Trait pour trait, dessine et tais-toi Vol.4 - Actualité manga
Trait pour trait, dessine et tais-toi Vol.4 - Manga

Trait pour trait, dessine et tais-toi Vol.4 : Critiques

Kakukaku Shikajika

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 15 Novembre 2021

Chronique 2 :

La jeune Akiko Hayashi, alias Akiko Higashimura sous son nom de plume récemment trouvé, touche enfin du doigt son rêve de devenir mangaka, et entreprend alors de bosser plus que jamais, afin de pouvoir mettre suffisamment d'argent de côté pour quitter la ville de Miyazaki et se consacrer au manga dans des conditions optimales. Tout en concoctant ses premiers essais d'histoire courte pour le magazine Bouquet, elle n'hésite aucunement à enchaîner des heures supp' à la société... et, bien sûr, continue en parallèle de donner des cours, plusieurs fois par semaine, aux élèves de l'école de dessin sous la houlette de son professeur. Akiko est, d'ailleurs, assez heureuse de voir que monsieur Hidaka peut désormais profiter de son temps libre supplémentaire pour s'adonner plus que jamais à d'autres domaines artistiques, comme la poterie ou les jardins. Mais cette joie presque insouciante se mêle toujours à une part plus mélancolique: tandis que son professeur se réjouit toujours à l'idée de l'exposition qu'il aimerait faire un jour avec sa plus proche élève, la jeune femme, elle se montre toujours aussi incapable de lui avouer qu'elle compte définitivement faire dans le manga et qu'elle envisage de quitter Miyazaki...

Avec cet avant-dernier volume, l'autobiographie d'Akiko Higashimura atteint donc un véritable moment-clé dans la vie d'Akiko Higashimura, à savoir la période où, enfin, sa carrière de mangaka professionnelle démarre... période que l'autrice, comme à l'accoutumée dans sa série, va aborder sous toutes les coutures, en nous immisçant autant dans certaines difficultés du milieu du manga que dans ses propres hauts et bas personnels. Ainsi, la jeune Akiko aura fort à faire pour valider sa première publication rémunérée et pour percer, entre ses premières histoires courtes qui sont refusées car pas assez claires, son style qui ne correspond pas toujours aux attentes actuelles... On pourra suivre ici chaque étape, au fil desquelles l'autrice marie toujours aussi bien sa narration, son humour assez barré, son rythme, son regard souvent critique sur celle qu'elle était avant (une jeunette qui se prenait déjà pour la reine du manga alors qu'elle débutait tout juste, entre autres), et ses petits élans d'inventivité bien dosés (comme cette page où elle s'imagine voyager dans le temps pour aller mettre une baffe à son alter ego du passé). On ne s'ennuie jamais, et c'est alors avec le même plaisir que d'habitude que l'on découvre nombre de petites anecdotes: l'inspiration trouvée dans Thelma et Louise pour sa toute première histoire courte professionnelle, sa tristesse de voir son magazine Bouquet arrêté et remplacé par le magazine Cookie avec lequel elle ne se sentait pas tout de suite en harmonie, ses anecdotes familiales, le fait que le mangaka Akihito Yoshitomi (l'auteur de Loan Knight, Ray, Eat-man...) est lui aussi passé par l'école de dessin de Hidaka, sa rencontre avec la mangaka Takumi Ishida (l'autrice de Parapal) qui deviendra une amie proche (les d'eux s'étant d'ailleurs déjà aidées mutuellement à finir leurs planches)...

La lecture reste alors sans cesse entraînante et intéressante... mais jamais, ô grand jamais, Higashimura n'oublie l'autre élément qui anime la série depuis ses débuts, à savoir son hommage retentissant à Hidaka, son professeur si particulier, cet homme aux méthodes peu académiques mais qui lui a beaucoup appris, mais avec qui elle aura eu du mal à être totalement honnête sur différents points, au point de toujours en ressentir une profonde mélancolie dans les pages où elle pense à lui et s'adresse à lui dans ses songes. Ici, tandis que Higashimura commence à tracer sa voie dans le manga, Hidaka ne perd pas de vue son projet d'exposition avec elle et les cours que la jeune mangaka doit donner aux élèves de l'école, alors même que Higashimura se doit de "couper le cordon" pour son propre avenir mais ne parvient pas à le dire franchement (une façon de rester évasive qui est l'un de ses pires défauts, selon elle). A travers les souvenirs et anecdotes de l'autrice, on continue de découvrir un homme qui, derrière ses côtés parfois bourrins et rustres (l'hilarante anecdote sur le lancer de cailloux sur des loubards vaut son pesant d'or), était pourtant très humain à sa manière, surtout dans son désir de faire réussir tous les élèves de l'école de dessins auxquels il pensait beaucoup. Et c'est ainsi que les souvenirs amusants et les moments plus tristes ou mélancoliques s'enchaînent sur lui, jusqu'à cette fin de volume que l'on devinait forcément au vu de la manière dont Higashimura parle de Hidaka depuis le début de l'oeuvre, mais qui fait forcément son effet, en nous préparant à un dernier volume qui risque d'être plus fort et touchant qu'aucun autre.


Chronique 1 :

Maintenant jeune femme ayant quitté les bancs de l'école, Akiko s'est trouvée un petit boulot lui servant à entretenir son rêve : Financer son départ de Miyazaki pour aller entamer sa carrière de mangaka. Un objectif qu'elle commence doucement à toucher puisque, grâce à un rythme quotidien qui ne laisse que peu de place au repos, elle parvient à mettre au point de nouvelles histoires courtes, en vue d'une publication. Mais il est difficile de gagner les louanges des éditeurs dès les premiers travaux, d'autant plus que le professeur Hidaka compte toujours sur la présence de son ancienne élève pour instruire les nouveaux étudiants.

La série arrivant déjà à son avant-dernier tome, on sent désormais que le parcours de jeunesse d'Akiko Higashimura arrive à un cap crucial. Ses études en art étant terminées, c'est par un travail acharné mêlant petit boulot, bûchage personnel sur ses planches et coups de main à M. Hidaka que la jeune femme parvient, doucement mais sûrement, à toucher son rêve du doigt. Une étape que les fervents fans de l'artiste attendaient peut-être depuis les premiers tomes, puisque cela permet de découvrir une mangaka à l'époque novice, peut-être trop confiance, et qui apprend les réalités du métier malgré son inébranlable détermination. Des premiers petits échecs à ses avancées significatives dans le milieu, en passant par quelques rencontres et le regard de sa famille sur son travail, le parcours d'autrice d'Akiko Higashimura se révèle ici drôle, péchi et instructif, l'autrice n'hésitant jamais à établir quelques liens avec l'époque de la prépublication du titre pour faire part de son évolution.

Mais derrière toute cette progression passionnée pour le métier qu'elle convoitait tant, Akiko Higashimura doit honorer les demandes de son ancien professeur, toujours très optimiste quand il s'agit de faire travailler son élève d'autrefois à ses côtés. Il se dégage toujours une alchimie très particulière entre les deux personnages, notamment parce que M. Hidaka reste un sacré personnage, charismatique et touchant. Mais derrière leur relation, la mangaka aborde ici une étape indéniable de son parcours : Sa manière de couper le cordon. Car pour voler de ses prorpes ailes, elle ne peut rester à l'atelier de son professeur, elle aussi ayant des rêves à accomplir. L'idée est assez forte, et sera ébranlée par une séquence finale que l'autrice préparait depuis le début. A vrai dire, étant donné la manière de parler d'Akiko Higashimura en tant que narratrice et les quelques indices distillés dans cet opus, on s'attendait à une telle tournure de son autobiographie. Le moment n'en reste pas moins fort, laissant croire à un cinquième tome qui sera émotionnellement puissant.

Le ton de Trait pour trait, dessine et tais-toi ! demeure inchangé, et donc forcément séduisant. Le récit personnel de l'autrice continue de nous charmer, ici encore un peu plus puisque le volume aborde ses véritables débuts comme mangaka, le tout narré avec humour et un zeste de mélancolie qui prendra une totale légitimité avec les planches finales du tome. Le prochain volume s'annonce poignant, parce qu'il conclura la série d'une part, mais aussi parce que les événements narrés seront probablement forts émotionnellement. En tous cas, on a hâte de pouvoir se replonger dans le passé d'Akiko Higashimura une dernière foire, tant cette autobiographie se sera montrée unique grâce à ses multiples tonalités, burlesques et intimistes, pour un récit d'une forte sincérité.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction