaison, ils passent une nuit ensemble. Une nuit où l’étudiant découvre une nouvelle passion, une nuit où le scénariste dort enfin bien après s’être profondément abandonné.
Comme toujours dans les histoires de Takanaga, les caractères sont très travaillés. Sakuragi est perdu, blasé, cynique et très pessimiste. Il ne croit pas en lui, ne croit même plus en l’être humain et à la réussite de ses œuvres. Il est tout le temps sous pression, se prend la tête, préfère fuir plutôt que d’affronter … Imamura est l’exact opposé. Il est sympathique, avenant, naturel et profondément optimiste et spontané. Il décide d’une carrière dans le théâtre en quelques jours, il se lance dans un monde inconnu sans hésiter. Ces oppositions créent des tensions, tout les mettant ensemble de manière certaine puisqu’ils se complètent parfaitement et s’équilibrent. Chacun apporte quelque chose à l’autre, même si les choses ne sont pas encore très faciles. En effet, le travail et la vie privée ont tendance à se mélanger et ça ne marche pas vraiment. Il vaut mieux séparer les deux et s’occuper de la réussite de l’un, puis de l’autre. Au final, les deux sont à la poursuite de leur rêve et ils essaient de se débattre pour essayer de trouver le leur. Ensemble. Pourtant, leur attirance ne s’explique pas, fruit du hasard. Mais elle nous offre de très beaux moments d’émotion, de sensualité, de disputes. On se retrouve alors vraiment touchés par leur histoire et leurs difficultés qui se déroulent lentement mais sûrement devant nos yeux.
Du côté des graphismes, le tout est précis et abouti, notamment au fur et à mesure que l’on progresse dans la lecture. Sakuragi est parfaitement bien représenté avec ses humeurs changeantes et sa capacité à s’énerver en un quart de seconde. Sa rougeur, ses emportements, sa gêne ... Tout est parfaitement maîtrisé dans ce personnage qui est le plus abouti graphiquement et scénaristiquement parlant. On retrouve en Imamura l’air un peu perdu et vide des héros les plus de bonne humeur de l’auteur, à la manière d’un Silent Love ou d’un The Tyrant who fall in love. On apprécie enfin les détails, bien mis en valeur dans les diverses scènes du manga. Les personnages se distinguent facilement, leurs expressions sont tout aussi variées et la gestuelle ainsi que les fonds sont bien remplis et adaptés à la narration. Une vraie réussite visuelle, comme toujours. Taïfu fait également un bon travail, en se rattrapant sur certains titres dont les pages étaient un peu transparentes. Ici, pas de souci particulier part le récurent souci de beaucoup d’onomatopées non adaptées. Un choix d’édition qui en arrange certain mais en dérange d’autres. Ceci dit, rien qui ne change des autres éditeurs. Et puis, la traduction est fluide et l’on profite donc pleinement du titre, dans toute sa simplicité.