Tokyo Babylon - Poche Vol.3 : Critiques

« Dis-moi, papi … Quand est ce que tu vas mourir ? »

Le troisième tome du manga continue sur la lancée des deux premiers : explorer les vices et souffrances des habitants de la capitale au bord du gouffre. Cette fois ci, on suivra tour à tour Subaru auprès d’une lycéenne victime de persécutions, puis d’un grand père délaissé de sa propre famille, et enfin Hokuto dans un dernier chapitre sur la tolérance et la vie des immigrés clandestins. La première histoire est des plus classiques, mais Seïchiro relève un peu le niveau ! Subaru doit en effet enquêter sur des sectes qui sévissent à Tokyo, en en infiltrant une. C’est comme ça qu’il rencontre Kuniko, et qu’il lui viendra en aide avec son empathie légendaire. Ceci dit, seul son compagnon au comportement si mystérieux sauve la situation, par laquelle il se révèle encore plus torve, contradictoire et sombre que prévu : un délice. C’est là le seul intérêt de la première histoire, bien trop basique pour réellement toucher avec si peu de développement. La deuxième, par contre, est réellement maîtrisée : une famille n’a plus assez de revenus pour vivre dans le luxe, et le père de la maîtresse de maison est une charge supplémentaire au sein du foyer, c’est ainsi que tous les malheurs et autres détails inconfortables sont rejetés sur lui, allant jusqu’à pervertir les enfants qui disent des choses affreuses sans s’en apercevoir. Notre héros se prendra d’affection pour ce vieil homme qui a exercé un métier qui passionne Subaru. Son dernier geste envers sa fille est tellement touchant qu’on en vient à vraiment s’émouvoir sur la vie de ce grand père, si pressé de réaliser une ancienne promesse afin de pouvoir partir …

On retrouve encore une fois un Subaru idéaliste et utopique, cependant il parait plus grave que dans les deux premiers volumes. Même si l’humour n’est pas loin, pour donner bonne figure, le ton est globalement dur, bien que tout se finisse sur une note d’espoir ou de soulagement, afin d’éviter la théâtralité ridicule. Ceci dit, même le rire n’est pas totalement sincère, puisque la plupart des situations comiques sont visibles dans les échanges un peu bêtes et terre à terre qu’ont Seïchiro et Hokuto, et ne sont en fait qu’une manière latente de se tester l’un l’autre. Cet aspect là d’une part, associé à la cruauté que Seichiro semble être prêt à montrer à l’égard de Subaru, tout nous pousse vers la découverte du personnage. Cependant, ce tome a aussi ses qualités scénaristiques autrement que par le lien qui unit l’un des meilleurs méchants de CLAMP et leur héros le plus niais. Plus profond que prévu, ce tome trois témoigne de l’évolution du manga alors que l’on ne se rendait pas compte que le tout commençait à devenir très bon ! Ne serait ce que le chapitre supplémentaire mettant en scène Hokuto, qui permet de traiter un nouveau thème et de mettre la sœur du héros en avant, elle si effacée et présente uniquement dans l’humour et le grotesque. En somme, un tome qui réveille ceux qui auraient douté de la qualité du titre, grâce à un ton très juste, une diversité que l’on n’avait pas remarquée et un graphisme plus travaillé qu’il n’y parait (les nuances et jeux de couleurs / de teintes sont parfois tout bonnement splendides). Il faut simplement s’habituer au style volontairement vide, simple et cadré de la série, au contraire de l’aspect brouillon de X1999 …