Tokyo Revengers - Letter From Keisuke Baji Vol.1 - Actualité manga

Tokyo Revengers - Letter From Keisuke Baji Vol.1 : Critiques

Tokyo 卍 Revengers - Baji Keisuke kara no Tegami

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Mars 2024

Alors qu'il peinait à trouver une vraie popularité au début de sa publication chez nous, Tokyo Revengers est devenu l'un des shônen les plus populaires du moment. Ce succès, l'œuvre de Ken Wakui la doit notamment à l'adaptation animée. Si la première saison est d'une grande médiocrité dans sa qualité technique, sa large diffusion sur Crunchyroll a permis de faire découvrir le début de l'aventure temporelle de Takemichi Hanagaki au sein du Tokyo Manjikai. À cause de sa diffusion exclusive sur Disney+, dans une traduction parfois très abstraite liée au chemin de l'anglais vers le français, la deuxième saison a moins fait parler d'elle dans nos contrées, ce qui est fort regrettable étant donné que sa qualité de production s'est largement améliorée. Plus globalement, on peut même dire que Tokyo Revengers a permis de mettre en lumière le genre furyo, au point de lever des attentes de titres cultes tels que Rokudenashi Blue ou Crows, pour ne citer qu'eux. Vœu exaucé pour le premier... mais on aimerait bien qu'une situation similaire se débloque pour la saga de Hiroshi Takahashi. En attendant, peut-être que nous n'aurions pas eu Wind Breaker chez Pika et, prochainement, Nine Peaks chez Ki-oon si Tokyo Revengers n'avait pas eu cette popularité de notre côté.

Tandis que nous sommes sur le point de connaître le dénouement de l'œuvre de Ken Wakui, Glénat ne compte pas en rester là avec l'un de ses chouchous du moment. Puisqu'il existe plusieurs dérivés au Japon, autant nous les proposer. Et cette salve des spin-offs débute avec Tokyo Revengers: Letter From Keisuke Baji, un manga dessiné par Yukinori Natsukawaguchi depuis 2022, et qui verra son cinquième tome paraître au Japon au mois de mai.

Comme son titre l'indique, le spin-off revient sur l'un des chefs de brigade les plus charismatiques de la série, et paradoxalement l'un des moins présents dans l'ensemble de l'œuvre. Keisuke Baji a un rôle clé dans l'arc du Valhalla, gang qu'il a infiltré pour mieux flairer les noirs desseins de Tetta Kisaki. Ses actions lui ont coûté la vie, mais il a pu placer son héritage entre les mains de Takemichi avant de rendre son dernier souffle. Un mois après la mort de Baji, Chifuyu se rend sur la tombe de son mentor quand la mère de ce dernier lui apporte une lettre directement adressée. Juste avant le "bain de sang d’Halloween", Baji a écrit quelques mots, directement adressés à son poulain. Cette lecture ramène Chifuyu à l'aube de sa rencontre inopinée avec l'ancien chef de la première section du Tokyo Manjikai. Alors collégien bagarreur désinvolte, il se trouvera marqué par l'aura de Baji au point de vouloir le suivre au sein du gang, et de devenir son bras droit. Un poste malheureusement déjà occupé à l'époque, par un personnage que le jeune Chifuyu découvre comme le lecteur.

C'est donc sur une période assez précise que se déroule ce spin-off, et surtout sur une période propice. Véritable prequel, il se déroule bien avant le premier retour dans le temps de Takemichi, quand Chifuyu n'était qu'une petite frappe dont le destin allait changer suite à sa rencontre avec Baji. L'amorce repose d'ailleurs sur des éléments montrés dans la série principale, mais l'histoire de Yukinori Natsukawaguchi va plus loin, en abordant le lien naissant entre les deux personnages, la fidélité sans borne que va vouer Chifuyu à son ainé, et surtout le caractère du personnage qui était loin d'être le confident de Takemichi plein de sagesse que nous connaissons dans l'œuvre de Wakui.

Sur ce premier tome, c'est donc l'entrée du futur adjoint de la première division au sein du Tokyo Manjikai que nous sommes amenés à suivre. Une ascension loin d'être gagnée étant donné le tempérament du garçon qui a encore tout à prouver, notamment auprès de Baji lui-même. Tout en redéfinissant un peu les personnages, l'auteur cherche à rester proche de ce qui est proposé dans le manga d'origine. Ça ne l'empêche pas de créer une intrigue avec ses propres personnages et ses propres enjeux, ce qui passe par la création d'une toute nouvelle figure : Ryusei Sato, l'adjoint qui a précédé Chifuyu. Toute cette trame n'empêche jamais un certain classicisme qui va de pair avec les tempéraments parfois très archétypés des personnages, à commencer par le côté tête brûlée du héros. Pourtant, Yukinori Natsukawaguchi s'en sort très avec avec ces éléments pour créer un récit rythmé et qui sait jouer sur notre affect à l'univers d'origine. Le lecteur a donc l'envie de voir comment Chifuyu deviendra le personnage que nous connaissons, et de voir s'affirmer un Baji qui ne manque jamais de classe. À côté, de nouveaux éléments s'imbriquent très bien à l'ensemble, notamment en ce qui concerne le fameux Ryusei qui fait figure d'original, et qui semble cacher certains secrets. Et parce que le personnage est absent du Tokyo Revengers que nous connaissons, c'est aussi sur son sort qu'on s'interroge naturellement.

Et au-delà de l'intérêt narratif lié aux personnages, c'est aussi l'ambiance du spin-off qui lui confère un certain charme. Cette fois, les retours dans le temps de Takemichi n'ont pas lieu, ce qui enlève la dimension SF de l'intrigue d'origine. On se retrouve alors avec un furyo manga plus terre à terre dans son atmosphère et dans ses enjeux, ce qui pourra ravir les lecteurs davantage séduit par cette dimension de l'œuvre, et que le suspense lié aux enjeux dramatico-fantastique pouvait rebuter. Le mangaka reste sur une forme plus sobre, mais néanmoins agréable, où les gangs rivaux font figure d'opposants sans qu'un Tetta Kisaki ne soit là pour imposer ses complots grandiloquents. Alors, quand on sort du volume 29 de l'œuvre principale (paru en simultanée avec ce premier opus du spin-off), c'est une sorte de retour aux sources qui fait du bien.

C'est aussi sur le plan visuel que le charme opère. Sans calquer la patte de Ken Wakui, Yukinori Natsukawaguchi a un style plutôt proche de ce dernier. Un trait qui s'adapte donc très bien à l'univers de Tokyo Revengers et qui ne dépayse pas, mais qui marque par sa finesse et par une narration moins épurée par rapport au manga initial.

Il n'y a donc pas grand-chose à redire sur ce début de titre dérivé. Avec son amorce, "Letter From Keisuke Baji" nous intéresse d'emblée et nous replonge dans les rixes du Toman avant l'irruption de Takemichi, aux côtés de personnages qu'on redécouvre sous d'autres angles, parfois celui de la naïveté. Un premier tome vraiment agréable donc, pour un prequel qu'on suivra avec un grand plaisir, avec même une certaine curiosité vis-à-vis de quelques enjeux.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs