Torches d'Arkylon (les) Vol.1 - Actualité manga
Torches d'Arkylon (les) Vol.1 - Manga

Torches d'Arkylon (les) Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 31 Mai 2018

En avril 2014, les toutes jeunes éditions Akata nous proposaient de découvrir en librairie leur 3e série, qui était aussi la toute première oeuvre française de leur catalogue: Les Torches d'Arkylon. Désireux de bien porter l'oeuvre, l'éditeur avait même collaboré avec le site Gamekult pour proposer une prépublication complète et gratuite du tome 1, histoire notamment de faire connaître l'oeuvre au plus grand nombre, et de présenter son auteur, Michael Almodovar, alors jeune artiste bourré de promesses. Hélas, les belles promesses ont tourné court, puisque la série n'a eu droit qu'à la publication de son 1e tome. Après plus de 2 ans sans trop de nouvelles, on découvrait en septembre 2016 le lancement par l'auteur d'un projet ulule visant à auto-éditer le tome 2, tandis que peu de temps après les éditions Akata annonçaient l'arrêt de commercialisation du tome 1, ainsi que la fin de l'aventure Arkylon chez elles. Une annonce faite par un petit communiqué que voici, pour vous aider à y voir plus clair : "La série Les Torches d'Arkylon est l'une des premières aventures éditoriales dans laquelle se sont lancées les Éditions Akata. Une aventure compliquée, sans aucun doute, mais pour laquelle nous avons beaucoup d'attachement. Aussi, c'est avec un peu de tristesse que nous vous annonçons que, d'un commun accord avec son auteur, Michaël Almodovar, cette aventure se poursuivra sans nous. Malgré l'échec commercial qu'a représenté ce titre pour nous, nous étions prêts et avions la volonté de l'assumer jusqu'au bout. Mais son auteur a préféré reprendre son indépendance. Il nous aurait été facile de bloquer cette possibilité, en imprimant un tome 2 qui n'aurait jamais eu de suite... Mais par respect, aussi bien pour les lecteurs et libraires que pour l'auteur, nous avons préféré laisser Les Torches d'Arkylon s'épanouir d'une nouvelle façon. La suite des Torches d'Arkylon ne se fera donc pas au sein des Éditions Akata, et le tome 1 sera en arrêt de commercialisation le 31 décembre 2016 (les retours seront acceptés jusqu'au 28 février 2017), l'intégralité des droits revenant à son auteur. Nous souhaitons le meilleur à Arkaïs, Sombrelune, Lou et les autres…".


Au vu des qualités du premier volume, la frustration était bien là... Mais après ces ultimes péripéties, Les Torches d'Arkylon sont finalement renées de leurs cendres ! Dès 2017, et suite au financement participatif, non seulement le tome 2 est sorti, mais en plus le volume 1 a pu être réédité en auto-édition avec un éditeur nommé Ark Editions par l'auteur. Et les choses ne s'arrêtent pas là puisqu'en cette année 2018, l'oeuvre connaîtra une préquelle nommée Les Torches d'Arkylon - Genesis.


Un petit comparatif rapide s'impose donc entre la nouvelle édition et l'édition du tome 1 made in Akata, pour celles et ceux qui possèderaient déjà cette dernière et souhaiteraient poursuivre les aventures d'Arkaïs et de Sombrelune. Tout d'abord, sachez que le format n'est plus du tout le même: là où Akata proposait un petit format shônen classique, la nouvelle édition offre des dimensions un peu plus grandes. De même, fort logiquement, exit le petit dépliant couleur que l'auteur Patrick Sobral avait conçu pour l'édition d'Akata. Pour le reste, hé bien le contenu est sensiblement identique: hormis quelques retouches (essentiellement des onomatopées), on retrouve le même contenu, y compris au niveau des pages couleurs du début, et des assez nombreuses pages bonus présentant l'univers ! Et bien sûr, le 1er cycle est toujours prévenu pour compter 4 volumes au total. A part ça, la nouvelle édition jouit d'une qualité de papier et d'impression très satisfaisante.


A présent, rafraichissons-nous la mémoire sur le contenu de ce tome 1, avant d'attaquer la suite inédite à partir du 2e volume. Si le tome 1 des Torches d'Arkylon, à l'époque d'Akata, fut prépublié sur un site de jeux vidéo comme Gamekult, ce n'est sans doute pas par hasard : le récit imaginé par Michaël Almodovar prend place dans un univers fantasy rappelant bien des jeux de rôle, dans une contrée imaginaire où humains et créatures fantastiques se côtoient et sont divisés selon différentes classes : guerrier, mage, sorcière, paladin, barbare...


Arkaïs et Sombrelune sont respectivement un humain guerrier et un elfe noir mage, et bien que leur caractère soit plutôt opposé, ils forment une équipe du tonnerre pour accomplir les missions qu'on leur confie. Et cette fois-ci, la tâche qui leur a été confiée consiste à retrouver Alcuriel Macthurys, un paladin porté disparu quelque part dans la ville insulaire de Méchaab. Mais ils ne savent pas encore quelle ampleur va prendre cette simple mission, car Alcuriel, emprisonné dans les geôles de la cité, est en possession d'un mystérieux artefact qui attire bien des convoitises, dont celles d'une belle et mystérieuse sorcière un brin manipulatrice...


Simple entrée en matière nous amenant petit à petit vers le vif du sujet, à savoir une sorte de complot lié à l'artefact, ce premier tome pose des bases qui, si elles peuvent paraître dans un premier temps un peu légères (la présentation de l'univers n'est pas immédiate et se fait par petites doses), trouvent finalement très bien leurs marques au fil d'une lecture rendue prenante avant tout grâce à des personnages parfaitement campés, à commencer par les deux personnages principaux, dont les caractères se complètent habilement et amusent, entre Arkaïs le guerrier un peu bourrin, qui part au quart de tour et est végétarien, et Sombrelune, elfe noir adepte de la magie, plus posée, et un peu dragueur sur les bords. Un duo plaisant de par sa grande vivacité : les deux bonshommes ne sont jamais statiques, changent souvent d'humeur, laissent paraître sous leurs capacités tout un tas de petits défauts qui les font instantanément sonner juste et les rendent attachants. Il en est de même pour les autres personnages qui apparaissent peu à peu, entre Alcuriel le paladin droit, noble et un peu benêt, ou une Hecate intrigante, haute elfe aussi belle que vénéneuse, dont l'objectif exact, au-delà de la recherche de l'artefact, reste encore un mystère.


Cette petite palette de protagonistes, grâce à ces caractères bien campés, ne cesse de dynamiser un récit rendu encore plus prenant par des dessins bourrés de promesses. Il faut dire que Michael Almodovar affiche la couleur d'emblée, avec cette première ville visitée qu'est Mechaab, cité marchande située au beau milieu de l'eau, s'érigeant plutôt vers la hauteur, ce qui donne lieu à des décors et paysages ambitieux et dépaysants plutôt riches en détail par moments, un peu plus pauvre à d'autres. Il en est de même pour les personnages, dont les visages sont tantôt bien marqués, tantôt un peu trop relâchés, mais dans tous les cas très communicatifs et dotés d'une palette d'expressions déjà assez conséquente. Et côté mise en scène et découpage, c'est très vivant, très fluide.


En somme, visuellement, on a un dessinateur qui prend ses marques, et qui les prend très bien : c'est très efficace, immersif, et les légers moments de flottement sont amplement compensés par une passion qui transpire à chaque page.


C'est au-dessus de tout cela que vient alors pointer la touche d'originalité, encore discrète, mais franchement intrigante : une histoire dans l'histoire. Car les aventures d'Arkaïs, de Sombrelune et des autres ne sont rien d'autre qu'une saga de livres de fantasy que, dans notre réalité, une jeune mère raconte à son fils dans le coma... Soudainement, à plusieurs reprises tout au long du tome, de façon très brève, mais de plus en plus poussée, Michaël Almodovar nous invite à observer cette situation plus dramatique, et, pour ces quelques scènes, s'offre un rendu un peu plus réaliste et sérieux, qui contraste de façon intéressante avec le récit d'Arkaïs et des autres, et qui accentue notre curiosité. On se demande clairement ce que l'auteur a prévu avec cette idée plutôt ambitieuse, et nul doute que cette série partagée entre deux mondes saura nous étonner dans ses volumes suivants.


La mission est donc réussie pour ce premier volume des Torches d'Arkylon, qui offre une entrée en matière encore perfectible, mais très prometteuse. Les aventures des deux mondes intriguent, sont parfaitement emballées par un auteur que l'on sent bien passionné par son oeuvre, et cette passion communicative donne facilement envie de connaître la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction