The Promised Neverland Vol.20 - Actualité manga
The Promised Neverland Vol.20 - Manga

The Promised Neverland Vol.20 : Critiques

Yakusoku no Neverland

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Octobre 2021

Chronique 2 :

La quête d'Emma et de ses compagnons était vouée à s'achever là où tout a commencé: la ferme de Grace Field House, où Peter Ratri s'est retranché en prenant en otage les enfants. Avec certaines aides comme celle d'Isabella, leur Maman devenue Mère-Grand, notre héroïne et les autres enfants sont parvenus à infiltrer l'"orphelinat", à mettre hors d'état de nuire les gardes-démons, et à libérer les otages, acculant ainsi Peter Ratri qui semble se dresser comme le dernier ennemi à abattre... à abattre ? Pas tout à fait, car Emma, fidèle à elle-même, a une vision des choses plus nuancées. Pendant ce temps, du côté des démons, la mort de la Reine Legravalima menace de plonger la société démoniaque dans le chaos, au grand dam de Mujika et de Sonju qui peinent à arranger les choses... du moins, jusqu'à l'irruption opportune d'un être que l'on croyait mort à Goldy Pond: le grand-Duc Leuvis. Son retour est-il un bon présage ?

Nous y voici donc: après 20 tomes (sans compter les spin-off tels que les romans), The Promised Neverland tire sa révérence, non sans avoir subi une petite baisse de qualité dans ses derniers volumes et plus spécifiquement dans le 19e opus qui souffrait de facilités et de raccourcis... Alors, l'oeuvre de Kaiu Shirai et de Posuka Demizu redresse-t-elle barre pour au moins sauver les meubles ? En réalité, dans le fond les deux auteurs parviennent à faire un petit peu mieux que ça.

Commençons toutefois par aborder la plus grosse limite de ce final: le cas de Leuvis, qui semblait réellement ressorti de nulle part à la fin du volume précédent, si bien que l'on attendait des explications solides sur sa survie. Eh bien de ce côté-là, lesdites explications ne le sont pas, Kaiu Shirai se contentant d'une énorme ficelle sortie du chapeau pour expliquer pourquoi il n'est pas mort, et esquissant à peine la façon dont il a pu se remettre en question. Un côté "deus ex machina" faisant tâche dans une série qui, pendant longtemps, comptait énormément sur sa construction scénaristique. Quant au discours du Grand-Duc, s'il agace un peu par sa manière de régler le chaos très facilement, il reste en revanche très intéressant dans les idées qu'il dégage, en soulignant notamment le besoin du peuple de penser par lui-même, de ne pas se reposer entièrement sur un monarque, car c'est aussi le peuple qui se doit d'agir pour faire avancer les choses ensemble.

Mais le plus gros reste toutefois à chercher du côté d'Emma et de ses compagnons, et de ce côté-là les auteurs procèdent en quelque sorte par étapes, afin de nous amener jusqu'à la conclusion.

La confrontation à Peter Ratri en début de tome prend une tournure satisfaisante, dans la mesure où Emma brille une nouvelle fois par la force de ses convictions, convictions qui l'ont menée jusque-là. Ce qu'elle propose à Peter Ratri, de façon pacifique sans pour autant pouvoir lui pardonner tout ce qu'il a fait, est dans la droite logique de tout ce qu'elle a déjà montré précédemment, notamment en refusant de tuer aveuglément les démons. Le désir de la jeune fille repose sur le désir de briser tout le système imposé il y a 1000 ans, ce système dont Peter Ratri n'est finalement qu'un engrenage, un jouet, lui aussi. Seulement, cet homme sera-t-il capable de se remettre en question ? pendant encore un petit moment, Peter Ratri apparaît surtout comme un méchant bien caricatural, jusqu'à ce que les mots d'Emma puis un petit focus sur son passé ne viennent nuancer assez bien le tableau.

Cette étape passée, c'est une autre grande figure de la série qui est mise à l'honneur, de façon facilement touchante: Isabella. A l'heure où Emma et ses jeunes compagnons affirment leur désir d'emmener aussi dans le monde humain ces adultes des fermes qui ont pu trahir leur confiance, la rédemption de leur Maman va passer par un acte que l'on voit venir mais qui est fort, en cristallisant assez bien son vrai fond: celle d'une femme, d'une mère qui aurait aimer pouvoir cajoler tous ces enfants dans des conditions bien différentes, mais qui n'avait d'autre choix que de se plier au système en essayant de garder pour elle son vrai ressenti.

Enfin, il y a la dernière ligne droite, assez maligne dans son genre, dès lors qu'arrive enfin l'heure de finaliser la promesse... même si une question subsiste alors: quelle est donc la nature de la récompense que l'être au nom imprononçable a demandée à Emma, au moment de conclure la promesse ? Il va de soi que, même si notre héroïne affirme que tout va bien se passer, un ultime problème aura lieu... ce qui permet non seulement de nuancer la fin en ne la rendant pas totalement heureuse (mais bel et bien ouverte sur l'espoir), mais aussi de cristalliser tout ce qu'Emma représente pour ses nombreux compagnons: dans la fin, c'est désormais à eux de tous voler à sa rescousse sans lâcher prise à aucun moment. Et cela met fort bien en exergue tout ce qu'Emma elle-même leur a appris en matière de détermination, mais aussi toutes les valeurs de cette attachante héroïne qui est allée au bout de son combat, de ses idées, de sa vision de choses.

A cela, il faut ajouter différents petits détails qui viennent tous consolider l'univers au final, que ces détails soient anecdotiques (par exemple, ce que devient Ayshe, personnage qui n'a finalement pas eu grand intérêt), plus intéressants (la confirmation du vrai lien entre Isabella et Ray, le rôle de Phil qui a veillé sur les enfants de l'orphelinat, la survie ou non de Chris...), symboliques (le pendentif, la discrète silhouette de la défunte Conny qui semble retenir Ray dans le dernier chapitre), ou même porteuses de messages sur les errances humaines (l'état de notre monde humain en 2047).

Alors, malgré certains nouveaux raccourcis toutefois moins prégnants que dans le tome 19, The Promised Neverland s'offre un dernier volume satisfaisant, où l'idée maîtresse de la série a très bien été respectée, et où il y a suffisamment de derniers moments forts et assez touchants pour ne jamais nous lâcher jusqu'à la fin de la lecture. C'est, globalement, la satisfaction qui domine une fois la dernière page tournée... mais il nous tarde déjà de lire le 4e roman de l'oeuvre, dont la sortie est prévue en France le 27 octobre, et qui pourrait constituer un véritable épilogue au vu de son pitch très prometteur.

Notons enfin que cet ultime volume, parallèlement à son édition standard, a joui, à son tour, d'un coffret collector en juin dernier. Dans un format assez luxueux similaire aux deux premiers coffrets collector de la série, celui-ci, en plus du tome 20 et du 3e roman, contient un nouveau marque-page métallique à l'effigie d'Emma et d'Isabella (toujours aussi joli et soigneusement illustré), ainsi que deux bracelets en caoutchouc reprenant les numéros de ces deux-mêmes personnages (un bonus qui, pour le coup, est plus cheap). Les suppléments sont peut-être légèrement moins satisfaisants que pour les deux premiers coffrets collector, mais quand on se dit que ledit coffret est vendu au même prix que les deux volumes séparés, difficile de faire la fine bouche ! D'autant plus que le coffret est vraiment superbement illustré, une nouvelle fois, par Posuka Demizu.


Chronique 1 :

Le pouvoir royal de la société des démons ayant été décimé, Emma et les siens prennent d'assaut Grace Field House, et parviennent à en reprendre le contrôle grâce au ralliement inespéré d'Isabella et des autres « Mamans » du centre d'élevage. Ayant voulu intervenir de lui-même, Peter Ratri est dos au mur, tandis que le retour soudain du Grand-Duc Leuvis pour calmer les foules permet d'établir un semblant de paix. Néanmoins, quel sera le dernier acte de l'héritier des Ratri ? La société des démons acceptera-t-elle un nouveau régime dans lequel la viande humaine est proscrite ? Et quelle contrepartie attend la Promesse faite par Emma ?

Ouvrir le dernier tome d'une série est une expérience toujours marquante, d'autant plus quand l’œuvre en question nous a accompagné durant plusieurs années, et a su nous étonner. Les départs de The Promised Neverland furent étonnants, rythmés et captivants par l'aventure, le mystère et l'action proposés. Malheureusement, les derniers tomes en date avaient de quoi refroidir : Les idées proposées étaient bonnes, mais malheureusement expédiées à grand renfort de facilités scénaristiques, d'où la déception du volume dix-neuf. La chronique de votre serviteur fut d'autant plus sévère, la note comprise, qu'il représentait une chute pour une œuvre autrefois maligne et captivante.

Alors, on redoutait cette fin, tout en espérant une petite justification des éléments décevants de l'opus précédent. Globalement, force est de constater que l'aboutissement du scénario de Kaiu Shirai sauve les meubles, ce qui ne veut pas dire que tout est parfait dans ce volume final.

Après avoir amené des chamboulements forts tels que le renversement de la société des démons et l'assaut sur Grace Field, on apprécie grandement que la finalité ne soit pas expédiée en deux tours de main. Bien au contraire, le scénariste prend un peu de temps pour présenter les répercussions de la révolte des jeunes humains, de détailler la question de la Promesse et de ses enjeux, tout en apportant quelques petits développements de personnages supplémentaires. On pense forcément à Peter Ratri, cet antagoniste manichéen au possible qui profite d'un approfondissement plus que bienvenu. C'est assez bref, mais les idées sont bonnes. On regrettera néanmoins que ces idées ne soient pas survenues en amont, ce qui aurait rendu l'adversaire plus pertinent. Malheureusement, difficile d'être aussi enthousiaste concernant le retour de Leuvis, l'ennemi de l'arc Goldy Pond voyant sa résurrection trop facilement justifiée, tandis qu'on ne saura jamais vraiment pourquoi et comment il a vu la lumière de la rédemption. Il faut s'y faire : Le retour du personnage n'est qu'un ressort scénaristique facile parmi tant d'autres. Enfin, impossible d'oublier le cas Isabella en terme de développement de personnage. Encore une fois, son traitement est prévisible, ce qui n'empêche pas son sort de nous toucher, en plus de résonner avec l'aboutissement des thèmes de l'histoire.

Car en parallèle à ces éléments mitigés, Kaiu Shirai parvient à proposer de bons tournants thématiques pour son final. Ainsi, The Promised Neverland achève son discours sur le cercle vicieux de la haine et de la guerre, avec plus de subtilité que ce qui a été vu précédemment dans la série. L'idéalisme d'Emma se voit ainsi nuancé et aboutit à une finalité satisfaisante : S'il n'est pas question de pardonner à nous bourreaux d'autrefois, il faut se tourner vers le futur pour corriger les erreurs du passé.

Et toujours dans une volonté d'équilibrer le final de la série, l'aboutissement de la Promesse amène aussi de micro surprises. Le scénariste nous piège même à ce sujet, faisant croire à un pétard mouillé avant de proposer un retournement de situation assez pertinent vis à vis de l'héroïne de l'histoire. On regrettera simplement tout le caractère nébuleux de cette entité suprême qui régit le monde des démons, un personnage totalement mystique qu'on ne peut cerner qu'à travers que quelques réactions. Il est toutefois indéniable que le choix de la contrepartie ne fera pas l'unanimité. Pourtant, il fait figure de bon compromis entre la volonté de proposer une conclusion douce sans pour autant être dans un utopisme peu crédible. Des choix sont donc faits et qu'ils plaisent ou non, ils nous pousse à réfléchir quant aux intentions d'écriture, d'autant plus que Kaiu Shirai confirme en postface qu'il avait bien des messages à transmettre à travers sa série. Ceux-ci ont le mérite de gagner un peu en force via cette fin.

Alors, le dernier tome de The Promised Neverland est un sursaut presque inespéré étant donné la dégringolade de l'opus précédent. Il faut évidemment accepté et avoir digérer les pirouettes scénaristiques bien trop simple du volume 19 pour adhérer à ce qui nous est proposé dans cet opus conclusif. Et malgré un arc final qui semble avoir précipité ses situations et quelques éléments de l'histoire qui auraient mérité plus d'approfondissements (le cas de la société humaine par exemple), on apprécie le point décisif apporté aux thématiques et certains moments d'écriture plus équilibré que ce qui a été proposé précédemment dans l'histoire. Le segment conclusif de The Promised Neverland n'aura certainement pas été à la hauteur des débuts, mais le dernier tome a pour mérite d'être globalement agréable et satisfaisant.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs