Tomino la maudite Vol.2 - Actualité manga
Tomino la maudite Vol.2 - Manga

Tomino la maudite Vol.2 : Critiques

Tomino no Jigoku

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 12 Août 2021

Après avoir recueilli les jumeaux malmenés par la vie Tomino et Katan dans son cirque de freaks, Herbert Wang a laissé parler sa vraie nature, cruelle: les humains difformes qu'il a recueilli ne sont bel et bien, pour lui, qu'un moyen de s'enrichir, que ce soit en les exposant en spectacles aux yeux de tous ou, pire encore, en essayant de créer lui-même des humains "anormaux". Ainsi, les deux jumeaux ont été séparés: tandis que Tomino a été envoyée en tant que demoiselle de compagnie de la fillette-pieuvre Elise qui a été érigée par le malveillant homme en gourou d'une secte malhonnête, Katan, qui a été brûlé en essayant un tour, a été exilé sur une île où Wang compte lui faire subir des transformations physiques. Toujours connectés l'un(e) à l'autre par l'esprit au point de ressentir ce que l'autre ressent, Tomino et Katan ont des objectifs désormais bien précis: fuir, se retrouver, et se venger de Wang. Ce qu'aucun des deux enfants ne sait alors, c'est que leur véritable mère n'est pas très loin: il s'agit d'Utako Utagawa, l'actrice-fantôme embauchée par Wang, qui a pris la décision de fuir elle aussi ce dernier et de recueillir les freaks suite à l'incendie de la baraque foraine.

Nous laissions donc Katan et Tomino dans des situations assez délicates mais pas désespérées: tandis que le jeune garçon, bien que toujours coincé sur l'île, a été libéré par la jeune habitante Aya, la petite fille, elle, entrevoit la possibilité de s'échapper des griffes de Zhang, l'homme qui gère Elise à la secte. Et de leur côté, Kakashi et les autres, recueillis par Utako, s'activent eux aussi pour retrouver les jumeaux et les ramener auprès de leur vraie mère.

Mais bien sûr, rien ne pourra être facile pour eux, en particulier parce que rôdent toujours, près d'eux, des figures qui n'ont pas que de bonnes intentions. Que ce soit le grand-père d'Aya décidé à remettre la main sur Katan, Zhang qui manipule Elise, Laszlo qui veut à son tour mettre la main sur la fillette-pieuvre, Salvador qui veut garder Tomino enfermée sous couvert de lui offrir une éducation classique qui pourrait l'étouffer plus qu'autre chose, ou bien sûr Wang qui rôde toujours dans les sales coups, on en revient en permanence à une enfance bafouée par les vicissitudes du monde adulte... Et ces vicissitudes adultes ne s'arrêtent pas là puisque, dès lors que les hallucinations de Tomino tendent toujours plus vers une fin du monde, on comprend qu'un autre événement très marquant de la fin des années 30 ne tardera plus à venir frapper de façon chaotique: la Seconde Guerre mondiale, qui prendra au fil des pages une réelle importance, brisant de plus belle nombre d'innocents.

Le récit devient peut-être, alors, légèrement plus cru que dans le tome 1 qui restait presque sage pour du Maruo: certains moments sont assez douloureux à voir (enfant arraché en deux, sexe coupé...), même si concrètement Tomino la maudite reste une oeuvre assez bonne pour essayer pour la première fois du Maruo car elle reste assez accessible. Mais au-delà de ça, visuellement l'artiste ne rate aucune occasion de bluffer, que ce soit pour ses designs, pour la chaotique folie des hallucinations visuelles de Tomino, pour l'oeil assez bienveillant que le mangaka pose généralement sur ses freaks... et, bien sûr, pour la mise en valeur du duo unique Tomino/Katan, que l'on suit avec fascination dans leur échappée, dans leurs retrouvailles, dans leur vengeance... Et à l'arrivée, Suehiro n'oublie quasiment aucun de ses personnages qui trouvent généralement leur porte de sortie, y compris les secondaires comme Shin, ou Wang qui semble promis à un avenir qu'il a bien mérité. La conclusion, elle, se veut moins malsaine ou cruelle que dans certaines autres titres de l'auteur, et possède au contraire quelque chose d'assez doux-amer, nous laissant divisé entre une tristesse pour l'un des deux principaux personnages et une part de soulagement pour l'autre.

Après un très bon premier tome, Tomino la maudite est une oeuvre qui gagne encore beaucoup au fil de ce deuxième et dernier pavé de quasiment 300 pages. Fidèle à ses sujets de prédilection tout en se renouvelant autant dans les partis-pris visuels que dans l'atmosphère, Suehiro Maruo frappe à nouveau un grand coup.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs