Torches d'Arkylon (les) (Akata) Vol.1 - Actualité manga
Torches d'Arkylon (les) (Akata) Vol.1 - Manga

Torches d'Arkylon (les) (Akata) Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 15 Avril 2014

Désormais indépendantes de Delcourt, les éditions Akata s'offrent des débuts décidément originaux et aventureux : après l'excellent roman graphique taïwanais Seediq Bale et le non moins intéressant titre coréen Moi, jardinier citadin, l'éditeur, pour sa première oeuvre au format manga classique, nous amène... une création originale française, les Torches d'Arkylon ! Un risque éditorial qui s'est accompagné d'un autre pari intéressant : une prépublication complète et gratuite du tome 1 sur le site Gamekult, histoire notamment de faire connaître l'oeuvre au plus grand nombre, et de présenter son auteur, Michael Almodovar, jeune artiste qui, comme nous allons le voir, est bourré de promesses, ce que confirme clairement le soutien que lui offre déjà Patrick Sobral, l'auteur des Légendaires, qui a signé la préface du tome, en plus d'un mini poster en couleur.

Si le tome 1 des Torches d'Arkylon a été prépublié sur un site de jeux vidéo, ce n'est sans doute pas par hasard : le récit imaginé par Michaël Almodovar prend place dans un univers fantasy rappelant bien des jeux de rôle, dans une contrée imaginaire où humains et créatures fantastiques se côtoient et sont divisés selon différentes classes : guerrier, mage, sorcière, paladin, barbare...
Arkaïs et Sombrelune sont respectivement un humain guerrier et un elfe noir mage, et bien que leur caractère soit plutôt opposé, ils forment une équipe du tonnerre pour accomplir les missions qu'on leur confie. Et cette fois-ci, la tâche qui leur a été confiée consiste à retrouver Alcuriel Macthurys, un paladin porté disparu quelque part dans la ville insulaire de Méchaab. Mais ils ne savent pas encore quelle ampleur va prendre cette simple mission, car Alcuriel, emprisonné dans les geôles de la cité, est en possession d'un mystérieux artefact qui attire bien des convoitises, dont celles d'une belle et mystérieuse sorcière un brin manipulatrice...

Simple entrée en matière nous amenant petit à petit vers le vif du sujet, à savoir une sorte de complot lié à l'artefact, ce premier tome pose des bases qui, si elles peuvent paraître dans un premier temps un peu légères (la présentation de l'univers n'est pas immédiate et se fait par petite doses), trouvent finalement très bien leurs marques au fil d'une lecture rendue prenante avant tout grâce à des personnages parfaitement campés, à commencer par les deux personnages principaux, dont les caractères se complètent habilement et amusent, entre Arkaïs le guerrier un peu bourrin, qui part au quart de tour et est végétarien, et Sombrelune, elfe noir adepte de la magie, plus posé, et un peu dragueur sur les bords. Un duo plaisant de par sa grande vivacité : les deux bonhommes ne sont jamais statiques, changent souvent d'humeur, laissent paraître sous leurs capacités tout un tas de petits défauts qui les font instantanément sonner juste et les rendent attachants. Il en est de même pour les autres personnages qui apparaissent peu à peu, entre Alcuriel le paladin droit, noble et un peu benêt, ou une Hecate intrigante, haute elfe aussi belle que vénéneuse, dont l'objectif exact, au-delà de la recherche de l'artefact, reste encore un mystère.

Cette petite palette de protagonistes, grâce à ces caractères bien campés, ne cesse de dynamiser un récit rendu encore plus prenant par des dessins bourrés de promesses. Il faut dire que Michael Almodovar affiche la couleur d'emblée, avec cette première ville visitée qu'est Mechaab, cité marchande située au beau milieu de l'eau, s'érigeant plutôt vers la hauteur, ce qui donne lieu à des décors et paysages ambitieux et dépaysants plutôt riches en détails par moments, un peu plus pauvres à d'autres. Il en est de même pour les personnages, dont les visages sont tantôt bien marqués, tantôt un peu trop relâchés, mais dans tous les cas très communicatifs et dotés d'une palette d'expressions déjà assez conséquente. Et côté mise en scène et découpage, c'est très vivant, très fluide, même si là aussi on sent par moments le petit manque d'expérience, notamment lors de l'utilisation des lignes de vitesse sur certains combats.
En somme, visuellement, on a un dessinateur qui prend ses marques, et qui les prend très bien : c'est très efficace, immersif, et les légers moments de flottement sont amplement compensés par une passion qui transpire à chaque page, passion qui se confirme en voyant le dossier d'une dizaine de pages en fin de tome sur l'univers de la série. Michaël Almodovar est clairement un auteur prometteur, dont la marge de progression est encore conséquente.

C'est au-dessus de tout cela que vient alors pointer la touche d'originalité, encore discrète mais franchement intrigante : une histoire dans l'histoire. Car les aventures d'Arkaïs, de Sombrelune et des autres ne sont rien d'autre qu'une saga de livres de fantasy que, dans notre réalité, une jeune mère raconte à son fils dans le coma... Soudainement, à plusieurs reprises tout au long du tome, de façon très brève mais de plus en plus poussée, Michaël Almodovar nous invite à observer cette situation plus dramatique, et, pour ces quelques scènes, s'offre un rendu un peu plus réaliste et sérieux, qui contraste de façon intéressante avec le récit d'Arkaïs et des autres, et qui accentue notre curiosité. On se demande clairement ce que l'auteur a prévu avec cette idée plutôt ambitieuse, et nul doute que ce global manga partagé entre deux mondes saura nous étonner.

La mission est donc réussie pour ce premier tome des Torches d'Arkylon, qui offre une entrée en matière encore perfectible mais très prometteuse. Les aventures des deux mondes intriguent, sont parfaitement emballées par un auteur que l'on sent bien passionné par son oeuvre, et cette passion communicative donne foncièrement envie de connaître la suite et de soutenir un pari éditorial plutôt rare.

Les Torches d'Arkylon semble destiné à connaître une formule proche de celle de City Hall chez Ankama par exemple : un premier cycle en 4 tomes est d'ores et déjà prévu, celui-ci est déjà pensé et offrira sûrement une première conclusion. Mais si le succès est au rendez-vous, gageons que l'auteur et l'éditeur ont déjà en stock des idées pour poursuivre l'aventure sur un deuxième cycle.

Ce premier tome des Torches d'Arkylon offre également un premier aperçu de la qualité d'édition que devrait nous offrir Akata sur ses petits formats, et globalement la qualité est là ! Le tome est bien compact, le papier est honnête, et l'impression est elle aussi satisfaisante malgré quelques problèmes de moirage. Dans l'ensemble, c'est du très bon travail, et avec en prime la préface et le mini-poster couleur de Patrick Sobral ainsi que les premières pages en couleur, on sent que l'éditeur a eu à coeur de proposer quelque chose de plaisant.


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction