Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 12 Décembre 2018
Imm poursuivait son voyage en compagnie de la Garde, groupe emmené par Kahaku, le 6e descendant d'Hayase, afin de protéger la population de la menace des knockers. Mais sa rencontre avec Bonshen, 1er prince du Royaume d'Uralius, vient bouleverser quelque peu tout ceci. Ayant mis au point un plan pour capturer Imm, le prince souhaite avant tout prouver à son père le roi qu'il est digne de prendre sa succession, alors que ce dernier lui préfère le 2e prince Torta. Imm, malgré sa crainte d'attirer les knockers sur le peuple, finit par accepter un peu à contrecoeur, en espérant se rapprocher de compagnons qui pourraient le comprendre. Mais à Uralius, l'immortel va se confronter encore un peu plus au statut quasi divin qu'on lui prête désormais, et cela pourrait jouer en sa défaveur...
Les décennies ont passé depuis le début du tome précédent, et avec elles tout un univers a évolué. Un univers où Imm, désormais, et notamment via le "Livre d'Hayase" et le Journal de Tonali qui ont laissé des traces de ses "exploits", est considéré comme un messager de Dieu par toute une frange de la population. Entamée dans le volume précédent, la thématique de la religion et du besoin des hommes de se forger des croyances en des êtres supérieurs se consolide alors ici, avec des gens demandant à Imm des "miracles", des écrits d'Hayase et de Tonali qui peuvent être considérés en quelque sorte comme les "évangiles" de ce monde... mais forcément, qui dit cela dit également conflits religieux, et c'est la principale menace qui se dessinera au fil de ce volume à travers Sailila, le grand prêtre de l'ordre Benett.
En renforçant cette thématique plus religieuse, il est intéressant de voir comment Yoshitoki Oima continue d'offrir une vision de ce qui fait l'être humain. Mais l'aspect religieux est à grande échelle, et heureusement la mangaka sait aussi, toujours aussi bien, aborder également l'humain à d'autres échelles, plus personnelles. Ainsi, ce volume continue notamment d'insister un peu plus sur le thème de l'amour, des sentiments amoureux, choses qu'Imm ignore complètement, mais qu'il doit désormais commencer à apprendre face à certains personnages. Oima parvient même à rendre cet aspect très actuel en jouant entre les sexes. On peut aussi retenir des sujets comme la mort ou le malheur, que l'autrice parvient à évoquer avec une certaine complexité dans la dernière partie du volume.
Face à tout ceci, Imm continue alors d'évoluer petit à petit, découvrant encore certaines nouvelles choses et cherchant des réponses à ses questions sur ce qu'il est, sur la raison de son existence, sur ses compagnons... mais il y a encore bien des choses qu'il ignore sur lui-même, et qui vont surtout se dévoiler à travers le personnage phare de ce nouveau tome et probablement de ce nouvel arc: le prince Bonshen, un homme pouvant sembler à la fois excentrique avec certains comportements étranges, égoïste dans certaines réactions, arrogant dans son désir de devenir Roi... et, en même temps, il affiche régulièrement plusieurs élans plus altruistes, bons, sincères, qui le rendent véritablement unique et assez intrigant. D'autant plus qu'il possède un pouvoir étonnant, qui donne lieu à quelques scènes assez poignantes, et qui révèle bel et bien une nouvelle chose sur le pouvoir d'Imm... Une chose que le "Noir" lui a pourtant toujours cachée jusqu'à présent, mais pourquoi ? Tandis que le "Noir" reste alors, encore et toujours, un individu assez ambigu, Bonshen, lui, est un homme assez étonnant que l'on suit avec beaucoup d'intérêt dans ses évolutions, ses décisions parfois bonnes parfois moins bonnes... Derrière son excentricité, c'est un personnage qui apparaît finalement humain, avec ce que ça peut avoir de bien ou de mal, et ce que ça implique d'interrogations personnelles, de remises en question...
La nouvelle partie de To Your Eternity est donc désormais bel et bien lancée. Et sous la narration assez claire et les dessins souvent savoureux (mention spéciale aux derniers chapitres qui offrent quelques bijoux de mise en scène) d'Oima, celle-ci se fait de plus en plus intéressante.