Tokyo Confidential Vol.1 - Manga

Tokyo Confidential Vol.1 : Critiques

Tenpô Momoiro Suikoden

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 04 Janvier 2022

Lancée en début d'année 2021 par l'éditeur X Dynamite, la jeune collection pour adultes Seiko a accueilli en octobre dernier le premier volume de ce qui est, à ce jour, son oeuvre la plus ambitieuse: Tokyo Confidential, une histoire s'étirant sur 4 volumes, et nous permettant d'enfin découvrir en France les talents visuels de Kaoru Hazuki un expérimenté auteur actif au Japon depuis le début des années 1990 dans les registres du manga porno et du manga érotique, et qui s'est bâti une réputation assez flatteuse grâce à son trait sortant de l'ordinaire (pour des oeuvres de ce registre) et à sa capacité à changer facilement de ton. Le desisnateur met ici en images une histoire conçue par Hideo Kasuya

Avant même d'attaquer l'oeuvre à proprement parler, il est bon de noter que, là où les précédents titres de la collection étaient effectivement de purs hentai totalement explicites et dégoulinants, l'oeuvre ici présente l'est beaucoup moins: Tokyo Confidential se veut effectivement plus raffiné et un petit peu plus suggestif, car même si les ébats charnels y sont bien présents, ils n'occupent pas toute la place, et on n'y voit jamais les sexes (soit ils sont masqués par du blanc, soit les angles de vue sont choisis pour les cacher). A cela, une explication toute simple: la série n'est pas un hentai mais un seinen érotique, ayant été initialement prépublié au Japon entre 2018 et 2020 sous le titre Tenpô Momoiro Suikoden dans le magazine Comic Ran de l'éditeur Leed, un magazine que l'on connaît également en France pour les oeuvres La Lanterne de Nyx et Le dernier envol du Papillon de Kan Takahama, et qui propose essentiellement des oeuvres ancré dans des périodes historiques anciennes.

En l'occurrence, c'est sous le Japon de l'époque Edo que nous immisce Tokyo Confidential, et plus précisément sous l'ère Tenpo (1830-1844), quand le pays était encore sous le shogunat Tokugawa et qu'il n'était pas encore ouvert sur l'étranger. Suite au décès, quelque temps auparavant, de son fils à qui il venait de confier son clan, le vieux Magoroku Sugi a été contraint de vite sortir de sa retraite et de reprendre les rênes de la famille... mais pour ça, il n'est pas seule: la jeune et jolie Kazu, qui avait épousé son fils quelques mois avant et est donc déjà veuve, reste avec lui. C'est ainsi que tous deux ont choisi de quitter leur petit village d'Echigo pour emménager à Edo (l'actuelle Tokyo). Mais ce nouveau quotidien ne sera pas forcément de tout repos. Non seulement car la frustrée Kazu entame une relation différente avec son beau-père qui ne peut résister à son charme. Mais aussi car les dénommés Yae et Tempei, leurs nouveaux voisins, cachent plus d'un secret...

Ce premier volume se résume surtout à une longue mise en place, où l'érotisme abonde déjà en prenant des formes différentes. Ainsi, tandis que Magoroku et Kazu entament une relation plus poussée malgré leur différence d'âge (inutile de dire qu'avec une gentille beauté comme Kazu, Magoroku a de quoi connaître une seconde jeunesse), ils devront également composer, entre autres, avec leurs deux voisins, Yaé étant une "domestique" vouée à certains pratiques spécifiques auprès de son "maître", tandis que Tempei est un véritable obsédé à l'appétit insatiable et dont les "prouesses physiques" acculeront plus d'une femme, notre héroïne comprise. Ainsi, autour de ce quatuor, les auteurs distillent peu à peu certaines pratiques allant de la simple relation de couple au shibari/bondage (ce qui fera renaître l'inspiration de Magoroku pour ses estampes), en passant par l'"adultère", l'échangisme, ou le viol. Il y a alors, au fil des pages, des tonalités très différentes (tantôt plus légères voire comiques, tantôt un peu plus graves) appréciables, me^me si certaines situations arrivent un peu comme une cheveu sur la soupe. mais on appréciera aussi que le récit ne se limite pas à l'érotisme, les auteurs distillant de temps à autre des enjeux qui devraient sans doute grandir par la suite, notamment autour de l'identité secrète de Tempei, une identité faisant que Yaé et lui sont traqués.

Pour accompagner tout ça, Kaoru Hazuki livre des planches vraiment adaptées: en plus d'un érotisme tantôt élégant tantôt un peu plus brut mais souvent ancré dans quelque chose de typiquement nippon, son trait est fin, ses héroïnes dégagent un charme certain sans avoir besoin d'en faire trop, et ses designs ainsi que ses décors collent efficacement à l'ambiance plus traditionnelle que l'on peut attendre d'une oeuvre se déroulant à l'époque Edo.

En attendant de voir l'histoire se solidifier, on a donc droit à un tome 1 agréable à parcourir, et qui plus est servi dans une édition d'honnête qualité. Il y a bien quelques coquilles dans les textes (dès la 4e de couverture, d'ailleurs, avec un "shibaru" au lieu de "shibari"), mais rien qui ne nuise à la compréhension. Le papier est bien épais, souple et sans transparence, l'impression est bonne, et la traduction (signée "SK & KS") assez claire dans son ensemble.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs