Tout au bout du chemin : Critiques

Michimichi Naru Mama ni

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 17 Mars 2022

Avec le diptyque Twilight Outfocus puis sa préquelle Afterimage Slow Motion, Jyanome s'est imposée comme l'une des mangakas les plus prometteuses de ces derniers mois au sein des éditions Hana, si bien que l'on attend désormais avec beaucoup d'intérêt chacune de ses nouvelles publications. Et en attendant l'arrivée, prévue pour le mois d'avril, de l'alléchant A fool's love song (dont la jaquette est à tomber par terre), on peut déjà la retrouver chez l'éditeur, depuis janvier dernier, avec Tout au bout du chemin.

De son nom original Michimichi Naru Mama ni (que l'on pourrait traduire par "Tel quel"), ce récit se compose de 5 chapitres que la mangaka prépublia dans le magazine Opera d'Akaneshinsha à partir de 2017. La sortie de l'unique volume broché se fit ensuite attendre dans son pays jusqu'en février 2021, la mangaka disant dans sa postface que cette attente est due à certaines circonstances. L'ouvrage d'environ 190 pages fut néanmoins enrichi d'un épilogue exclusif bienvenu puisque, en une dizaine de pages, il apporte une conclusion un peu plus aboutie.

Dans Tout au bout du chemin, tout commence par la découverte de deux jeunes garçons, amis et tous deux adeptes de dessin, qui ont l'habitude de prendre le même chemin peu fréquenté pour se rendre en cours. Fan de mangas au point de vouloir en faire son métier plus tard, Jô Takeda a même essayer de puiser son inspiration dans les shôjo pour trouver comment déclarer son amour à Minoru Osanai, cet ami qu'il trouve si beau et qu'il aime tant regarder peindre. C'est finalement une déclaration aussi spontanée que maladroite qu'il finit par lui faire, un jour, sur le fameux chemin de l'école, ce à quoi Minoru répond favorablement. Ca aurait pu être le début d'une jolie histoire d'amour, avant que ce prologue ne nous laisse sur l'image d'un Jô lynché, brimé, et d'un Minoru qui n'est pas à ses côtés.

Bien du temps est passé depuis cette époque que Jô a tâché d'oublier. Il est devenu un jeune homme et a atteint son rêve de devenir mangaka. Minoru ? Il a tâché d'effacer totalement de sa mémoire ce nom qui semble lui avoir laissé des souvenirs beaucoup trop douloureux, comme un goût de trahison ayant meurtri sa vie. Mais quand a lieu une réunion d'anciens élèves en l'honneur de leur ancien professeur désormais gravement malade, Jô recroise la route de Minoru, ce Minoru qu'il avait réussi à oublier et dont il n'avait plus aucune nouvelle, qui a fui est a abandonné ses propres rêves suite au drame d'autrefois...

Ce drame, quel est-il exactement ? Sa découverte constitue l'un des enjeux principaux du récit, et on va en percevoir toute la profondeur au fil des pages, au fil d'une construction scénaristique assez ambitieuse puisque toutes les tenants et aboutissant ne se dévoileront pas de façon linéaire. Par exemple, qu'est-ce qui a provoqué le lynchage de Jô autrefois ? Pourquoi Minoru a disparu de la circulation ? Pourquoi Jô lui en veut-il autant au point de l'avoir effacé de sa mémoire pendant des années ? Quel est le rapport réels des deux garçons à leur Art respectif (pour l'un le manga dont il a fait son métier, pour l'autre la peinture qu'il a finalement abandonnée) ? Les réponses à tout ça, on les découvrira à petites doses dans un récit maîtrisé. récit qui, en prime, parvient à jouer efficacement sur certaines notions telles que le regard sur l'homosexualité avec ce que ça peut impliquer d'homophobie en cadre scolaire, la fuite, le sentiment de culpabilité, le pardon... mais aussi l'oubli et les souvenirs, dès lors que Jô se souvient d'un moment essentiel qu'i vécut dans son enfance avec Minoru.

Peut-être regrettera-t-on juste qua la fin ne prenne pas un peu plus le temps d'exposer le renouveau des deux personnages, mais à part ça Tout au bout du chemin se révèle être une lecture particulièrement habile, et d'autant plus habile que la dessinatrice y offre, une nouvelle fois, un trait toujours fin, riche et précis et, surtout, de nombreuses petites idées de mise en scène et d'angles de vue. Même une érection devient, avec elle, l'opportunité d'offrir une petite vue assez ambitieuse de dessus ! Et puisque l'on parle de ça, notons que les fans d'érotisme auront évidemment droit à leurs quelques pages chaudes, qui plus est en non-censuré.

Côté édition, c'est du bon dans l'ensemble, si L'on excepte 2-3 petites coquilles ayant échappé à la relecture et un sommaire décalé. On a droit à trois jolies premières pages en couleurs, à une bonne qualité de papier et d'impression, à un lettrage soigné, à une traduction convaincante d'Angélique Mariet, et à une jaquette proche de l'originale japonaise.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction