Règle de trois (La) Vol.2 : Critiques

Voici des années que Kôtarô n'a pas pu revoir son ami d'enfance Tôru, si bien qu'il y a laissé des regrets suite au décès de ce dernier. Et dans un premier temps, sa rencontre avec Kaoru, qui n'est autre que le fils de Tôru, le déstabilise de plus belle, comme si le passé le rattrapait pour réveiller encore plus ses regrets et ses doutes, notamment car il s'est toujours mis en tête que son épouse Tôko l'a choisi par défaut suite à l'éloignement du troisième membre de leur trio d'autrefois. Mais dans tout ceci, Tôko, elle, que ressent-elle ? En acceptant un rendez-vous à l'aquarium avec elle, le jeune Kaoru ne s'attendait pas forcément aux confidences qu'elle va lui faire. Au gré de différents instants passés ensemble, comme la découverte d'une vieille photo en débarrassant les affaires de la maison de Tôru ou une escapade sur une plage teintée de vieux souvenirs, Kôtarô, Tôko et Kaoru sauront-ils, ensemble, faire le point sur le défunt qui les liait et qui vit toujours dans leurs souvenirs ?

Bien entendu, on vous laisse découvrir la réponse à cette question et on va se contenter de dire qu'elle est parfaitement amenée au fil d'un deuxième et dernier tome aussi séduisant et touchant que le premier, si ce n'est plus. Pour cela, Fumiya Hayashi peut à nouveau compter sur ses merveilles de construction scénaristique oscillant entre le temps présent et les souvenirs du passé, qui plus est avec certaines transitions temporelles d'une beauté folle (comment résister à la double-page 130-131, parfaite ?). Et à l'arrivée, tout sera très bien décanté: la découverte de la façon dont Tôko voit son mari depuis toujours, les doutes et regrets de Kôtarô qui n'avaient eut-être par lieu d'être, la raison pour laquelle Tôru a en réalité pris la tangente en laissant loin de lui les deux êtres qui comptaient le plus pour lui à cette époque...

Enfin, derrière ça, certaines thématiques sont plus que jamais superbement mises en valeur, que ce soit la beauté d'une relation qui perdurait à travers le temps malgré le triangle amoureux (souvent synonyme de sentiments d'amitié qui s'étiolent), le fait que le temps passe inexorablement en emportant certaines choses ou en en laissant d'autres comme figées dans le passé, ou encore les vertus de la photographie qui, en plus de pouvoir cristalliser les bons moments pour laisser une trace des souvenirs précieux, peut révéler les vrais sentiments de ce que l'on photographie mais aussi du photographe lui-même.

Le tome 1 était déjà superbe, et ce deuxième volume confirme notre excellente impression: La règle de trois est une courte tranche de vie d'une grande subtilité, possédant bien des qualités (une construction scénaristique en or, une délicieuse atmosphère estivale tantôt douce-amère tantôt étonnamment lumineuse malgré le sujet de départ, de très belles trouvailles narratives et visuelles, une écriture impeccable), et confirmant que Fumiya Hayashi, au vu de cette toute première série de sa carrière, est un artiste à suivre de très près. On a déjà hâte de le retrouver dès le mois d'avril, aux éditions naBan, avec sa deuxième oeuvre "Vies d'ensemble -Au-delà des mots-" !